Chapitre 7

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"Aaaaaah!!!!"

Il faisait encore nuit, mais en me réveillant j'aperçus quelqu'un assit à ma fenêtre. Il faisait sombre mais la personne m'observait de l'extérieur. Bien sûr, quand je me suis mise à crier, personne ne se leva. Ils sont soit sourds, soit ils ont la flemme de me venir en aide.

Je fermai les yeux et la personne avait disparu. Je couru fermer la fenêtre puis une pensée me percuta.

On est à au moins 3 ou 4 mètres du sol, comment cette personne a pu monter,  - ouvrir ma fenêtre au passage car je suis certaine de l'avoir fermée - et puis redescendre sans se faire mal et aussi rapidement.

La rue était vide. Même les chats ne sortent pas. Le mouvement des vagues est calme, la lune est bien visible, aucun nuages ne la cache.

Bizarrement je pense à Mme Kahle.

"- Miss De Troyes, what is your father's name?
- His name is Benjamin.
- And your mother?
- I don't know..."

Pour ce qui ne parlent pas anglais, madame m'avait demandé le prénom de mes parents, mais je ne connaissais pas celui de ma mère. Je ne l'ai jamais su. Quand je l'ai dit, des rires ont résonné, la prof pensait que je me moquais d'elle.

"- Moquez vous de moi Miss De Troyes! On va voir si votre mère va rire elle aussi ce soir devant mon bureau!
- Ça risque pas... Avais-je murmuré.
- Je vous demande pardon?"

D'autres rires venait de retentir. Je ne trouvais pas ça drôle.

"- Je disais qu'elle ne viendra pas.
- Et pourquoi?
- Parce qu'elle est morte."

Les rires ont cessé, plus personne ne parlaient, on avait l'impression que chacun retenait sa respiration. Mme Kahle ne trouvait pas les mots, elle essayait de s'excuser mais je ne l'écoutais pas. Je sentais les regards apitoyés des élèves sur moi. Je n'en voulais pas! Je ne veux pas de leur pitié! Comme si j'en étais malheureuse... Je voulais leur dire que je m'en fichais, que j'ai pas assez connu ma mère pour avoir un souvenir d'elle.

Ma mère est morte quand j'avais quatre ans, elle travaillait beaucoup donc je n'avais pas beaucoup d'activités "mère-fille", nous n'avons pas de photos d'elle à la maison alors je ne me souviens même plus de son visage!

Voilà  ce que j'aurai dû leur dire, voilà ce que je pensais réellement à ce moment là, mais à la place, je me souviens avoir crier:

"- La ferme! Fermez-la! FER-MEZ-LA!"

Les regards ont doublés, les gens attendaient que je fonde en larmes - ce qui n'arriva pas - d'autres se disaient que j'étais devenue folle mais que j'avais pour excuse la mort de ma mère.

Je me couchai, haïssant très fort madame Kahle, oubliant ce que je venais de voir il n'y a pas longtemps.

Amanda De Troyes, 16 ans, blonde vénitienne, cheveux longs et bouclés, yeux marron, mesure 1m58. Si vous la voyez, veillez contacter ce numéro...

L'annonce était passée dans certain journaux.

Des journalistes interviewants des camarades de classes, mes professeurs, mon père, ma tante ainsi que Clarisse.

"- Avez-vous une idée de pourquoi Amanda s'est enfuie?"

Les réponses étaient diversifiées.

Clarisse: "Nous sommes très proches, je sais qu'elle avait pas mal de problèmes mais jamais je n'aurai cru qu'elle serait partie..."

Boris (mon binôme en Physique): "Nos discussions ne se résumaient qu'à nos cours de Sciences et puis c'était toujours elle qui finissait nos projets. Vous pensez que c'est à cause de ça?"

Tante Sara: "Ça va faire plus de 10 ans que je ne l'ai pas vu! Je sais juste que sa relation avec son père est assez tendue..."

Papa: "Nous avons eu une grosse dispute. Encore fois... Je suis quand même responsable, si j'avais été la plus souvent..."

Pathétique.

Je trouve ça pathétique!

Et ma tante qui revient par miracle "sous le coup de l'émotion"... Mon œil! Elle ne m'a envoyé que trois cartes pour noël ces dix dernières années, on a dû la menacer et la ramener de force pour venir ici à tous les coups.

Ça va faire quatre jours que je suis dans cette auberge et la gare est toujours fermée.

Bernard a tenu sa promesse, chaque matins, j'entends Françoise s'énerver, pensant que le facteur n'est pas passé.

Je n'ai pas revue cette fille dernièrement, mais des traces dans le sables et menant jusqu'à l'eau laissent penser qu'elle vient souvent.

Un moment j'en ai eu assez, je suis sortie, et plongée dans l'eau gelée encore habillée.

Le mouvement des vagues était puissant, j'ai manqué de me noyer à plusieurs reprises. Je nageais à en perdre la distance et quand je fus fatiguée, je remarquai que j'étais beaucoup trop loin du sable.

J'étais beaucoup trop épuisée pour refaire le trajet, le froid rongeait ma peau, mes vêtements, qui à cause de l'eau, m'enfonçaient, et le courant m'emportait.

J'étais paniquée. J'hurlais et priais que quelqu'un vienne me sauver. Je ne compte même plus le nombre de fois où j'ai bu la tasse. C'est à ce moment là que je me suis mise à regretter d'avoir arrêter la natation.

"Dans l'eau, on se fatigue plus vite qu'on le pense."
"Il faut toujours garder son calme si on veut rester à la surface."

Puis, alors que je sentis l'eau pénétrer mon corps et mes poumons peu à peu, je ne me débattais plus.

J'ai lu quelque part que quand on laisse l'eau entrer en nous, la peur disparaît, on entre dans un moment "d'euphorie".

Je me sentais légère... Si légère... J'en avais oublié mon nom, mon prénom, pourquoi j'ai plongé dans l'eau...

Et quand la fin approchais, quelqu'un m'attrapa sous l'eau, me plongeant dans les profondeurs de cette mer sans fin...

La fille des eauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant