Introduction - Rêve ?

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Malgré le brouhaha infernal qui persistait dans ma tête, brouillant ma conscience, je me risquai à ouvrir les yeux. Prit d'assaut par une horde de bruits inquiétants, tôles froissées et verre brisé, mon cerveau éprouvait des difficultés à s'y retrouver. Autour de moi régnait une chaleur étouffante mêlée d'une odeur de pneu cramé désagréable.

Pourquoi avais je donc si mal au crâne ? Les échos ne faisaient pas tout. D'ailleurs d'où venaient ils ?

Mes yeux peinaient à s'accoutumer à la fumée qui filtrait à travers l'habitacle de notre monospace familial.

Le monospace !

Je me trouvai dans la voiture ? J'étais affalé sur quoi alors ? Ça ressemblait à du béton... Un peu tiède et mou comme chauffé par une journée de canicule et rugueux contre ma joue...

Les souvenirs affluèrent soudain. C'est vrai... Il y a encore quelques minutes, mon père était en train de nous conduire ma sœur et moi quelque part...Mais...

Alors où étaient ils ? Je ne pouvais les percevoir dans cette atmosphère dense. Levant légèrement la tête du sol, je tendis l'oreille. Peine perdue. J'étais trop aveuglé par les échos du bruit de... De... L'accident ?

- Papa ! Chloé !

Ma vision se fit chaotique. Un mal de crâne subit me réduisit aussitôt au silence. OK. Ne surtout pas crier, enfin, essayer. Et ne surtout pas paniquer. Ils devaient se trouver dans la voiture... Comme moi... Non...Non pas comme moi... Ou... Enfin quelque part ! Je tournai la tête dans tous les sens, aussi rapidement qu'elle me le permettait, tentant d'apercevoir une vague forme humaine. Sans succès... Je toussais. Trop de fumée.

Par dépit, je décidai de me secouer et d'aller moi même les trouver. Mon front en proie à une souffrance atroce, je sentis une chaleur de plus en plus oppressante à mesure que je tentai de me relever. Pas de doutes, j'étais blessé. Je sentais le sang couler le long de ma tempe et je voyais maintenant très clairement que mon T-shirt en était imbibé au niveau de l'épaule gauche. Cette constatation étrange me figea. Je n'avais rien senti avant de découvrir que mon épaule était mal en point. Là ça faisait mal. Très mal. Mais je ne pouvais rien faire...

Réalisant un effort surhumain en basculant lentement mon douloureux visage vers ce qui me semblait être le ciel, je me mis à pleurer. Je hoquetais, les yeux dans le vague, mon nez prit par la puanteur carbonisée des environs. Mes oreilles toujours sourdes aux cris des oiseaux que je sentais passer au dessus de moi.

C'était un rêve hein ? J'allais me réveiller ? HEIN ?




J'allais mourir ?




- Allez ... C'est pas drôle là ! Merde quoi !!! VOUS ÊTES OU ? PAPA ? CHLOEE ?

Ignorant la douleur que me causaient mes plaintes vaines, je hurlai. De frustration, de peur, de désespoir, face tournée vers les cieux nimbés d'une lourde fumée opaque. N'y avait il donc personne pour m'entendre ? Me laissant aller à la panique, lui confiant ma survie non loin des restes cramés de ce qui avait été notre voiture, j'appelais au secours de toutes mes forces...

Mes cris semblèrent écraser ma conscience tant leur répercussion agressait mon pauvre squelette, faisant vibrer jusqu'au plus petit os en miette de mon épaule cette évidence sourde de mon abandon à la nature bestiale de l'homme. Alors que je me calmais enfin pour pouvoir reprendre mon souffle, affolé par la douleur qui semblait me scier en deux le front, je perçu derrière les sons de l'accident, qui emplissaient toujours ma tête, un faible râle ... Ignorant ce nouvel écho, je me concentrais sur ma respiration. L'atmosphère lourde ne m'aidait pas. Une fois régulière, je séchais mes larmes du bout des doigts en pensant vaguement que je me devais de me lever. Lentement je fis passer le bras de mon épaule blessée sous mon torse puisant la force nécessaire pour me soulever sur le bras droit.

Soudain, je m'arrêtai, les bras repliés, en appui sur les coudes, aux aguets. Il y a avait un autre bruit qui venait de sonner mes oreilles meurtries.

Une voix.

Une voix rauque de fumeur aux accents de souffrance. Appelant quelqu'un.

- Raaah...C'est t... Raph... Paaa... Raah...


Mon père.


Même six pieds sous terre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant