L'infirmerie

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Le rafleur se pencha au-dessus d'elle. Il lui chuchota avec un sourire pervers qu'il ne fallait pas s'en faire ... que la douleur allait disparaître avec la mort. Les regards désespérés de ses parents, suppliant d'épargner leur fille, ne faisait qu'accentuer la jouissance du rafleur.
"Petite sang de bourbe... que choisis-tu? Ta mère ou ton père?" Chantonna-t-il en dansant autour d'elle.
"Par... pitié" suffoqua Hermione.
"La petite sang de bourbe ne choisit ni l'un ni l'autre ... Maître?" s'écria le rafleur, se redressant de toute sa hauteur.
Le maître en question sortit de la pénombre, et se rapprocha d'Hermione le plus doucement possible. Il portait sur son visage, un masque noir qui le rendait plus terrifiant encore. La jeune femme connaissait les signes dessinés sur son masque, elle les avait déjà vu... Au ministère, quand ils recherchaient la prophétie. Ils furent soudain attaqués par des mangemorts, affûtés de ces lugubres masques. Arrivé à sa hauteur, il se pencha à son tour, et du bout de son ongle aiguisé comme un scalpel, lui scarifia une ligne transversale sur son visage. La douleur fut telle qu'Hermione ne pouvait s'empêcher de pleurer de plus belle. Elle détestait se montrer faible devant eux.
"Tant pis pour toi, la Sang de bourbe ..."
A ces mots il pointa sa baguette sur elle, et souffla l'un des sorts interdits "Imperium"
La Griffondor sentit soudain tous ces muscles de crisper. Aucun de ses membres n'esquissa le moindre geste. Elle entendit ses parents criaient son nom, mais son corps refusait de réagir de sa propre volonté.
"Lève-toi" entonna le Mangemort, fièrement.
Paniquée, Hermione s'efforça à ne pas lui obéir mais son corps ne lui appartenait plus. Elle se leva difficilement. Les yeux embrumés de larmes...
"Prend cette baguette" lui ordonna-t-il, d'une voix puissante.
Ce qu'elle fit de son bras m'acculé de sang. Malgré son masque, elle pouvait sentir son ennemi jouir de ce qu'il faisait.
Il laissa un moment, la jeune fille plantée devant lui. Hermione pouvait voir les tremblements de son corps sur sa baguette. Un profond désespoir s'installa en elle quand elle croisa son regard derrière son masque.
"Tue tes parents"
Dans un effort surhumain, elle s'empêcha de lever sa baguette... La douleur de son corps était intolérable, Mais elle réussit à tenir bon. Les mots "endoloris" arrivèrent à ses oreilles, mélangées aux cris de détresses de ces parents. Ne tenant plus, elle céda.
"TUE LES" répéta le Mangemorts, hystérique.
Hermione leva sa baguette vers eux, apeurée. Elle vit son père et sa mère lui sourire, à travers leurs larmes, une dernière fois...
Son estomac se tordit de plus belle. Cette volonté d'aller à l'encontre du sort, c'était envolée. Mais son désespoir lui était profondément encré en elle. Elle allait tuer ces parents ...
"Nous t'aimons, ma chérie" lui souffla son père.
"Avada... Kedavra"
"NON!"
Le corps en sueur, les crampes et la douleur de cses blessures ramena Hermione à la réalité. Ce souvenir revenait sans cesse la hanter depuis cet été. Elle eut du mal à reprendre son souffle et sa tête lui tournait terriblement....
Elle mit un moment à reprendre ses esprits... avant de se rendre compte qu'elle était à l'infirmerie, sur un lit de fortune.
"Enfin réveillée"
Hermione se redressa, affolée... sa baguette pointée sur Malefoy.
"Oh là, on se calme. On est en sécurité, c'est juste moi... Drago."
Après quelques secondes, elle baissa sa baguette, et reprit son souffle...
"Désolée"
Elle la rangea sur la table... et y trouva des tonnes de fleurs, de sucreries et des messages de soutiens.
"Tu as reçu beaucoup de visites, ça n'a pas arrêté depuis deux jours... je n'ai pas pu fermer l'œil" fit le Malefoy, faussement contrarié.
Hermione dévia son attention sur le Serpentard. Contrairement à elle, son coin table était totalement vide... pas de fleurs ni de messages, ni quoi que ce soit d'autre.
Celui-ci s'enfonça dans son lit et se tourna dos à elle.
Elle ne se souvenait plus du pourquoi elle était là mais en le regardant, une boule se forma dans son estomac. C'était plus fort qu'elle. Cette désagréable impression que c'était sa faute, si lui aussi se retrouver alité. Doucement, elle se leva en ignorant les tiraillements dans ses jambes, prit une pomme verte dans un panier garni et se dirigea vers son lit. Drago se redressa, la fixant avec étonnement.
"Qu'est-ce que tu fais? "
"Rien..."
Elle lui tendit la pomme.
Malefoy toisa le fruit, d'un air curieux.
"Va te recoucher" lui lâcha, nonchalant Drago, après lui avoir prit la pomme des mains.
"Hum..."
Mais au lieu d'obéir, elle s'assit à côté de son lit. Ils se regardèrent un moment en silence. Il fut le premier à le briser.
"Eh bien... Potter ne sera plus le seul balafré de la bande"
A ces mots, le jeune homme vit la Griffondor se décomposer... elle prit le miroir sur la table de chevet et s'y fixa un long moment.
Le sortilège ne faisait plus effet. On voyait nettement la marque qui barrait son visage. Celui du Mangemort.
Du bout des doigts, elle la suivit du coin de sa pommette en passant sur son nez pour finir de l'autre côté....
D'un coup, des flashs flous de souvenirs l'assaillirent. Elle, suivant Malefoy, leur combat, la baguette de celui-ci pointant sur elle.... puis plus rien.
"Je ... je me souviens... Que s'est-il passé ?..."
"..."
"Malefoy... "
La jeune femme paniqua malgré elle. Elle tenait fermement le Serpentard par le bras et l'avait attiré vers elle. Lui cependant, n'avait pas l'air inquiet, il pouvait sentir le cœur de la lionne battre au bout de ses doigts, ce qui faisait contraste sur son calme apparent.
"Blaise nous a attaqué, il t'a visé de plein fouet ce qui a fait apparaître et même ré ouvert certaine de tes cicatrices.... tu étais inconsciente... à partir de là, j'ai essayé de parler avec Blaise mais il m'as attaqué... Potter et Weasley sont arrivés à ce moment... ils t'ont vu par terre inerte... Ton ami Ron m'as sauté dessus et m'as salement amoché en pensant que c'était moi qui t'avait mis dans cet état. C'est là que McGonagal est arrivée avec le professeur Rogue et Iris. Ils nous ont emmenés ici... tu es resté inconsciente deux jours" déblatéra-t-il d'une traite.
Hermione prit le temps d'assimiler les informations, tout en maintenant le Serpentard.
"Les cicatrices... "
"Mcgonagal nous a tout raconter, la coupa Drago... j'ai cru que Potter et Weasley allaient tourner de l'œil..."
A la vue du visage horrifié d'Hermione, Malefoy reprit.
"McGonagal nous a fait promettre de garder ça pour nous ...".
Le silence s'installa entre eux, mais le regard de la Griffondor en disait long ... Elle n'avait décidément, plus rien à voir avec l'ancienne Hermione qu'il avait pu connaître. Enfin pour le peu qu'il connaissait d'elle. Il avait eu tort sur toute la ligne, cette fille était loin d'être la petite prétentieuse qu'il aimait mépriser. Mais le fait est qu'il ne pouvait plus nier les faits. Là encore, il ressentait la même douleur quand il se tenait près d'elle. Les mêmes émotions qu'il avait refoulés toutes ces années.
"Gran... je suis désolé...." bafouilla-t-il, laissant en suspens sa main au-dessus de la sienne, avant de la reposer sur sa jambe.
"Ça ne change rien d'être désolé" Fit elle en s'écartant de Drago, résignée.
Celui-ci ne savait que répondre. En effet, elle avait raison, ça ne changeait rien. Il ne savait même pas pour quels raisons il s'excusait. Les années de harcèlements, son meurtre raté, les lettres et peut-être même le baiser?
Hermione lui lâcha enfin le bras.
"Pourquoi ne m'as-tu pas tuée?" Lâcha-t-elle.
Drago eut un mouvement de recul. Il espérait secrètement qu'elle ne pose pas cette question. Mais la réponse lui venue comme une évidence comme la première fois.
"Je te l'ai dit... Parce que je ... je ne suis pas un meurtrier"
Hermione ne releva sa réponse. Elle se leva pour aller rejoindre son lit sans un mot, mais Drago, la retint par la manche. C'était plus fort que lui...
"Tu ... on..."
Aucun mot ne vain. Dans son esprit, c'était pourtant clair. Il voulait savoir si ce qu'il avait ressenti quand il l'avait embrassée, était réciproque. Une partie de lui voulait tellement que ce soit le cas. Il sentait son cœur battre à tout rompre, son estomac se nouer. Pourquoi elle ne lui en avait-elle pas parlé? S'en souvenait-elle seulement? Pourquoi se mettait-il dans cet état? Il déglutit.
Les deux préfets restèrent immobiles, à se regarder. Elle attendait... Le Serpentard sentit sa frustration monter en crescendo. Leur baiser revint dans son esprit pour la énième fois depuis deux jours avec toujours la même impression de son cœur tombant dans l'estomac.
"Non... rien" lâcha-t-il, enfin.
Sur ce, la Griffondor se dégagea de l'emprise de celui-ci et retourna dans son lit. Elle ignora la désagréable sensation des battements de ses veines contre les tempes, et tenta de s'endormir... en vain.

Sang De Bourbe (en réécriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant