P R O L O G U E

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Nous avons tous une vie que l'on croit absolument passionnante, dramatique et tous les autres mots de ce genre-là. Imbus de nous - même, incapables de saisir une vérité qui nous échappe et que pour la plupart d'entre nous, nous ne toucherons jamais du doigt. Nous nous battons pour des causes perdues d'avance, ces causes qui nous font vibrer, pauvres humains que nous sommes. Nous courons, sans nous arrêter, cessant un peu plus à chaque pas de penser à respirer. Il est faux de penser que cet acte est un réflexe. Respirer, c'est survivre. Survivre. Encore et encore. Dès que cette malheureuse vérité est assimilée, la vie change puisqu'elle devient une lutte.
Seulement, l'espèce humaine englobe toutes ces personnalités, ces caractères, ces physiques. Ces différences.
Sommes-nous tous fait pour être des combattants ?

Nous sommes chacun dans notre bulle, de désespoir pour les plus malchanceux, d'amour pour les autres. Bien qu'on ne puisse évidemment pas diviser le monde en deux catégories, cela va sans dire car il existe tout un tas de sentiments et d'émotions qu'un humain peut ressentir. Est-ce la force de l'Homme ou sa faiblesse ? Je n'en ai absolument aucune idée.

Les plus positifs diront que rien est impossible, du moment qu'on y met sa force. Sa détermination.

Au risque de passer pour une emmerdeuse, je vous contrarierais, car la vie n'est pas un roman. Cessez de rêver. Regardez le ciel. Constatez l'immensité de l'univers, le nombre d'étoiles que nous ne verrons jamais que comme de simples points lumineux. Nous sommes minuscules. Plus petit et plus insignifiant encore qu'un grain de poussière. Notre existence ne représente rien car qui sera là dans mille ans pour s'en rappeler et applaudir nos réussites ? Rien n'est impossible, dites cela à tous ces gens qui meurent chaque jour. Qui oublient qu'ils sont nés humains pour devenir des bêtes.
Et puis, si par chez vous, les nuages obstruent l'immensité, dites-vous que vous avez bien de la chance car vous évitez là une cruelle remise en question. Fuyez.

Nos vies sont superficielles et par un lien qui se fait de lui - même, nous le sommes aussi. Pourquoi ? C'est notre nature. Comme le scorpion ne peut s'empêcher de piquer, nous ne pouvons cesser de survivre, toujours ce joli mot, respirant chaque goulée d'air avec avidité sans en payer le prix. C'est impossible. L'immortalité n'est pas un cadeau. Et n'existe pas, jusqu'à nouvel ordre.
Mais, comme chacun sait, le monde est injuste. Certains naîtront riches et beaux, d'autres n'auront pour eux que le travail afin de réussir. Et ne faites pas semblant que ce dernier critère ne compte pas, à moins d'accepter de passer pour un très, très gros menteur. Doublé d'un hypocrite.
La beauté n'a jamais été aussi importante et, bien qu'elle soit subjective, je ne le nie pas, elle est la première chose que l'on observe.
Au risque d'être pessimiste, j'ajouterai que les contacts humains ne sont qu'une suite sans fin de jugements et de comparaisons. Suis-je mieux ? Pire ? Une supplication silencieuse d'un compliment, d'une attention.

Et à tous les types d'humains qui ne sont absolument pas concernés, sachez que vous devez être extrêmement bien dans votre peau. Félicitations ?

Je ne crois en pas grand-chose à vrai dire. J'aimerais, je rêverais comme n'importe qui je pense, que le Paradis existe mais le fait est que je ne peux pas. Pour moi, la mort n'est qu'un sommeil éternel. Je comprends ceux que cette idée ne satisfait pas. Elle est peut-être vraie, ou peut-être pas, mais dans tous les cas, elle n'a rien de particulièrement réjouissante. Personne n'a envie de se dire qu'il passera tout le temps qu'il continuera de se passer avant la fin, qui arrivera quoi qu'il advienne, dans le noir complet. Sans personne, sans rêves, sans cauchemars.

Une personne comme moi, qui passe son temps, si précieux soit-il, à réfléchir à diverses questions sans réponses se sent soit extrêmement seule, soit extrêmement intelligente.
Seule parce que quand nous sommes seuls, nous n'avons rien de mieux à faire.
Intelligente parce que toute personne extrêmement intelligente se sent le besoin de réfléchir à ce genre de choses. Afin de se sentir encore plus intelligente, cela va se soit.

Si quelqu'un se demande à laquelle de ces catégories j'appartiens, je répondrais que je l'ignore. Je me sens seule, ça ne fait aucun doute, je le sais parce que je n'aime pas la compagnie des autres. Sauf que j'aime également penser ce genre de choses car j'aime à me dire que peu de personnes y pensent et que cela creuse le fossé déjà profond entre elles et moi. Ce qui ne signifie pas forcément que je sois d'une intelligence exceptionnelle. J'aime sans doute juste songer à ce que je ne saurai jamais. Être différente vous voyez.

Je m'appelle Eden. Comme le jardin oui. Là où tout a commencé.
Pour moi, c'est plutôt là où l'ennui a laissé place au même ennui mais en plus douloureux. On se morfond exactement de la même manière chez nous que chez Lui mais en souffrant plus depuis qu'Eve a mordu dans la pomme.


Parce que maintenant on aime, on pleure, on crie, on sourit, on meurt. On vit.

Jusqu'à maintenant, j'avais de sérieux doutes sur la théorie du destin. Vous voyez, du genre nous sommes nés pour accomplir telle ou telle chose. Par exemple, Nelson Mandela et sa lutte contre l'apartheid. Était-ce écrit ? Ou est-ce qu'il​ avait juste un courage et une détermination supérieure à la moyenne ?

Ses questions, on me les a posés il y a peu, lorsque j'étais une Eden inutile et inintéressante. J'ignore toujours la réponse.

Tout a changé depuis. En un an, ma vie a été totalement bouleversée. Mon esprit m'a valu plus de problèmes que de solutions.

Mais je suis enfin devenue celle que j'ai toujours voulue être.

Indépendante.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 21, 2017 ⏰

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La Pomme D'EdenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant