POINT DE VUE D'ELEANOR
Une fois rentrée chez moi, je m'étais allongée sur mon lit et je pris du temps pour réfléchir. J'avais notamment refait le cours de ma soirée. Celle-ci s'était vraiment très bien déroulée, j'avais apprécié chacun de ces instants passés en compagnie d'Antoine. Seulement, je ne pouvais, maintenant, m'empêcher d'être hantée par une culpabilité déchirante. J'avais l'impression d'avoir trahi Hugo et sa mémoire, de m'être sentie bien trop tôt, de ne pas avoir assez pensé à lui. C'est vrai qu'avant d'accepter je l'avais imaginé fier et heureux pour moi. Mais, à présent, je n'en étais plus si sûre... Je l'imaginais déçu, triste, comme si un poids de plus se rajoutait sur ses épaules. Je confondais peut-être tout, mais un sentiment de regret grandissait en moi et me déchirait le cœur.
*
Ce matin, je ne m'étais levée que pour le rendez chez la psy. Je n'avais pas vraiment dormi mais pourtant j'étais restée au lit sans rien faire. Cependant, je ne pouvais pas manquer à mes devoirs une fois de plus. Je m'étais donc habillée pour ce fichu rendez-vous et partit, sans motivation aucune, à son cabinet.
*
- Vous êtes sortie récemment ?
- Je suis allée au restaurant hier.
- Seule ?
- Non.
- Vous avez passé un bon moment ?
- Oui ça pouvait aller.
- N'avez-vous donc pas l'impression d'avancer ?
- Non pas tellement mais bon.
Je repris ma respiration et souffla un grand coup. Après tout, j'étais là pour me confier alors autant lui dire la vérité.
- J'aurais sûrement l'impression d'avancer, le jour où j'arrêterai d'espérer être au restaurant avec mon mari au lieu d'y être avec qui que ce soit d'autres.
- Depuis combien de temps étiez-vous mariés ?
- Depuis 4ans.
- Pourquoi vous êtes-vous mariés aussi rapidement ?
- Ce n'était pas rapidement. Nous étions tous les deux jeunes mais ce n'était pas rapidement.
Je fermai les yeux un instant et repris.
- Je l'ai rencontré quand j'avais 17ans. Enfin non, j'avais 17ans et 10 mois environ. Pendant 2 mois nous avons parlé, beaucoup parlé et puis le jour de mes 18 ans on s'est embrassé pour la première fois. C'est à partir de ce jour que nous sommes véritablement sortis ensemble. Un peu plus d'un an plus tard on a tous les deux déménagé à Madrid et 2 ans plus tard on s'est mariés. J'avais 21 ans. Alors oui j'étais jeune, mais on était en couple depuis plus de 3ans, alors ce n'était pas rapidement.
Je m'arrêtai un instant, les larmes me montant aux yeux. Même si je ne dévoilais que très peu de notre histoire, les souvenirs me revenaient en flèches. Je tentai néanmoins de reprendre, tant bien que mal.
- En fait, j'ai toujours voulu me marier jeune, et Hugo le savait. Mon père est mort tôt, et j'en ai souffert, en tant qu'enfant qui perd son papa mais j'ai aussi vu ma mère souffrir, en tant qu'épouse qui perd son mari. J'ai beaucoup souffert aussi de voir ma mère, seule, veuve, sans l'amour de sa vie. Et je pense qu'elle n'a pas seulement souffert de sa mort, je crois qu'elle a eu l'impression de ne pas avoir assez vécu. Avec lui, du moins. Ils n'ont pas assez ri, chanté, dansé, été en concert ou au cinéma, elle n'a pas assez dit « Voici, mon mari », elle ne lui a pas assez dit « je t'aime ». Et ça me m'effrayait, à vrai dire, je crois qu'aujourd'hui ça m'effraie encore. Je ne voulais pas avoir l'impression de ne pas avoir assez profité, moi aussi. Et aujourd'hui, surtout aujourd'hui en fait, dis-je en baissant la tête, je ne regrette pas de tout. J'ai eu quelques années de plus pour dire qu'Hugo Moreno, l'homme le plus merveilleux au monde, était mon mari. Et ceci n'a pas de prix.
Je n'arrivai pas à croire que j'avais déballé tant de choses. J'avais non seulement parler d'Hugo mais également de mon père. Cela me semblait surréaliste. Les larmes déferlaient sur mes joues et ma psy reprit la parole.
- Vous avez bien fait alors.
Je le crois moi aussi.
- En toute franchise, je suis assez fière de vous aujourd'hui. Vous vous êtes confiée et c'est un grand pas en avant.
- Merci.
- Nous en avons fini pour aujourd'hui, nous nous revoyons dans trois jours alors. Bonne journée Madame Moreno.
Mon hautaineté reprit le dessus et je ne lui répondis pas. J'étais concentrée en réalité. Concentrée sur ce que j'allais lui dire. En effet, lorsque j'eus fini de parler, j'avais réalisé que je devais absolument voir une personne. Cela m'était vital.
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Me revoilààààà!
J'espère que ce chapitre vous plait, Eleanor qui commence peu à peu à se confier.. Qu'en pensez vous ? A votre avis qui va-t-elle voir ?
Merci pour les vues ça me touche beaucoup ! xx
Des bisous (:
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SAVE ME [ag]
Romance« Toutes mes condoléances », « Nous pensons tous très fort à toi », « Sois forte », « Il doit veiller sur toi maintenant » ... Toutes ces phrases toutes faites résonnaient dans le vide de ma tête, je ne comprenais pas l'intérêt de les sortir. Se don...