La Ville d'Origine

Prologue

« Regarde ce que j'ai pu attraper, la Fantôme. »

Je lève la tête. Annie, ravie, tire derrière elle avec difficulté un cadavre de jeune chevreuil. Lâchant mon installation, je pars l'aider à traîner l'animal jusqu'à notre campement de fortune en jubilant intérieurement : nous allons avoir de la viande pour plusieurs jours. Je sors mon couteau, légèrement rouillé à cause de l'humidité, et commence à dépecer la bête tandis qu'Annie part s'allonger dans l'herbe, prenant un repos mérité après presque deux heures de chasse.

Mes mouvements sont quasi automatiques : découper la peau au niveau des articulations, la faire glisser afin d'obtenir les zones de viande comestibles... Notre mode de vie pourrait être comparé aux premiers hommes qui vivaient ici, avant l'invention des technologies modernes.

Quelques heures plus tard, nous reprenons notre route.

Cela va faire presque cinq mois que nous avons quitté Shiganshina. Cinq mois. Je ne sais par quel miracle nous avons survécu si longtemps. Plusieurs facteurs ont joué en notre faveur, en particulier un : les Titans. Hanji serait prête à tout donner pour savoir ce que nous avons découvert il y a quelques semaines, une découverte qui nous a sauvé la vie. Le monde extérieur est bien plus mystérieux et complexe que ce que j'imaginais. Finalement, quand on y pense, les livres de la bibliothèque sont extrêmement superficiels en ce qui en concerne les informations.

Lorsque nous sommes sorties des murs, Annie est restée sous sa forme Titanesque pendant la journée entière et a commencé à partir vers le Sud, contournant, je crois, le Mur Maria. Je ne sais pas combien de kilomètres nous avons parcouru ce jour là. En tout cas, lorsque la nuit est tombée et que je l'ai sortie de son Titan, nous ne voyions même plus au lointain un quelconque indice de la présence des murs. Annie, exténuée, a dormi dans la carcasse tandis que je montais la garde dehors, 3DM en main.

A ce moment là, je n'avais qu'une idée en tête : fuir. Fuir ma situation de criminelle, fuir le combat que menait mes amis contre Reiner et Berthold, fuir le passé. Le monde extérieur était si vaste, si mystérieux, j'étais si impatiente de le découvrir.

Seulement, tout n'était pas si simple. Le lendemain, Annie m'a annoncé que la Ville d'Origine se trouvait à l'Est. Je suis tombée des nues : c'était l'unique information qu'elle avait sur la localisation du lieu. Et en plus de cela, elle avait l'impression qu'en restant longtemps sous sa forme de Titan, elle perdait le contrôle et semblait fusionner avec celui-ci. Mon excitation est très vite retombée. Alors nous avons marché, marché et marché pendant plusieurs semaines.

Je sors de mes pensées en voyant Annie se figer. Devant nous, en contrebas dans la vallée, une fumée épaisse provenant d'un feu de bois s'élève dans les airs. Puis quelques mètres plus loin, un campement où s'agitent des silhouettes. Des silhouettes humaines. Annie et moi sommes pétrifiées. J'enfonce mon ongle dans la cicatrice sur ma main gauche pour vérifier, mais ce n'est ni un rêve, ni une hallucination : il y a bel et bien de la vie à l'extérieur des murs.

L'humanité ne s'est effectivement pas entièrement éteinte lors de l'apparition des Titans et la population des Murs ne rassemble pas les derniers survivants.

Alors que nous nous dirigeons vers la forêt qui surplombe le val, un mélange de joie, de peur, et d'excitation s'empare de mon être. Annie avait raison. La vision de ces humains nous redonne un élan d'espoir : la Ville d'Origine ne doit plus être loin maintenant. Nous touchons enfin au but, après des mois à errer dans la nature. Mais...qu'est ce que l'on va découvrir là-bas ?