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Quatre jours plus tard.

Les maisons de Shiganshina sont toutes recouvertes d'une multitude de fleurs. Dans les rues, des banderoles colorées ont été hissées et les enfants, n'ayant nullement conscience des évènements passés, jouent à la marelle dans des éclats de rires. Les habitants du Mur Maria ne semblent pas avoir mal vécu leur courte évacuation vers les murs intérieurs. Désormais, c'est la paix qui est célébrée dans tous les recoins de la Ville des trois murs.

Après la bataille, Irène Blancrin a été élue porte-parole du Conseil de la Ville du Nord et c'est ainsi qu'elle et Historia Reiss ont effectué des pourparlers : elles ont réussi à mettre en place un accord officiel garantissant la bonne entente et l'équité entre les deux villes. Dans les conditions, la construction d'une ligne ferroviaire financée à hauteur de 50% par chacun des gouvernements, dans le but de permettre des échanges commerciaux et ainsi créer une économie externe. Aussi, l'interdiction d'utiliser à nouveau le sérum et l'aide des Schifters restants de la ville du Nord pour éliminer les Titans menaçant notre foyer. Les Titans pacifiques resteront en vie, mais plus personne ne pourra hériter de leur pouvoir. Karl, Annie, Eren et les autres seront la dernière génération existante de Titans Schifters.

J'ai pu apprendre grâce à une lettre d'Elias que, dès leur retour, les membres du Conseil ont réformé la politique de la ville du Nord pour mettre en place un régime oublié depuis longtemps : une démocratie, où le peuple élit ses représentants. Sans surprise, Irène Blancrin a emporté le rôle de représentante principale. Dans une note de bas de page, Hélène m'a gentiment demandé de revenir très vite sans quoi ils viendraient tous, et surtout Louise, directement ici pour me tirer les oreilles.

Pour notre ville, la situation est bien différente. Les états-majors de l'armée des Murs ont tenté de profiter de la situation de crise pour renverser le pouvoir en place, mais leur trahison aura été bien vite maîtrisée. Finalement, tout redevient presque comme avant. Bien que notre reine ait failli provoquer un fiasco total lors de la bataille, le peuple l'adore toujours autant et elle a donc conservé sa place sur le trône. Et surtout, les derniers évènements semblent lui avoir servit de leçon. Je soupçonne que le retour d'Ymir a joué sur ses récentes décisions : des excuses envers les soldats et sa volonté de revenir aux anciens corps d'armée. Le conseil des états-majors de la reine a repris son ancienne forme, donnant un siège à un représentant choisi par chaque corps d'armée, le peuple, et la religion.
Annie et moi avons été jugées en vitesse suite à tout cela, reconnues coupables de meurtre, mais avec des circonstances atténuantes du fait que nous étions mineures, mais également pour notre implication ultérieure, cruciale pour la survie de notre Ville. Nous devons officiellement purger une peine de cinq ans de travaux surveillés au service de l'Humanité. Officieusement, nos surveillants seront la major Zoë et le nouvellement promu major Arlertt; je doute qu'ils nous laisseront les menottes aux poignets pendant ces cinq années.

Je sors de mes pensées lorsqu'une calèche s'arrête devant moi. Les deux gardes effectuant ma surveillance font l'ancien salut militaire quand ils voient Armin et Hanji en sortir, suivis de Karl et Annie, eux aussi surveillés de près. Nous nous retrouvons tous les trois dans une étreinte fraternelle qui me réchauffe le cœur tout comme m'emplit de tristesse. Annie se sépare de nous, mais je reste un moment dans les bras de mon ami. C'est le temps des au revoir.

Sa famille est ailleurs. Elias, Hélène et Louise ont besoin de lui, là-bas. Et puis, il doit y retourner pour assumer ses fonctions. Sans qu'il ne se soit présenté, le peuple l'a élu comme représentant de la culture de la ville. Lui qui aimait le contact avec les citoyens, le fait de leur partager ses savoirs et de les inciter à développer leur curiosité, ce rôle ne pouvait pas mieux lui aller.

Je profite une dernière fois du sentiment de sécurité et de bienveillance que me provoque l'étreinte de Karl. Ses cheveux auburn me chatouillent la joue et ma tête vient instinctivement se caler contre son cou. Au bout d'un moment, c'est lui qui se détache doucement de moi : il faut qu'il parte maintenant. Je recule avec un petit sourire aux lèvres qui ne fait que masquer mon envie de pleurer. Il le comprend instantanément puisqu'il pose me doucement une main rassurante sur la joue, murmurant :

La Ville d'OrigineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant