Chapitre 3 : Nouvel air.

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« Le monde défile autour de moi, et je reste ainsi figé, il passe alors que je reste inerte. Je ne le comprends plus, je me rends compte de la différence importante entre la manière dont on voit une chose et celle dont elle est vraiment. Les fleurs fanent quand j'essaie de comprendre pourquoi elles vivent, plus je m'approche, plus les choses s'envolent, meurent.
Je suis de l'avis de ceux qui pensent que tout est écrit. Mais dans cette histoire macabre, une page a été brûlée. Et cette page, c'est la mienne. »

La lune piqua l'horizon en une lumière écarlate. L'aube se leva et une tête blonde contempla la scène, appuyé sur le rebord de la fenêtre ouverte. La rosée du matin avait donné un coup de fouet à son air fatigué qui avait laissé place à l'envie de se retrouver. Il vit les mêmes visages défilés, reçut les mêmes paroles qu'on envoie par dessus l'épaule à quelqu'un de souffrant, la même hypocrisie lynchante qui vous fait grincer des dents, les mêmes gens, tout simplement.
Naruto n'avait pas seulement envie de se souvenir, il avait aussi envie de comprendre pourquoi il était ainsi.
Au final : qui était-il ? Qui étaient ses amis qu'il méprisait tant ? Pourquoi avait-il un poids sur la conscience ?
Il n'avait envie de voir personne ce jour là, et le soir approcha à grand pas alors que la journée avait été étincelante. Il s'entraîna à marcher un peu avant que la lune ne refasse surface dans le ciel mais en vain, il ne parvenait pas à mettre un pied devant l'autre. Même lorsqu'il s'écroulait sur le plancher, il se retrouvait dans son lit le lendemain matin, comme si que quelqu'un l'observait, veillait sur lui. Mais ce soir là, il retourna gentiment dans son lit dont les draps étaient imprégnés d'un parfum qu'il connaissait. Et le lendemain, la boucle se répéta.

Les jours passèrent alors que doucement, les choses se remettaient en place : Tsunade avançait rapidement sur le remède, les amis d'avant passaient régulièrement voir le blond qui se forçait à sourire alors qu'à l'intérieur, il ne ressentait presque rien. La vie avait repris son cours normal dans les rues.
Assis sur son lit d'hôpital, il soupira enfin.

« -Mes jambes suivent de nouveau le mouvement de mes pas... je peux enfin partir. »

Il se souvint alors des paroles de l'Hokage et arbora un large sourire.
"Naruto... tu n'es pas encore prêt à sortir. Il y a d'abord des choses que tu dois savoir."
Peu lui importait car à cet instant, il ne pensait plus qu'à être dehors. Il voulait juste s'en sortir par lui même, redécouvrir le monde dans lequel il était apparemment si bien. Il voulait revivre. Apprendre, courir, sentir le vent griffait ses joues, l'herbe sous ses pieds, le vertige des hauteurs, le courant de l'eau glacée l'emportait ; c'était un enfant à la merci de la nature humaine.
Le crépuscule eut raison de la vigilance de tous et le jeune homme profita d'un faible courant d'air pour partir en toute discrétion.
Le premier réflexe qu'il eut était de s'élever sur le plus haut point de Konoha et de contemplait la vue qui s'offrait à lui. Des petites étincelles flottaient sous ses pieds, les lumières qui éclairaient le village étincelaient sous ses yeux ébahis.

« -Je... suis dehors ! »

Il regardait partout tel un oiseau sorti d'une cage durant des années. Il sautait, courait, criait en traversant à toute allure les rues illuminées de son village natal. Il gagna la forêt et frôlait le sol de ses pieds nus, sans trop savoir où il allait, juste un sentiment de liberté le guider à travers les feuillages, et le vent faisait flotter ses cheveux blonds dans l'air frais d'un début d'automne. Il arriva devant un lac aux reflets d'argents. C'était la pleine lune.
Le jeune ninja à peine vêtu d'un short et d'un tee-shirt frissonna au contact de cette eau glacée. Il resta immobile un moment devant son reflet.

« -Qui... ? Qui suis-je ? Est-ce que ça a de l'importance au final ? Est-ce qu'on se soucie réellement de moi ? »

Un nuage passa devant la lune, réduisant ainsi la luminosité de la scène au minimum.
Un bruissement attira son attention derrière lui et resta attentif aux branches qui avaient bougé. Lorsqu'il se retourna en soupirant vers le lac, il trouva de l'autre côté de la rive une silhouette tapis dans l'ombre. Elle était assise sur une branche, les bras croisés, le dos appuyé contre le tronc de l'arbre.

Dear MemoriesWhere stories live. Discover now