Différence

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"Tu sais, parfois la vie... n'offre pas les mêmes choses à certains enfants. Tu fais partit de ceux là, mais c'est pas pour autant que tu n'a pas droit au bonheur, expliqua lentement Caroline, ma psychologue.

- Quand la vie empêche certains enfant d'être heureux, parce qu'il est différent, elle devrait savoir que ça aura un impact conséquent, rétorquais-je sans réfléchir.

- Tu as deux solutions, soit tu t'adapte, soit tu te laisse submerger par la haine et la peine. Entre nous, depuis le temps que je te suis, je sais que tu préfère le premier choix.

- S'adapter, c'est compliqué, répliquais-je douloureusement, laissant mon passé s'exprimer. Surtout lorsque le rejet est omniprésent. On n'y peut rien, c'est notre nature, et pourtant, on nous regarde avec cet air hautain si méprisant.

- Je comprends, se confia la jeune femme. Ce n'est pas pour autant que tout le monde te rejette. Il y a parfois des gens, qui, pour intégrer un groupe, se fonde dans le moule. On les remarque à leurs expressions, leurs visages. Ils sont souvent plus en retrait, et beaucoup moins enthousiaste à l'idée d'humilier, ou plus simplement, de rejeter.

- Pourquoi intégrer un groupe, si c'est pour faire ce que l'on déteste, demandais-je, étonné.

- Pour les mêmes raisons qui pourrait te pousser à faire de même : Être aimer. Même s'ils ne sont pas aimer pour les bonnes raisons, c'est à dire : pour ce qu'ils sont.

- Je préfère être seul plutôt que de blesser quelqu'un, conclus-je sans l'ombre d'une hésitation, froissé par l'idée de pouvoir agir d'une telle manière.

- C'est ce qui fait de toi quelqu'un d'unique, avec des valeurs et des principes qui te sont cher. Si ces individus préfère renier leurs idéaux au profit d'un groupe, il ne faut pas non plus les en blâmer. Leurs histoires sont toutes différentes et parfois moins stupide que ce que tu pourrais penser, m'expliqua Caroline."


La suite de la séance se déroula comme toutes les autres. On essayait de trouver des solutions quant à mes problèmes, des solutions qui ne fonctionnaient, à vrai dire, quasiment jamais. Il fallait avouer que je ne me sentais pas en phase avec les élèves de mon lycée. Sur les réseaux sociaux, les seuls personnes avec lesquelles je m'entendais, étaient bien plus âgés que moi.

Eux, au moins, ne pensaient pas qu'au sexe et aux filles. Ils étaient intéressant et étaient passionnés, comme moi, par la technologie, l'art ou bien l'histoire. On pouvait en parler des heures durant, sans aucun problème de compréhension. Mon vocabulaire était suffisamment étoffé pour tromper mon âge et mes connaissances dans ces domaines suffisaient à les convaincre que j'étais intéressant.


Comme le disait ma psy, mes centres d'intérêts n'étaient pas forcément compatible avec mes camarades, trop poussé, trop sérieux aussi. Au lieux de jouer aux jeux vidéos, bien que je m'accordais quelques sessions, j'écrivais. Au lieux du rap, du rock ou de la pop, je privilégiais du classique, ou du jazz. Au delà de ce décalage, les relations sociales étaient un vrai mystère. Ma façon de parler trahissait mon assurance et mon langage non verbal transpirait le malaise.

Les gens avaient presque pitié de moi quand ils me voyaient m'exprimer. Entre les différents bafouillages, les stéréotypies motrices parfois violente, plus on était loin de moi, et mieux on se sentait. Avec du recul, je ne peux que le concevoir. Voir quelqu'un à la limite de la mutilation pour des discussions bancales et banales, ce n'était pas simple à comprendre ou à assister.

J'étais un jeune homme mal dans sa peau. Selon ma famille, c'était tout à fait normal, mais elle ignorait tout de moi, jusqu'à mes passions les plus profondes. Il y avait encore un an, elle croyait que j'aimais Booba et Fast and Furious, tout l'opposé de mes goûts, mais jugés "normaux" pour des adolescents plein de testostérones.

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