L'école fantastique

Chapitre 1: Wellings

Au XVIe siècle, d'immenses chasses aux sorcières eurent lieu dans le monde entier. Des personnes accusées de magies noires ont été attrapées. Seule une minorité a échappé au massacre. Les sorcières rescapées ont arrêté toute pratique de la magie et se sont cachées, craignant l'ouverture d'une nouvelle chasse. Les chats noirs furent abandonnés, les chaudrons détruits et les livres de magies anciennes dissimulés.
Durant des siècles les humains n'entendirent plus parler des sorcières et de la magie. Ce n'est qu'au XXIe siècle, après le succès fulgurant de la saga Harry Potter de JK Rowling que ces êtres magiques sortirent de leur isolement. Cela commença tout doucement. D'abord, certaines personnalités comme Katy Perry ou encore Johnny Depp avouèrent posséder des pouvoirs. Ensuite ce fut au tour de nombreuses autres personnes d'assumer leur statut de sorcier. JK Rowling elle-même avoua être une sorcière et avoir écrit les histoires d'Harry Potter afin que les gens se familiarisent avec la magie et pour que les sorciers puissent sortir de l'ombre. Ce fut un choc immense pour les humains.
De nombreuses négociations eurent lieu entre les différents pays, entre les humains et les nouveaux représentants du monde magique. Finalement les sorciers furent acceptés dans la société et la première école de magie ouvrit ses portes en 2018 à New York, suivit par Paris en 2019 et Londres en 2020. Il a été décrété que tout sorcier pouvait intégrer l'une de ces écoles à l'âge de 16 ans et que chaque année 10 humains seraient choisis dans le monde entier pour entrer dans l'une de ces nombreuses écoles.

En ce premier jour de septembre tous les élèves étaient réunis dans la grande cour bétonnée du lycée. Les murs de l'édifice n'avaient rien perdu de leur décrépitude habituelle.
J'avais retrouvé ma meilleure amie Maurine devant le lourd portail vert qui permettait l'accès à la grande bâtisse grise. Comme d'habitude elle était rayonnante. Ses longs cheveux blonds tombaient en cascade sur une magnifique robe bustier rouge vermillon. Elle portait des espadrilles assorties à sa robe et deux petits nœuds étaient élégamment noués à des créoles dorées qui pendaient à ses oreilles. Elle était collée à Ben, gars le plus populaire du lycée mais surtout son petit ami depuis 8 mois. Je les trouvais mignons ensemble mais Ben était loin d'être le mec le plus intelligent du lycée.
Mon amie me vit et se précipita à ma rencontre, laissant derrière elle Ben qui nous regardait d'un air hébété.
- Enfin te voilà ! me dit-elle en me prenant dans ses bras, m'étouffant presque. Tout le monde est déjà dans la cour !
- Eh ! Calme toi, on a encore le temps !
- Peut-être mais dépêche-toi !
Je levai les yeux au ciel.
- Moi aussi je suis heureuse de te voir.
Maurine m'attrapa le bras et me traîna jusque dans la cour, ignorant mes protestations et le regard interrogateur de Ben. Elle nous fit traverser la foule agglutinée devant les haut-parleurs et m'emmena à l'écart.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Ben m'a dit qu'il avait entendu Emma dire à Léo qu'Ashley lui avait dit que Matt t'aime.
J'observais mon amie, pas sûre d'avoir tout compris et celle-ci pris un air exaspéré.
- Ben m'a dit que...
- Simplifie, la coupai-je. Tu me donnes mal à la tête.
- Et toi t'as un pois chiche à la place du cerveau !
Je croisais les bras, bien décidée à répliquer :
- Tu veux vraiment qu'on parle de ça ? Ben...
- Bref ! Change pas de sujet ! Ce que je voulais te dire c'est...
Elle regarda autour d'elle puis se pencha vers moi.
- Matt t'aime.
J'ai fixé Maurine, manquant de m'étouffer.
- Tu te fous de moi ? Je vois pas pourquoi Matt...
- Fais pas la conne ! Ça crève les yeux !
- Mais...
- Tiens, depuis tout à l'heure il te dévore du regard.
Je suivis les yeux de Maurine et vit avec étonnement qu'elle disait vrai. Matt me regardait. Je sentis mes joues s'empourprer et regardais à nouveau mon amie.
- Il regarde sûrement les gens derrière nous, dis-je, peu convaincante.
- Arrête un peu ! Il est raide dingue de toi !
Maurine avait presque crié, si bien que plusieurs personnes se tournèrent vers nous.
- Chut ! fis-je en plaquant ma main contre sa bouche. Ça va pas la tête ?
- Quoi ? Il n'y a aucun mal à ce que les gens entendent parler de votre idylle naissante.
- Il ne se passe rien et tu le sais très bien.
Un sourire malicieux illumina son visage. Le grésillement des haut-parleurs se fit entendre, mettant fin au supplice.
La voix haut perchée de Monsieur Boutot résonna à travers toute la cour :
- Votre attention s'il vous plaît ! Voici les compositions des classes !

Le directeur appela les élèves tour à tour, les répartissant dans les différentes classes. Quand ce fut au tour de la dernière classe d'être appelée Maurine et moi sourîmes. On allait forcément être ensemble ! Il restait aussi Ben et sa bande de potes ainsi que Matt. Le directeur fit quand même l'appel et Maurine entra dans le lycée, suivie par Ben et ses copains. Ce n'est que lorsque les haut-parleurs s'éteignirent que je me rendis compte que mon nom n'avait pas été prononcé.
Je regardais autour de moi. Visiblement je n'étais pas la seule encore dans la cour bétonnée. Matt était là, ne comprenant pas plus que moi ce qui se passait.
Monsieur Boutot s'avança vers nous, suivit d'une magnifique femme. Ses longs cheveux noirs étaient réunis en une sublime tresse qui lui arrivait jusqu'aux hanches. Elle portait une longue robe noire et rouge avec un long décolleté en V et ses pieds étaient chaussés de magnifiques escarpins noirs. Ses yeux dorés semblaient bienveillants et un sourire radieux illuminait son visage. Elle était si belle que je fus incapable de parler pendant quelques secondes.
Monsieur Boutot s'éclaircit la voix et dit doucement :
-Bonjour. Monsieur Lenser, Mademoiselle Ortega, veuillez nous suivre.
Matt et moi échangeâmes un regard hésitant puis suivîmes le directeur et la mystérieuse femme. Monsieur Boutot nous fît asseoir face à son imposant bureau.
- Je vous présente Madame Khalee. C'est la directrice de... D'une autre école. Je vais la laisser vous expliquer ce qu'elle fait ici.
La grande femme prit appuie sur le bureau d'ébène et dit d'une voix haute et claire :
- Bonjour. Comme vous avez pu le remarquer vous n'avez été appelés dans aucune classe. Ne vous inquiétez pas, c'est tout à fait normal. Vous ne faites plus partie de ce lycée.
J'eus l'impression de me prendre un coup de poing dans le ventre.
- Pourquoi ? On a rien fait ! On...
Madame Khalee me fit signe de me calmer et je me résignais à me taire.
- Je sais que vous n'avez rien fait, dit-elle d'une voix bienveillante. Vous allez intégrer une école spéciale pour les gens spéciaux.
Je sentis l'angoisse me gagner.
- Vous allez intégrer l'école de magie Wellings.
J'en eu le souffle coupé. Je regardais furtivement Matt. Il était pâle, il paraissait presque malade. Malgré tout il réussit à articuler quelques mots :
- Quoi ? Mais... Pourquoi nous ?
Madame Khalee sourit avec bienveillance.
- Je sais que c'est déroutant pour vous mais vous vous habituerez très vite. Pour ce qui est du choix des nouveaux élèves, sachez que vos noms sont apparus naturellement. Ce ne sont pas les sorciers qui décident des nouveaux étudiants.
Un silence pensant s'installa dans la pièce. Heureusement, Monsieur Boutot le bris au bout de 30 interminables secondes :
- Vos parents ont été tenus au courant avant que nous commencions l'appel.
- Les cours commenceront lundi prochain. Vous devrez arriver la veiller pour vous installer.
- Nous installer ? demanda Matt. C'est un internat ?
- Oui. Bien-sûr, vous pourrez rentrer chez vous pendant les vacances. Pour ce qui est des fournitures vous n'avez pas à vous en inquiéter. Elles sont fournies aux nouveaux sorciers.
- Est-ce qu'on aura des... Baguettes et des balais ? Demandais-je timidement.
Madame Khalee rigola. Pas d'un rire moqueur, un rire franc et bienveillant.
- Désolée de te décevoir mais tu ne vais pas à Poudlard. Tu ne joueras pas au Quidditch et n'achèteras pas ta baguette chez Ollivander !
Je baissais la tête, honteuse.
- Ce n'est rien. Vous avez de nombreuses choses à apprendre au sujet du monde magique. C'est justement pour cela que je suis ici aujourd'hui.