L'école fantastique

Chapitre 2 : Une nouvelle vie qui s'annonce

    — Luna !
Je vis quelque chose s'agiter devant mes yeux et sursautais.
    — Hein ? Quoi ?
Maurine se tenait face à moi, l'air inquiet.
    — Ça va ? T'es toute pâle.
Je regardais mon amie sans vraiment la voir. Je m'entendis balbutier quelques mots inintelligibles.
Ben était face à Matt qui semblait dans le même état que moi. Ben se tourna vers Maurine, ce qui décoiffa ses cheveux bruns et la regarda avec ses yeux habituels de grand bêta.
    — Luna, dis-moi ce qui se passe.
Vu la tête qu'elle faisait je devais sûrement faire peur.
    — Wellings...
Maurine se tourna brusquement vers Matt qui venait de parler.
    — Vous pouvez faire des phrases ? demanda-t-elle, exaspérée.
Matt et moi échangeâmes un regard fatigué.
    — On va à l'école Wellings.
    — Wellings ? C'est quoi ça ?
    — Une école de magie, parvins-je à articuler.
Le visage de Maurine se décomposa et elle s'adossa au mur à côté de moi.
    — Une école de magie ? dit-elle d'une petite voix. Vous allez être des sorciers ?
    — Ils sont déjà des sorciers, fit une voix sur notre gauche.
Madame Khalee s'avança élégamment vers nous.
    — Je sais que c'est dur mais vous vous y habituerez.
    — Mais... Ils vont partir loin d'ici ! Je ne veux pas que Luna s'en aille ! protesta Maurine.
    — Elle pourra vous rendre visite durant les vacances et vous pourrez toujours communiquer avec vos portables. Sinon vous avez toujours Internet.
    — Quoi ? Parce que vous avez Internet là-bas ?
Madame Khalee éclata de rire.
    — Nous ne sommes pas des hommes des cavernes !
Matt la regardait avec des yeux ronds, sans doute étonné par la légèreté dans sa voix. Moi-même j'avais du mal à croire qu'elle puisse être comme ça avec ses élèves.
    — Ne t'inquiète pas. Ton amie sera très bien à Wellings.
Maurine fit une moue boudeuse.
    — Mais Luna et Matt sont des humains !
    — Plus depuis quelques temps. Leurs nouveaux pouvoirs sont déjà là et ils vont se développer rapidement.
    — Et si on ne veut pas de ces pouvoirs ? demanda Matt, le regard vide.
    — Vous ne pouvez pas les refuser, ils sont déjà en vous. Si vous ne vous rendez pas à Wellings vous devrez vivre avec sans les contrôler, ce qui vous mettrait en danger, vous et vos proches.
    — En gros, ça veut dire qu'on doit y aller, dis-je, une boule dans la gorge.
    — Oui.
Matt soupira.
    — Comment on y va ?
    — Un chauffeur viendra vous chercher. Prenez tout ce dont vous avez besoin et ne vous tracassez pas d'oublier quelque chose. Vous pourrez acheter tout ce que vous voudrez.
    — Il y a des boutiques dans l'école ? Demandais-je, étonnée.
    — Pas dans l'école même mais sur l'île oui.
Matt et moi parlâmes d'une même voix :
    — Une île ?
    — Wellings est située sur l'île des sorciers, expliqua Madame Khalee. Il y a une ville uniquement constituée de créatures magiques à deux pas de l'école.
    — Une ville de sorciers ? Waouh !
Madame Khalee sourit.
    — Il y a bien plus que des sorciers sur cette île.
Elle sortit un téléphone portable d'un petit sac noir que je n'avais pas remarqué jusque-là.
    — Je suis désolée mais je dois y aller. Maurine, Ben, je suis heureuse d'avoir pu faire votre connaissance.
    — Comment connaissez-vous nos noms madame ? demanda mon amie, ébahie.
    — Je me suis renseignée sur mes nouveaux pensionnaires, fit-elle d'une voix énigmatique. Oh, et vous pouvez m'appeler Nala, je n'aime pas tous ces « Monsieur » et « Madame ». C'est trop formel. Matt, Luna, je vous verrais dimanche.
Je m'entendis balbutier un « au revoir » et Madame Khalee – pardon, Nala – disparu, nous laissant bouche-bée, tout comme les élèves qui venaient de sortir du lycée. J'entendis même un gars lâcher un « Waouh » d'admiration.
    — Après un long silence Maurine se tourna vers moi.
    — Comment tu vas le dire à ton père ? demanda-t-elle, l'air grave.
    — Apparemment il le sait déjà.
    — Comment tu penses qu'il a réagi ?
    — Mal, je suppose. Il ne supportera pas de voir sa fille unique partir aussi loin.
    — Ouais tu m'étonnes. Pourquoi t'es pas rentrée le voir ?
    — J'étais pas prête à le voir anéanti. Et je le suis toujours pas.
Maurine me regarda dans les yeux, ce que je trouvais plutôt étrange.
    — Tu sais qu'il va falloir que tu y ailles, n'est-ce pas ?
    — Ouais, fis-je dépitée.
    — Je peux venir chez toi, je trouverais un moyen de détendre l'atmosphère !
    — Bon courage pour ça.
Mon amie me regarda avec conviction et me serra dans ses bras.

    — Papa ?
J'ouvrai la porte lentement, m'attendant à voir mon père s'agiter dans toute la maison. Au lieu de ça il était tranquillement installé devant la télévision dans son gros fauteuil rouge.
    — Luna ? Tu es déjà rentrée ?
Il s'est levé et m'a pris dans ses bras.
    — J'ai appris la grande nouvelle ! C'est magnifique !
Il prit Maurine dans ses bras à son tour et celle-ci me lança un regard étonné.
    — Oui c'est... Génial, dis-je peu convaincante Et toi ça va ?
    — Bien sûr ! dit-il en passant une main dans ses cheveux poivre et sel. Ma fille va devenir la plus grande sorcière ayant jamais existé !
    — Euh... N'abuses pas trop quand-même, fis-je en esquissant un sourire qui me paraissait aussi faux que ma voix.
    — Mais si ! Tu seras une grande sorcière, j'en suis convaincu.
Mon père sourit.
    — Vous devez être affamées après cette dure matinée !
Je me forçais à lui rendre son sourire.
    — J'ai une faim de loup, mentis-je.
    — Très bien. Je vais vous préparer un petit quelque chose. En attendant tu devrais faire l'inventaire de ce qu'il te faut.
    J'hochai la tête et Maurine et moi nous rendîmes dans ma chambre. Je jetais mon cartable sur mon grand bureau et m'affalais dans mon lit, imitée par ma meilleure amie.
    — Ça va ? me demanda-t-elle tristement.
Je poussai un long soupir.
    — J'en sais rien. C'est complètement dingue.
    — Tu m'étonnes.
Je me mis à fixer ma grande bibliothèque grise et lisais les titres qui s'y alignaient : Le Seigneur des Anneaux, The Mortal Instruments, Harry Potter...
Je sentis mes yeux me piquer. Dire qu'il y a des années je rêvais des aventures d'Harry, Ron et Hermione et maintenant je me retrouve propulsée dans le monde de la magie.
Maurine dû sentir mon trouble car elle me prit dans ses bras. Ce n'est qu'à ce moment-là que je me rendis compte que je pleurais. J'aurais dû être heureuse d'intégrer Wellings, c'était le rêve de nombreuses personnes. Pourtant je voulais rester chez moi, garder ma vie ordinaire, continuer de me moquer de Ben et Maurine, être humaine.
Au lieu de ça je devrais quitter mes amis, laisser mon père, abandonner la vie que j'ai toujours connue.
    — On s'appellera tous les jours, me promit Maurine comme si elle avait lu dans mes pensées.
J'hochai la tête, incapable de prononcer un mot.