Chapitre 1

49 3 0
                                    

Les gouttes martelaient le toit de la voiture. Celle-ci avançait rapidement sur la route humide. Dehors, il faisait nuit noire et on n'y voyait pas à plus de 10 mètres.

Je me retournais vers mes parents assis à l'avant et pestait :

« On est bientôt arrivés ?

-Dans un peu moins de 10 minutes, si j'en crois le GPS, répondit ma mère. »

Je lâchais un soupir et me retournais vers la fenêtre. Je me souvenais encore du jour où tout avait basculé : Cette histoire de déménagement était survenue sans prévenir. Mon père avait été muté et on avait fait les valises : ils ne nous en avaient même pas parlés à mon frère et moi, ni demandés notre avis au préalable. Ils avaient juste sauté sur l'idée folle de partir dans une ville dont on n'avait jamais entendu le nom et dans une maison que nous n'avions même pas visité en réalité et pour laquelle ils avaient acceptés de l'acheter à la vue de quelques photos. Je me demandais parfois s'ils étaient inconscients ou juste immatures.

La voiture s'arrêta enfin devant un énorme portail vert assez usé. Mon père sortit en vitesse pour aller ouvrir le portail en essayant tant bien que mal de se protéger de la pluie. Je ne pus réfréner un frisson quand j'entendis le grincement macabre du portail qui s'ouvrait. Mon père nous rejoignit ensuite dans la voiture et celle-ci s'avança dans l'allée qui s'était formée devant nous. Quand la voiture se gara, je voulus sortir immédiatement pour enfin voir à quoi ressemblait cette maison mais la pluie m'en dissuada.

« Maman ? Il est où mon anorak ? demandais-je alors.

-Il est juste derrière ton fauteuil, Lina, regarde un peu avant de demander, répondit ma mère en levant les yeux au ciel. Et réveille ton frère sil-te-plait.

-Oui, Oui, répondis-je machinalement. »

Je me retournai donc, tout en pestant, pris mon anorak et réveillais mon frère Tom. Tom venait d'avoir 7 ans, il avait hérité des cheveux blonds de mon père et des yeux bleus de ma mère : il était assez petit et maigrichon. Je me demandais parfois si je faisais vraiment partie de cette famille avec mes cheveux bruns et mes yeux vert émeraude. On avait 7 ans décart mais on arrivait tout de même à s'entendre.

Tom se réveilla en baillant, regarda par la fenêtre et bondit hors de la voiture, surexcité. Je sortis à mon tour en enfilant mon anorak mais la pluie s'était arrêtée. « Evidemment, rouspétais-je de plus belle »

Un grand manoir se tenait devant moi : il n'était pas récent si jen jugeais les plantes grimpantes le long des murs et de la tour située sur la droite, ainsi que les quelques toiles d'araignée sous le porche d'entrée.

Malgré l'obscurité, le pauvre lampadaire qui était situé prés de cette bâtisse imposante me permit d'observer qu'il y avait 2 étages. Au rez-de-chaussée, il y avait 3 fenêtres assez grande dont une baie vitrée située près de la porte d'entrée qui semblait avoir été refaite par rapport au reste. Au premier étage, il y avait également trois fenêtres qui pourraient correspondre aux trois chambres que j'avais vu sur les photos. Enfin, le dernier étage n'était composé que d'une fenêtre dont les rideaux intérieurs étaient tirés laissant une légère entrouverture. Je m'efforçais de voir quelque chose par le petit espace mais c'était trop loin et il faisait trop sombre.

« Alors, comment tu la trouves ? demanda mon père qui venait de se rapprocher de moi. A ma moue négative, je suppose quil comprit ce que je ressentais puisqu'il rajouta : Ne t'en fais pas, on va faire quelques aménagements, on la nettoiera puis on enlèvera ces plantes, puis... ». Tandis qu'il m'expliquait ses ambitions futures, je remarquai un mouvement au dernier étage. Je levai la tête et vis une dame qui nous observait en se tenant derrière la fenêtre.

« Euh cest normal qu'il y ait une femme en haut ? demandai-je curieuse.

-Une femme ? demanda mon père étonné, tu as sûrement rêvé Luna cette maison est inhabité depuis des années, personne ne peut être dans cette maison.

Il jeta tout de même un regard vers le 2e étage mais la femme avait disparu et les rideaux étaient de nouveau rabattus.

-Que se passe-t-il ? demanda ma mère qui venait de nous rejoindre.

-Ta fille dit qu'elle a vu une femme au dernier étage.

-Impossible, s'empressa de dire ma mère, la maison a été abandonnée il y a des années.

-Comment ça abandonné ?? m'exclamais-je

-Oui, renchéris ma mère, à ce qu'il parait les anciens habitants auraient disparus du jour au lendemain

- Des rumeurs disent qu'ils sont morts, rajouta mon père

- Charles ! coupa ma mère en lui faisant des gros yeux, on avait dit qu'on ne leur dirait rien à ce sujet !

- Mais on sait très bien que ce ne sont que des rumeurs, continua mon père en essayant de rattraper son erreur, personne n'a jamais retrouvés leur corps et il n'y a jamais eu de réelle scène de crime ou autres, ils sont juste partis, c'est tout.

-Impossible que je rentre dans une maison comme ça, m'écriais-je totalement affolée par ce que je venais d'entendre, les yeux écarquillés d'appréhension et de peur, on croirait vivre un film d'horreur avec les familles américaines qui viennent vivre dans des maisons où un meurtre s'est déroulé, comme si de rien n'était, vous avez perdus la tête!

J'étais sidérée ! Mon père ne put s'empêcher de rire.

-Il faut que t'arrêtes de regarder des films d'horreur, Lina, tu as beaucoup trop d'imaginations. On n'est pas dans un film mais dans la réalité ici. »

Ma mère me regarda un instant pensive et jeta tout de même un regard inquiet vers la fenêtre.

Il y avait donc bien quelque chose, je n'avais pas rêvé. Je voulais lui demander mais elle rejoignit mon père qui s'apprêtait à ouvrir la porte. Je me dis que je lui re demanderai plus tard. Je regardai une dernière fois cette "maison" qui allait devenir mienne et jeta un bref coup d'il à la dernière fenêtre mais il n'y avait vraiment personne. Je rejoignais donc mes parents et la porte s'ouvrit dans un grincement sinistre. Je m'arrêtai un instant sur le pallier devant la porte, soufflais un bon coup et je les suivis dans cette nouvelle maison.

La porte au fond du couloirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant