X. L'illusion

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Asthar


Cela fait un moment maintenant qu'Aëna est partie. Non qu'elle me manque, mais je m'inquiète pour elle, tout de même.

J'ai tenté de savoir où elle peut bien être, puisque seule son approbation peut me permettre de monter découvrir le village des Draconistes. Mais son illustre père reste vague à son sujet.

 Bientôt. C'est tout. Il ne parait même pas inquiet.

Je comprends décidément mal les Draconistes.  Je sais bien qu'Aëna est une personne forte, mais elle est quand même seule !

J'ai continué mes entraînements physiques tous les jours, sans que personne ne me chaperonne. Boggan, ce surprenant mini-dragon de poche se moque même de mon sérieux alors qu'il ajoute son poids sur ma tête !  Je peux courir mieux, plus loin et, sur le conseil de mon seul compagnon de journéej'ai même ajouté du poids pour forcer. Je ne suis clairement pas à la hauteur des performances des Draconistes, mais je n'ai jamais été aussi sportif et bien portant.

Assidu, mais je tourne en rond ! Je tourne en rond, et je vais craquer, c'est certain, si ça continue. Ne suis-je pas un érudit ? Est-ce si compliqué de comprendre mon besoin de connaissance ?

"Cesse de ruminer, tu vas perdre tes cheveux, Asthar" souffla Boggan.

Nous sommes en train de nous reposer dans une prairie basse de la montagne. Un endroit très vert et très calme qui m'aide à me calmer, sans sentir le regard des autres Draconistes de l'avant-garde qui m'observe comme une bête curieuse en se demandant combien de temps je vais tenir.

Boggan, lui ne m'a jamais quitté. Depuis que je l'ai rencontré, il s'est contenté de m'accompagner,  me taquiner, mais aussi m'écouter et me conseiller. Il est étrange, cependant il est de loin ce qui m'est le plus proche d'un ami. Si je ne suis pas devenu fou à courir pour rien, c'est sans doute parce qu'il est là.

Mais son intuition est fatigante quand il devine mes pensées.  C'est dur de cacher quelque chose quand son compagnon possède de telles capacités.

"Tu comprends, c'est lassant. Je n'ai pas envie de courir sans but ad vitam aeternam.
- C'est Aëna qui doit te donner le feu vert, et pas avant. Je suppose qu'elle n'avait pas que l'entraînement physique à te proposer. Prépare-toi plutôt à voir ce qu'elle peut te proposer ensuite.
-Et je suppose que tu ne sais pas ce qu'elle voudra me faire faire ?
- Oh, sans doute un peu de chasse. Tu ne peux pas voler. Il faut donc se contenter de ce qu'on peut faire à terre.
- Je n'aime pas la chasse. Je comprends qu'on y soit obligé pour manger, mais... je n'aime pas ça.
- Comme un citadin, mais... Oh ?"

Boggan se tait, surpris. Je n'aime pas trop ce que ça annonce.  Je me relève donc pour voir ce qui peut il y avoir autour de nous.

Le bruissement du vent efface le bruit de son déplacement.  Et pourtant, la créature est là, dégoulinante de matière sombre et boueuse, une minuscule perle scintillante dans tout ce qu'il y a de répugnant en lui. Il est là, et je n'ai certainement aucune chance de lui échapper. Au Miasque.

Je faillis hurler de terreur, mais cela ne servirait à rien. Je me relève alors lentement, car s'il est , c'est qu'il m'a vu, senti. Inutile qu'il me pourchasse en risquant de tomber en me relevant trop vite. Boggan s'est envolé haut au dessus de moi, et je commence à faire un pas en arrière.

Le Miasque émet un son qui ressemble à un gargouillis immonde, menaçant.

Je ressens la peur qui fait tressaillir la moindre parcelle de peau de corps. Le vent n'a rien à voir avec cela malgré la fraîcheur de l'air.

Le vent.
Les frissons.
C'est là que je comprends enfin.

Ce n'est pas un Miasque.

Je prends alors une profonde inspiration, et souffle de toutes mes forces. Le Miasque ne bronche aucunement. Alors j'avance vers lui, main tendu jusqu'à le toucher. Et face à sa consistance inexistante, le Miasque s'évanouit en fumée.

Boggan redescend du ciel, se nichant de nouveau dans mes cheveux.

" Tu m'impressionnes, Asthar. Comment as-tu deviné que c'était une illusion du Dragon ?"
- Il n'avait pas d'odeur. Et quelques muscles faciaux n'ont pas tressallit malgré le danger évident. C'est que ce que je voyais ne pouvait donc pas être vrai.
- Et comment l'as-tu fait disparaître ?
- Ce n'était que de la fumée à disperser,  tu as bien vu. Mais qui a fait ça ?"

Jetant un regard plus haut dans la montée,  je vois Bun et Aldric, et un dragon très sombre derrière eux. Il ressemble tellement à  Aldric que je n'ai pas le moindre doute sur son compagnon.
Je suis surpris, car je ne les ai pas vu depuis ma petite crise sur mon âge avec Aëna.  Mais ils semblent l'être tout autant que moi. Les ignorant, je décide de marcher à l'avant-garde au lieu d'aller vers eux, mais c'estque je vois une ombre plus grande encore qui couvre le soleil.

Aëna. Et Japnar. Ils sont revenus.

Draconistes [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant