Part I- Chapitre 1. "Road To Nowhere."

20 3 0
                                    

P.O.V. Jungkook.

La surface était froide, contrastant avec l'ambiance chaleureuse qui régnait dans l'habitacle. Chacun de mes souffles créaient une buée contre la vitre contre laquelle mon front reposait, entourant, durant quelques secondes, le paysage qui défilait, d'une robe éphémère, qui se retirait lentement à chaque inspirations, créant un vas et vient semblable aux doux remous marin. À l'extérieur tout me paraissait bien trop vivant, bien trop agité pour mon esprit au bord de la rupture, qui me demandait grâce depuis bien trop longtemps ; tout ce que je voulais c'était oublier. Oublier ce sentiment désagréable qui me vrillait les entrailles, oublier que j'étais là contre mon consentement, qu'une fois encore, la situation glissait de mes doigts, comme si ces derniers demeuraient inlassablement écartés, en dépit de mon envie de retenir les morceaux éparpillés de ce qui me composait. J'ai serré les poings de frustration et de colère mêlé, jusqu'à en faire blanchir les jointures et rougir mes paumes, la fabrique de mon jeans rippant brièvement contre mes ongles. Je détestais plus que tout cette impuissance, cette stupide fatalité qui me rappelait en permanence que je n'étais encore qu'un enfant, une entité immature que l'on pouvait ballotter comme on le souhaitait, trop fragile pour simplement exister pour et par lui-même.

Soudain, une main fine et chaude s'est pressée sur la mienne, me reconnectant à la réalité tout en me faisant lever les yeux vers le visage lumineux de sa propriétaire. Mon regard a accroché le sien durant quelques secondes, avant que ce dernier ne se glisse de nouveau hors d'atteinte de mes prunelles sombres. Un bref sourire est apparu sur ses lèvres pâles, je sentais dans l'expression de son visage, que celui-ci se voulait rassurant et doux, parvenant même à éclipser brièvement les cernes sombres, qui rendaient ses yeux plus petits et vides qu'ils ne l'étaient réellement. La fatigue, la lassitude, tout cela se dégageait parfaitement de son être, pourtant, elle essayait encore et encore de paraître sereine. Ces lippes sont agités, sans que je ne parvienne à percevoir un seul sons, isolé par cette voix envoûtante qui résonnait à mes oreilles. J'ai alors articulé un sourire qui ressemblait davantage à une grimace, avant d'enlever mes écouteurs, laissant sa voix, qui couvraient la musique de fond diffusé par la radio, résonner, à son tour, sous mon crâne, saisissant la fin de son monologue en vol.

-"....Tu ne devrais pas tant t'inquiéter, prends cela comme un renouveau, Kookie."

J'ai grondé pour la forme, en entendant le surnom dont elle venait de m'affubler, avant d'hocher la tête pour la forme. Je savais qu'elle voulait me mettre à l'aise, que je sois moins tendu, peut-être pour arriver elle aussi à chasser ces pensées qui avaient fini par éclore après notre départ en catastrophe, de la maison en pleine nuit. J'ai laissé traîner une dernière fois, mon regard sur la forme menue de ma tante, observant la façon dont ses mains se crispaient sur le volant avant de se détendre, dans un mouvement sporadique, ses lèvres qu'elle pinçait nerveusement, témoignant de sa nervosité fluctuante. Dans ces moments-là, elle lui ressemblait tellement, à ma mère, que s'en était troublant. J'ai senti mon cœur se serrer dans ma poitrine, avant que je ne me décide de regarder de nouveau la route qui défilait devant nous, celle qui m'éloignait de plus en plus du domicile de mon père et de tout ce qui le composait. Cette route qui me menait loin de Busan et qui me rapprochait de la capitale. Je me suis surpris à me demander comment il allait réagir, en constatant notre départ. Le jour qui se levait peu à peu marquait l'approche de la découverte de notre disparition nocturne, en catastrophe comme le prouvaient les sacs grossièrement entassés à l'arrière de la voiture .

J'ai repoussé le siège en arrière, ignorant la question de ma tante, tout en glissant mes écouteurs dans mes oreilles, observant le toit sombre, avant de me laisser bercer par le chaos de la route. Je ne devais pas penser à cette vie que je laissais en arrière, ni à celle qui m'attendait, j'en avais assez de penser.

Lorsque je me suis réveillé, nous étions dans un quartier résidentiel où plusieurs pavillons étaient soigneusement alignés, encadrés par des barrières immaculées assez basse pour donner une illusion de proximité, des jardins si bien entretenus que l'on pourrait se croire dans l'un de ces films européens des années 80, d'autant plus en voyant, ceux qui semblaient être, nos futurs voisins, avec leur apparence de middle-class confortable. Tout dans cet espace donnait une impression de tranquillité qui contrastait avec les grands bâtiments qui composaient le centre de Séoul, qui s'étendait à l'horizon, si loin et si proche à la fois. Je suis finalement sorti de la voiture, étirant mes muscles endoloris, avant de chercher ma tante du regard. Je finis par la trouver en pleine discussion ce qui semblait être une voisine offrant un cadeau de bienvenue, à voir la boîte soigneusement emballée qu'elle tenait entre ses doigts. Je n'avais pas vraiment envie de sympathiser avec cette femme aux allures de mère au foyer parfaite, me dirigeant à la place en direction du coffre, bien décidé à ne pas rester inactif, pour ne pas penser, je devais m'occuper et le déchargement semblait une bonne option. En ouvrant ce dernier, je m'attendais à me noyer sous une avalanche de valises, mais il n'en fut rien. Si sur la montagne de sac, les miens semblaient les plus biscornus et dérangé, ceux de ma tante en revanche étaient parfaitement rangés, comme s'ils avaient été la depuis longtemps. Jusqu'à ce matin, j'avais pensé que notre fuite était chaotique, improvisée, mais ce fait me prouvait le contraire, tout comme le fait que nous ayons déjà une maison à disposition. J'ai froncé les sourcils avant de me saisir des sacs. Ne pas penser, ne pas me questionner, je ne pouvais rien changer.

J'ai fini par m'effondrer sur le canapé, regardant d'un oeil blasé la montagne de sac appuyée contre le mur, cherchant sans conviction l'envie de me mouvoir de nouveau, avant de sursauter en sentant un poids sur ma gauche. La tête de ma tante vint alors se poser contre mon épaule, ses cheveux de jais peuplés de quelques brins d'argents, caressant ma joue, ses doigts glissant le long de mon avant-bras dénudé par les manches relevées de mon sweat, délassant lentement mes muscles tendus, avant qu'elle ne s'exprime.

-" La maison te plaît ? "

-"C'est une maison..."

J'ai lancé cela d'une voix froide, avant de poser mon regard blasé sur le haut de son crâne, mon attitude tout entière transpirant l'ennui. Elle a levé les yeux vers moi, affichant une mine agacée avant de se redresser pour venir ébouriffer mes cheveux en lançant d'une voix faussement plaintive.

-" Arrête de faire ton ado blasé Kookie ! Oú je sors le gâteau allégé, que notre adorable voisine a préparé de la poubelle pour te le faire manger, boîte comprise."

J'ai grondé avant d'éclater de rire, tentant d'échapper aux doigts perfides de mon aînée en m'agitant en tout sens. Profitant alors de mon déséquilibre, cette dernière ne se gêna aucunement pour me pousser au bord du meuble. Je me suis vu basculer en arrière, atterrissant sur le sol froid, alors que mes jambes demeurèrent posées sur ce dernier. Je vis son sourire triomphal alors qu'elle mima un V avec ses doigts, avant de se lever fièrement dans une tempête de brins de jais. De ma position, je la vis se diriger d'un pas léger vers la cuisine, disparaissant presque derrière le bar. Elle glissa une cigarette entre ses lèvres, tout en ouvrant les placards, analysant longuement les composants de ces derniers, avant de soupirer, allumant le bâton immaculé, d'un mouvement qui trahissait l'habitude. Elle se tourna ensuite vers moi, se hissant sur l'un des tabourets, avant de glisser sa main libre sous sa mâchoire.

-"Cela te dit de commander une pizza ? "

Nous avions fini affalés tous les deux dans le canapé devant la télévision, à nous empiffrer de pizza tout en discutant de tout et de rien, mais aussi du lendemain, comme si nous avions toujours été là, comme si la veille n'existait pas. Cela me tuait de l'avouer, mais je balisais à l'idée d'effectuer ma rentrée de ce nouveau contexte si différent de celui que je connaissais, d'autant plus que je le faisais en cours d'année.

House Of WolvesWhere stories live. Discover now