Chapitre 1

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La 3ème, cette dernière classe de collège que tout le monde attend.

Parfois avec impatience, parfois avec curiosité, ou parfois encore avec du stress.
Tout le monde dit ce qu'il ressent par rapport à cette classe, mais personne ne peut savoir ce que chacun pense réellement.

Certains diront la vérité, d'autres modifieront la-leur par un effet de groupe.

L'effet de groupe, que chaque collégien, ou même lycéen, ou adulte rencontre à un moment ou à un autre...
Certains choisiront de le subir, d'autres de s'affirmer plus.

***

15 octobre. 8h30. La sonnerie se déclenche.
Charlotte monte les escaliers d'un pas lent, démotivé. Elle semble fatiguée.
"Nouvelle journée de cours qui débute par français, comme c'est cool, pense-t-elle, d'un air ironique."
La professeure de français, Mme Tichon, est sûrement la plus horrible de toutes. Elle parle, elle parle, elle parle. Sans s'arrêter, sans laisser la parole à un seul élève.
"Finalement, en quoi ça peut me déranger, puisque je ne participe presque jamais alors que je connais la réponse ? Se dit-elle."

Encore cet effet de groupe.
Ou alors à penser à un cas général, pour ne pas donner l'impression aux autres que tu ne penses qu'à toi. Pour leur montrer bien jusqu'au bout que tu assumes d'être différente d'eux.
Pour leur prouver bien jusqu'au bout que tu ne t'aimes pas, que tu en as marre de toi, que tu ne t'assumes pas, que...

Stop !
Non, non. Trop c'est trop. Charlotte en a marre.
Elle n'en peut plus.
Elle ne peut plus vivre de cette manière.

Ses amis.
Elle a des amis. Il faudrait qu'elle essaie de leur parler de ce mal-être, un jour...

Depuis combien de temps se sent-elle comme cela déjà ? Elle n'en sait trop rien. Depuis toujours, sans doute.

Non.

Ce n'est pas vrai.
Cela a commencé en 6ème en fait.

Quand la méchanceté des gens est devenue plus réelle.

Quand tu ne t'es pas disputé avec tes amis pour un jouet.

Quand ça a été de vraies insultes, de vraies paroles blessantes que tu as entendues.

Ces paroles, qui te blessent au plus profond de toi-même, qui s'enfoncent dans ton cœur, ton cerveau, jusqu'à déchirer ton esprit, ton âme, parce que tu n'as plus la force de les repousser.

Ces paroles, elles te détruisent. Parce que tu les écoutes, et que tu es devenue leur jouet.

À cause d'elles, ta faiblesse devient plus grande, tu deviens timide, silencieux, parce que les mots ne servent plus à rien, parce que tu as l'impression toi-même de ne servir à rien, de ne pas être important.

"Charlotte ! Je ne vous tire pas trop de vos pensées ? J'aimerais que vous suiviez mon cours s'il vous plaît ! Inutile de vous rappeler que vous avez le brevet à la fin de l'année.

- Excusez-moi Madame, je...

-Tsss, je ne veux rien entendre. Vous viendrez me voir à la fin du cours."

Charlotte entend des rires autour d'elle. Elle a toujours été une bonne élève, alors les autres en profitent pour parler d'elle dans son dos, parce que, pour une des premières fois de sa vie, elle ne suivait pas en cours.

"Oh bah dites donc ! Charlotte ne suis pas en cours ! Comme c'est décevant ! Lui lance une fille, Lisa, qu'elle n'a jamais pu supporter.

Ok... Il faut que Charlotte se calme... Cela ne sert à rien de réagir à ça.
"Ça passera dans le journal, tient, j'en suis certaine ! Pense-t-elle"
Détournement des faits exécuté. Bien joué !

Christian, un de ses amis qu'elle connaît depuis la 6ème, la regarde. Il l'interroge du regard. Elle lève les yeux au ciel.
Elle tentera sûrement de lui expliquer.

***

"Alors, Charlotte, comme cela, tu n'écoutes plus en cours. C'est le premier avertissement, la prochaine fois, j'appelle tes parents et je te donne une heure de colle. Aller, file."

Cette fois, Charlotte a vraiment eu de la chance. Ça ne sera pas toujours comme ça.

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⏰ Last updated: Oct 11, 2016 ⏰

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Pseudo-heureuseWhere stories live. Discover now