Nous sommes entourés comme si le feu voulait nous dévorer. Je me sens si vulnérable... Je serre fort les accoudoirs de ma chaise roulante. Je me sens si faible dans ce fauteuil. Ma mère et mont père se tiennent la main, ils regardent le destin avec dignité. Tandis que ma sœur chuchote des prières douces... Moi je ne peux pas. Je ne peux pas regarder le destin. Je ne peux pas prier pour le destin. Je sens déjà les flammes nous chatouiller la peau... J'ai peur. Je suis effrayée . Je tremble de tout mon corps. Les larmes coulent et me brûlent... Je vois notre appartement se consumé au grès de la voracité de ce monstre, le feu, je le vois sourire en dévorant ma vie. Ils surgissent enfin! Comme une ombre fugace un homme franchit le mur de flammes. Il s'élance vers nous. Il s'arrête devant nous, un moment d'hésitation, il me regarde puis ma mère. Je comprends leur dialogue silencieux. Une larme coule sur sa joue. Il m'attrape violemment. Juste le temps d'attraper mon violon. Il me prends dans ses bras puis s'élance vers la sortie. Je leur lance un dernier sourire avant de franchir la porte. "Je reviens vous chercher tout de suite" hurlent le pompier. Autour de nous tout brûle. Les gens crient, hurlent,pleurent. Certains courent, d'autres sont complètement tétanisés. Moi j'aimerais tant pouvoir courir mais je ne peux pas... J'entends le feu crépiter, dévorer ce vieil immeuble. Les poutres tombent, les portes se sont faites dévorer. Je vois des corps partout qui gisent au sol. Ce vacarme de souffrance est horrible. Les escaliers sont impraticables alors il s'élance vers l'échelle posée à une fenêtre et il s'y jète. Et la dernière chose que je vois avant de descendre...c'est l'encadrement de la porte s'effondrer sur mon appartement, sur ma famille... Il me semble entendre,dans le vacarme, leurs voix.... Il n'est jamais revenu les chercher...
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Un fauteuil pour cercueil
General FictionElle est là devant une fenêtre, assise dans son fauteuil le visage encore humide. Elle n'a plus rien à par une photo et son violon. Mais elle venu ici, à Tchernobyl pour mourir ou peut-être réapprendre à vivre...