Je suis au milieu de la chambre d'un hôtel. Clouée à mon fauteuil, incapable de bouger, je suis vide. Je crois être morte au milieu de cette chambre blanche... Je regarde le sol. Des feuilles de journal sont éparpillées partout. Certaines sont froissées, d'autres déchirées. Ma rage était si terrible quand j'ai vue la photo de mon immeuble en feu... Cela fait déjà quatre jours que je suis assise au milieu de cette pièce blanches jonchée de papiers journal. Je repense à leurs sourires, à leurs voix, leurs visages, nos souvenirs, qui ne sont maintenant plus que les miens, mes souvenirs que je ne partage qu'avec une famille qui n'est plus que souvenirs. Cette pensée me détruis. Elle me ronge. De penser que plus jamais je ne les reverrais, je ne pourrais plus les serrer contre moi, maintenant je regrette de ne pas les avoir assez embrassés... Mais le plus horrible est de pensée que c'est à cause de moi qu'ils sont... Ils sont...Morts. Je sais que si je n'avais pas étais dans ce fauteuil ils auraient eu le temps de s'échapper... Je m'agrippe aux accoudoirs, je tente de contrôler ma respiration, de ne pas céder à la rage aveugle, mais je ne peux pas! Je sens une autre moi, une autre Maria, qui prend le dessus... Une fille incontrôlable. Une fille dangereuse. C est une fille qui hurle en moi. Elle frappe sans relâche contre ma poitrine, elle veut s'échapper. Elle ronge mon cœur jusqu'à me rendre complètement folle. Je me tords dans mon fauteuil. Je me tords de douleur. Je me tords de rage. Je n'en peux plus. Je ne veux plus de ses crises de rage incontrôlables, de cette souffrance, de cette solitude, de la vie. Des gouttes de sueur coulent le long de mon front, elles se mêlent à mes larmes. J'ai le visage trempé. Je sens ce goût horrible rentrer dans ma bouche, malgré mes dents serrées. Je me mets à taper nerveusement les accoudoirs. Leurs voix résonnent. Ma seule vision est celle du feu ce ruer vers eux. Les gouttes roulent lentement le long mon visage et tombent unes à unes sur mes genoux. Je regarde le mur en face... Je pose les mains sur les roues, les yeux vides, je prends une inspiration et je m'élance le plus vite possible vers ce mur blanc... Je laisse tourné les roues et je le regarde se rapprocher. Je ne suis plus qu'à quelques centimètre... Je m'arrête nette. Le choc me propulse en avant mais une main me retient... "-Mais qu'est ce que tu veux?! Si je n'avais pas été là tu serais morte ou pire! Ce n'est pas comme ça que l'on règle ses problèmes!" Je me retourne violemment. Je vois le visage de mon assistante qui me retient... Je sais qu'elle à tort. C'est mon seul moyen de régler mes "problèmes". Je ne supporte pas le fait d'être épiée, surveillée, ou même aidée. Je veux juste être seule. Que les gens arrêtent de me demander comment je vais ou me dire qu'avec le temps j'irais mieux. Parce que c'est faux. Tout est faux. Sauf la mort. Maintenant je hurle, je me débat.
Les mois ont passés, mes crises de rages ont été plus destructrices les unes que les autres... Mais j'ai fini pas me calmer. Et la rage à céder au désespoir... Je suis assise au bord de ma fenêtre... Je regarde dans le vide, le visage ruisselant... Au loin je vois l'imposante big ban, elle me dégoute. Tout ici me dégoute. Ma vie ici n'en n'est plus une. Ici ou ailleurs. J'ai tout arrêté... Ma scolarité, de sortir avec mes amis et plus jamais je n'ai touché à mon violon. Je me rappelle...autrefois quand mon cœur étais brisé je jouais, jouer à toujours été ma vie mais à présent même cela me dégoût. Je haïs ses douces courbes délicates qui me fascinaient tant. Je déteste la douceur et le bonheur des autres. J'ai oublié ce que j'étais avant... Je me suis enfermé dans le dégout, la violence pour ne pas voir mes larmes et mes souvenirs meurtris. Mais au fond c'est une jeune fille brisée qui se débat avec sa propre vie. Le soir, je regarde la seule photo que j'ai pu sauver... Elle est gondolé, imprégnée de ma souffrance. J'ai tant de souvenir d'eux. Mais j'ai peur... Peur ils partent. Je me sens si mal. Ma vie est insupportable. Parfois je me dis que si j'avais pût conduire j'aurais laissé les roues me mener sur la route noir de la fin, ou j'aurais laissé crois à mon corps que j'avais des ailes... Mais je suis dans ce fauteuil, ce fauteuil qui m'emprisonne, dans ce fauteuil rien n'est possible, ce fauteuil à bannis la liberté de ma vie... Je suis condamné à vivre. À vivre seule, vivre plongé dans l'horreur des souvenirs inaccessibles... J'aimerais partir, partir quelque part où personne ne serais là pour me surveillé ou me rappeler mon incapacité à vivre sans aide, un endroit où je pourrais attendre la mort seule.
Le regarde par le hublot la mer de nuage s'enflammé tandis que le jour s'éteint. Je serre les dents et tente de ne pas pensé. Je repasse mon regard vers l'extérieur et sans réfléchir je ferme le plus violemment possible le rabat du petit hublot. Des gens me regarde de travers mais qu'est ce que cela peut me faire? Qu'ils me jugent si cela les distrait! Je tente de fermer les yeux... Je me demande pourquoi je suis montée dans cet avion. Pourquoi je vais là bas... Un homme assis à côté de moi tente d'engager la discussion...
"-bonjours, comment vous appelez vous? Demande t il doucement
- Maria, ma voix est sèche
-quel âge as tu?
-17,je ne prends même pas la peine de finir ma phrase...
-Et où allez vous?
-..."
Je n'ai aucune envie de lui répondre ni d'entendre ses questions. Et je crois il a vu mon regard noir et il s'est détourné. Je ferme les yeux, je ne bouge plus, les gens autour pense que dors...mais je ne dors pas. Je pense. Je regrette. Mais je n'espère plus rien. Au milieu de la nuit, je me redresse, tout le monde autour dors. Doucement je lève le cache hublot. La nuit est noir. Sans étoile. Comme ma vie. La nuit est elle aussi malheureuse que moi?
Pendant que nous descendons doucement, je regarde le soleil se lever... Ce spectacle est magnifique, pourtant je ne peux m'empêcher de voir ces images atroces défilées en moi, des flammes, des corps et les visages figées des miens... Je fermes les yeux pour les faire disparaitre, mais elles n'en sont que plus dures, alors j'ouvre les yeux brutalement comme pour sortir d'un cauchemar. Mais c'est un cauchemar bien réel que je ne peux pas fuir...
Une hôtesse m'aide à m'assoir dans mon fauteuil, tout à coup je me sens de nouveau prisonnière, prisonnière de ces jambes sans vie. Je sors. Un froid glacial me brûle le visage. Je fais signe à l'unique taxi qui passe, le chauffeur me dévisage: je suis seule, le visage éteint, sur le trottoir, en fauteuil roulant et je n'ai aucun bagage..., puis il sort, hésitant, et m'aide à monter à côté de lui.
"-Де ви хочете піти?
- Je ne comprends pas l'ukrainien.
- Où voulez vous aller? Dit il dans un anglais à peine compréhensible
- Tchernobyl..., et après une hésitation,où le village le plus proche "
Je vois le chauffeur blêmir et hésiter à me reposer la question, mais je détourne le regard et fixe la route devant nous. Je me demande pourquoi mon cœur a voulu s'y exiler mais je sais que c'est là bas qu'il faut que j'aille. Les paysages défilent, je les trouvent sombres et inquiétants, les immeubles semblent abandonnés, les maisons ne se sont que des taudis, il y a du verre cassé un peu partout, la chaussée est déchiquetée quand elle existe encore, des graffitis couvrent les murs, j'ai beau ne pas comprendre se qu'ils disent, je ressens la rage plaquée sur les murs de bétons.... C'est une ville fumante que l'on traverse. Je me demande se qu'il a pût s'y passer.
"- Ici les gens ne se laisse pas faire, parfois ils descendent dans les rues, ils se débattent comme ils peuvent mais ils vivent...." Je sens dans sa voie qu'il sait se qui se passe ici. Les rues sont presque vides mais pourtant j'ai l'impression, peut être fausse, d'y sentir l'âme brûlante de la vie. Comme si personne ici n'avait jamais oublier de vivre comme un brasier... Mais je me rends compte que si je me dis ça c'est qu'il y a des mois que j'ai oublier de vivre, de me battre; alors qu'ici les gens semble avoir le courage vivre. Je repose ma tête contre la vitre glacée pour regarder la silhouette imposante de la centrale se rapprocher lentement.
Au bout d'un moment nous arrivons face à une barrière à moitié défraichie accompagnée d'un panneau rouillé de signalisation de radioactivité et un autre panneau indiquant Tchernobyl à moins d'un kilomètre.
"- Je suis désolé mais je ne peux vous amener plus loin il faut continuer seule"dit il l'aire embarrassé
J'acquiesce d'un hochement de tête et je lui demande de m'aider à sortir. Une fois assise sur mon fauteuil, mon unique sac accrocher dessus comme possible et la house de mon violon en bandoulière, un homme m'ouvre la barrière après lui avoir montré mon autorisation d'entrer que j'avais demander préalablement. Je pars. Oui. Je pars. Je fais rouler les roues sur une route interminablement droite. À l'horizon il n'y a que des arbres sombres. Cela fait si longtemps que je n'ai pas roulée seule, je crois même que c'est la première fois.... À l'époque c'était ma mère qui me poussait le long des routes. Je me souviens de son visage marqué mais si doux et de ses grosses boucles blondes ,de ses mains si fines et douces mais couvertes de petites coupures, elle adorait bricoler, réparer, construire, mais souvent elle dérapait, elle me disait que se n'était rien mais je voyais son visage crispé et le sang couler, je me disais qu'elle était forte parce elle ne disait jamais qu'elle avait mal ou qu'elle était pas bien mais.... Je sais à présent qu'elle était vraiment forte pas parce qu'elle ne se plaignait jamais mais parce que devant les flammes elle n'a pas bronché, parce que devant les flammes elle a préférée partir pour me laisser vivre. Je m'aperçois que je me suis arrêtée au milieu jde la route, seule. Je me surprends à attendre que ma mère pousse mon fauteuil ou me parle, ce n'est qu'un instant d'égarement mais si seulement... Tu me manques tant Natalya, maman.... Je sens les larmes montées alors je prends une grandes inspiration et je repars. Je vois les première habitations se rapprocher. Je vois un bâtiment au mur décrépi et sale, il y a une vielle pancarte lumineuse cassée dessus il y a marqué "restaurant" , d'ailleurs ici c'est la seule chose que j'arrive à lire, le reste est en ukrainien et les écritures sont à moitié effacées, si...il y a autre chose que je peux lire et que je comprends un peu trop bien se sont ces panneau qui jonches chaque routes ou chemins, ce sont des panneaux tordus, abîmés, rongés par la rouille et parfois presque illisibles, mais sont toujours signe de dangers, de mort. Ils sont là, partout, comme pour vous empêcher d oublier qu'ici la terre est empoisonnée jusqu'à la racine de la vie, qu'ici est le sanctuaire de la bêtise humaine. Ce sont ces panneaux jaunes et leurs sigles de radioactivité, je ne peux les regarder sans avoir étrange sensation de malaise... À l'intérieur du restaurant je peut voir des gens amassés autour de minuscules tables rondes, ils semblent tous parler activement, de l'extérieur je peux même entendre leurs voix. J'hésite à entrée. J'ai peur d'être dévisagée comme toujours, j'ai peur que ces gens viennent me poser trop de questions, ces questions qui ravives la peine. Je peux presque entendre ces questions "Depuis combien de temps ne marches- tu plus? Pourquoi es-tu en fauteuil roulant? Pourquoi es tu seule? Tu n'as pas de famille? Où sont tes parents? Pourquoi ne parles tu plus? Pourquoi tu pleures? " Ces questions je ne peux pas y répondre, je ne veux parce que dire se qui s'est passé se serait le rendre réel, tant que je ne le dit pas je peux encore espérer. Espérer que tout cela n'est qu'un mauvais songe, une espérance aveugle qui me pousse à espérer que si je ferme les yeux en les rouvrant ma famille serai là au prés de moi, mais à chaque fois ce mirage d'une vie se dissipe me laissant seule, abandonnée. Je finie par me décidé à entrée. Je tourne la poignée et je pousse doucement la porte je ne veux pas que les gens me remarque. Les roue crissent sur le vieux parqué. Les gens ne semble pas me remarquer alors je m'avance vers le comptoirs au fond de la salle. La salle n'est pas très grande, elle a une tapisserie rouge bordeaux qui se décolle à certain endroit, il y a une fenêtre cassée et un vent glacée s'y engouffre, elle me semble glauque et miteuse. Les gens parlent forts et activement mais plus je m'avance plus gens commence à se taire, ils me dévisagent. J'entends une vague de chuchotement traverser la pièce. Je me crispe, j'ai peur qu'ils viennent me parler mais personne ne bouge alors je laisse échappé un soupir et je me décrispe un peu. Je me dirige vers le comptoirs où se trouve une dame qui doit avoir la quarantaine, elle porte un vieux tablier très sale. Elle à une expression, une façon de me regarder.... C'est indescriptible, il y a quelque chose qui me frappe je suis incapable de dire quoi. Tout à coup ma poitrine me brûle, des larmes montent. Depuis combien de temps ne m'a t on pas regarder comme ça? D'habitude il n'y a que de la pitié vide, inutile, plus insupportable qu'autre chose, ça vous rappel que vous êtes misérable et abandonnée. Elle c'est comme de la tendresse et tristesse en même temps. Je ne veux pas que les gens me voie pleurer alors je m'agrippe à l'accoudoir jusqu'à ce que le brouillard se dissipe de mes yeux alors je lâche l'accoudoir. Il me reste des bouts de mousse jaunâtre sous les ongles à force de m'y accroché le cuire est à moitié arraché et une masse mousseuse jaunâtre en ressort. Je regarde les petits morceaux tomber doucement au sol. Je vois la dame ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais je la coupe :
"_ Je ne parle pas ukrainien, dis je d'une voix un peut brute
_bonjour, comment t'appelles tu?
Je suis surprise, elle parle presque parfaitement anglais malgré son accent
_Maria, ma voix est faible et je me demande pourquoi elle me pose cette question, mais je la voie regarder derrière moi, sûrement quelqu'un. Il y a quelque chose dans ses yeux que je ne comprends pas. Je me retourne pour voire se qu'elle regardait. Les gens me dévisagent et je les entends chuchoter. Je ne comprends pas....les chuchotements sont de plus en plus forts et soudain quelqu'un se lève pour se diriger vers moi mais une dame âgée lui attrape le bras et lui quelque chose puis il se rassois en me fixant, tout le monde me fixe. Mais qu'ai je fais? La dame reprend la parole doucement mais sa voix tremble un peu,
_Je m'appelle Kassandra. Toi, tu es d'ici?
_non, un silence puis les gens reprennent leurs discutions, j'aimerais une chambre pour...quelques temps, ma voix s'est cassée; je ne sais pas combien de temps je veux rester, je ne sais même pourquoi j'ai voulu venir ici, peut être parce que j'espérait la solitude, je ne sais pas.
_ Il y a un hotel pas loin, mais, peut être que c'est mieux ici, j'ai l'impression qu'elle n'a pas fini sa phrase, comme si elle voulait me dire quelque chose d'autre mais non...
_Sûrement , je ne sais pourquoi j'ai dit cela, ça n'a aucun sens.
_la chambre est en haut je vais te porter
_....
_Ca ne te dérange pas?
_...., je n'aime pas quand les gens me disent ça, comme si j'avais le choix, que si je voulais je pouvais monter ses foutus escaliers, mais non, non je ne peux pas , je n'ai pas le choix!
Une fois en haut quelqu'un me monte mon fauteuil et m'aide à m'assoir et redescend. Pendants que Kassandra essaie d'ouvrir la porte je regarde autour de moi. Nous sommes sur un minuscule palier en bois sombre et sale où il y a à peine la place pour nous deux. Il y a deux portes elles aussi en bois sombre. Elles se fonts face et entre les deux l'escalier descend de façon abrupte. Elle ouvre la porte qui grince un peu. La chambre est tout aussi petite que le palier, je demande pour elle dit que c'est mieux qu'à l'hotel. J'entre. Il y a un lit calé contre le mur au fond de la minuscule pièce, au-dessus il y a deux petites étagères. Sur le mur en face il y a une grande fenêtre.
_Si tu as besoin de quelque choses n'hésite pas. Et elle referme doucement la porte.
Je reste un instant silencieuse. Puis je prends mes affaire et les jète sur le petit lit. Et puis je me rappelle que j'ai encore mon violon. Je le sors de sa housse. Je ne veux pas jouer, plus jamais. Qui voudrais jouer alors que sa vie s'est effondrée. Tout à coup l'instrument me dégoûte, d'une inutilité insupportable. Suis je devenu folle? Suis je perdu au point d'avoir oublié qui j'étais? Oui je crois, avant le violon était ma vie, sa musique me calmait, me rendait heureuse et puis c'était le violon de ma mère, c'était elle qui me l'avait donnée. Cet instrument me dégoute et à la fois m'attire. Je le prends sur mes genoux et je vais me planter devant la fenêtre. Elle donne sur la forêt et un peu plus à gauche je peux voir la centrale, sombre. La vue que j'ai aussi glauque que la salle en bas. La forêt forme une barrière de sapins si sombre qu'elle en devient inquiétante je n'aime pas cette sensation, je n'aime pas cette endroit. Je laisse mon front tomber contre la vitre glacée. J'entends un croassement, je relève un peu la tête toujours collée contre la vitre et je vois une masse noir passer , un corbeau. Cette vision me rappel ce jour, ce jour où tout à basculé. C'était un jour de janvier. Il neigeait beaucoup. J'avait sept ans et c'était papa qui conduisait. On allait chercher maman au poste de police et ma soeurs n'arrêtait pas de poser des questions mais papa ne répondait pas. Il disait qu'il était concentré sur la route mais c'était faux, je le savait. Il avait une drôle expression comme si il était ailleurs, il avait l'air tellement inquiet pour elle. Tout à coup un corbeau plongea sur le pare-brise et il tenta de l'évité mais la voiture fini dans le fossé. Heureusement personne ne fut blessé. Mon père et ma soeurs réussir à sortir. Mais moi... Moi je ne réussi pas à bouger. Mes jambes me semblaient retenue prisonnières d'un mal invisible, elles refusaient de bouger. Il fallut appeler un ambulance pour m'amener à l'hôpital. J'étais terrorisée. Là bas je fus placée seule dans une petite pièce. Il émanait une odeur acre insupportable et j'étais mal à l'aise dans cette pièce entièrement blanche. Le médecin m'avait dit que je ne resterai que deux jours. Mes parents et ma soeurs étaient venus me voir. Ils m'avaient ça irai et que mes jambes finiraient par obéir. Maman m'avait qu'elle était allée au poste parce qu'on lui avait volé son sac avec ses papiers mais que c'était pas grave. Ça avait l'aire de lui être égal elle semblait obnubilée par mon état. Pendant deux je fis de multiple examens, mais jamais on ne me disait ce que j'avais. Les troisième jour on ne me dit rien. Quand on me déplaçais on me plaçais dans un fauteuil. Je ne supportais pas ça parce que j'avais l'impression que si personne ne venait me chercher je ne pourrais plus jamais sortir, je sentais prisonnière. Au bout d'une semaine, le docteur vint dans ma chambre et me dit qu'enfaite c'était un nerf qui c'était rompu et que c'était pour ça que je ne pouvais pas bougé. C'était tout. Il ne m'avait rien dit d'autre et il était sorti. Cela ne me servait à rien de le savoir, moi je ne demandais qu'une seule chose c'était sortir, courir, sauter. Mais ça on ne m'avait rien dit dessus. Et puis le lendemain le docteur m'avait dit que je pouvais sortir, je n'avais pas compris: je ne pouvais toujours pas bouger mes jambes. Et il m'avait montré un fauteuil.
"_Je ne pourrais plus marcher, avais je demandé en sentant mes larmes monter
_Tu....Enfin....Tu t'y feras..., avait il dit sans réellement répondre à ma question, mais tu sais avec ce fauteuil tu iras plus vite que tout les autres enfants, c'est comme si tu pouvais courir, c'est.... C'est un peu pareil ...., comment pouvait il me dire ça, j'était assez intelligente pour savoir que c'était faux. Je savais pertinemment que je ne pourrais plus marcher....
Quand je relève la tête il fait déjà nuit, mes cheveux restent collé à vitre et je sens mes joue humide et froide, je me demande si c'est à cause de la vitre ou si c'est moi qui ai pleurée. Je regarde dehors, la forêt n'est plus qu'une ombre inquiétante. Le ciel est noir, sans étoiles. Tout à coup je me sens infiniment seule , comme si j'avais été oubliée. Je me sens mal à l'aise, et j'ai la nausée. J'ai l'impression que tout tangue autour de moi. Je pose une main contre la vitre pour me retenir, comme si je pouvais tomber alors que je suis assise. J'entends les marches de l'escalier grincer puis la poignée tourne. Sans me retourner je devine Kassandra. Elle s'avance doucement vers moi, silencieuse, elle dépose un petit plateau sur la table à coté de moi, sûrement mon repas. Je continue à fixer la vitre, je fuie son regard, je crois... Je l'entends ouvrir la bouche pour dire quelque chose et tout à coup mes membres se tendent; je suis comme une proie prise au piège qui attends son prédateur : je ne veux parler à personne ni même entendre leur voix. Mais elle se ravise voyant mon visage crispé. Alors elle ressort simplement. Je me décide enfin à regarder le petit plateau, dessus il y un bol avec de la soupe, une miche de pain et des biscuits. Cela fait plus d'une journée que je n'ai pas mangé mais pourtant je n'ai pas faim. Je regarde la soupe, j'hésite quelques minutes puis je tire mes manches pour attraper le bol brûlant. Je sens sa chaleur me brûler la main à travers le tissus. Et pourtant je ne le lâche pas, sentir la chaleur me brûler la main me rappel que je vis encore, pourquoi seul la douleur me rappel que je vis? Pourquoi est-ce la seule chose que je peux ressentir? Je me demande si c'est la culpabilité ou la solitude qui me fait le plus mal... Je crois que c'est la culpabilité car ce qui me fait si mal dans ma solitude c'est de me dire tout ceci est de ma faute... Si je n'avais pas été dans ce fauteuil ils aurais eu le temps de sortir, mais mes jambes sont mortes depuis trop longtemps... Quand le pompier a demandé à ma mère, dans leur dialogue silencieux, qui il sauvait en premier, j'aurais dût lui dire de prendre ma famille en premier, de me laisser, j'aurais dût mourir là-bas. Lui il savait qu'il ne pouvait pas tous nous sauver mais moi, moi je ne savais pas. Il y a cette image qui tourne en boucle dans ma tête, c'est leur visages, leur regard presque sereins, un peu trop même, autour de moi les gens hurlaient mais eux non, les gens criaient pour qu'on les sauvent mais eux ils semblais attendre paisiblement leur mort comme ils été résignés à ce que la mort les prennes. Mais ils avaient tort, ils auraient dût vivre, ils auraient dût me laisser... Cette image, cette pensée est obsédante, insupportable, horrible mais elle est impossible à fuir, elle me suit comme une ombre terrible. Ma soupe à complètement refroidie et maintenant je commence à avoir froid, derrière moi je sais qu'il y a une couverture sur le lit mais je ne bouge pas. Je repose le bol et je regarde le petit plateau, j'hésite puis je me résigne à prendre le morceau de pain. Je l'émiette un peu et puis je mange un peu aussi, j'ai l'impression de ne pas être là, comme si j'étais autre par, ou comme si j'étais nul par. Comme si j'était morte. Comme si mon fauteuil était mon cercueil, il me retient, il m'enferme dans ma douleur...
Les semaines s'écoulent, ternes, froides, sans vie. Les jours se ressemblent, se confondent, s'écoule avec une lenteur insupportable. Des jours à regarder incessamment le même paysage chaotique, presque apocalyptique avec ces grandes bâtisses en ruines, et tinté de dégout pour l'homme. Des jours à penser sans réellement penser, des jours à regretter plus qu'a se souvenir, des jours à pleurer autant de douleur que parce que c'est la seule chose que je sais encore faire. J'ai perdue la notion du temps, je ne sais pas quelle heure il est, je ne sais plus quel jour on est, mais après tout qu'importe, je suis morte, clouée dans mon fauteuil à attendre. Les gens disent que vivre ne se résume pas qu'à respirer mais je ne sais à peine si je respire. Je suis lasse d'attendre la vie ou peut être la mort. J'étouffe, je me noie, je me suis perdue, peut être même oubliée... Kassandra entre dans la chambre et comme chaque soir elle vient poser mon plateau sur le bureau, je m'attends à ce que comme chaque soir ressorte silencieusement, j'espère un peu . Mais au lieu de cela elle tire la chaise qui est devant la petite table et s'assoie à côté de moi devant la fenêtre. Elle respire fort et lentement les yeux plongés dans le paysage.
"- c'est beau n'est ce pas? Elle a parlée tellement doucement, j'ai toujours aimée regarder ce paysage, il me fascine, il m'attire, et puis il me fait penser à quelqu'un...qui me manque beaucoup" tout en parlant elle fixe l'horizon et une larme roule doucement sur sa joue. Autre fois ses paroles m'aurais attristé, ses larmes m'aurais donné envie de la réconforté, autre fois j'aurais dit quel chose mais je me contente d'acquiescer. Quelques minutes s'écoulent dans un silence lourd. Puis tranquillement elle se lève et se dirige lentement vers la porte et puis subitement je lui dit:
"- kassandra je veux sortir"mes paroles sont aussi dures que le ton que j'ai employé mais elle me sourie calmement, se sont les premiers mots que je dis depuis si longtemps. Elle me descend me place un masque sur le nez et la bouche et me donne un compteur G-M puis elle m'ouvre la porte. Dehors il commence à faire sombre et un vent glaciale rentre dans mes vêtements. Je pose le compteurG-M sur mes genoux et commence à avancer. J'empreinte une petite route malle entretenue qui file vers la centrale. Je longe la forêt. Lentement je m'approche de l'ombre dégoutante qu'est la centrale. J'entre dans la forêt. Au bout d'une heure...deux peut être, je ne sais pas, il fait presque nuit, le sentier débouche sur une petite place bétonnée. La première chose que j aperçois me frappe. Il y a sur cette place, au milieu des arbres plus ou moins morts des manèges de fête foraine. On aurais presque l'impression que le temps s'est suspendue. Il y a cette grande roue avec ses petites soucoupes d'un jaune presque malsain et ses barreaux si rongés par la rouille que je me demande comment ils peuvent encore tenir. Elle est la passible. J'ai du mal à m'imaginer des gens, ici, en train de rire ou de s'amuser. Pour moi ce paysage ne peut être que chaos et désolation, avec ses longs immeubles à moitié envahie par végétation et à moitié détruit par le temps. Tout à coup je me sens oppressée par ces grands arbres torturés aux ombres inquiétantes et ces sombres bâtisses abandonnées. Tout à coup je prend conscience du silence grincent et glacial qui règne, ce silence qui vous transperce comme une lame, ce silence qui hurle au désespoir et qui vous oppresse, ce silence vous enveloppe comme drap lourd dont on arrive pas à ce défaire et qui fini par vous faire suffoquer. Je prends soudainement conscience de ma solitude terrifiante. Pour la première fois depuis longtemps j'ai peur. Peur d'être seule, peur du silence des choses, peur des ombres. J ai du mal à respirer, mon cœur frappe contre ma poitrine, ma vue se trouble. Je cherche machinalement, palpant frénétiquement l'endroit habituel de la bretelle en bandoulière de l'étui de mon violon, je voudrais soudain pouvoir effleurer le bois si doux de mon instrument, de mon repère, celui qui m'aide à me calmer depuis toujours, celui que j'ai détesté ces temps ci mais qui maintenant me manque. Mais je ne le trouve pas, il n'y est pas. Mon compteur G-M s'emballe, le son est horriblement assourdissant, il résonne contre les immeubles et la sonnerie est de plus en plus forte et rapide. Tout à coup j'ai l'impression que tout dérape, je tremble, des larmes montent, mon cœur n'est même plus régulier comme si il tentait de fuir tout ce monde, des gémissement de détresse m'échappent, je voudrais partir en courant, rentrer chez moi et enfoncer ma tête de la cou de ma mère et sentir sont odeur... Mais je n'est pas le choix, je ne sais plus courir, je n'ai plus de chez moi, je n'ai plus de mère. Je n'en peu plus, je n'ai plus d'air, je suis terrifiée et hystérique, l'hystérie d'un enfants perdue qui veut fuir le peur. Je tente de faire tournée mon fauteuil qui me résiste comme si il voulait que je reste là. Il fini par tourner. Sans prendre garde je m'élance sur le petit chemin. Les arbres défilent toujours plus vite. Mais j'ai si peur que je n'entends même plus le son entêtent du compteur G-M. J'ai l'horrible impression d'être poursuivie. Je suis comme un animal. Je fuis. Je ne sais ce que je fuis mais je fuis. Je roule trop vite. Le chemin est complètement impraticable. Ma vue est brouillée par les larmes. Les roues fuient sous mes mains. Le caoutchouc me brûle les paumes de main mais je m'élance toujours plus vite dans la forêt sombre. Et puis il y a cet espèce d'ombre qui me poursuit. Tout à coup je me demande si ce n'est pas juste la mort... Elle est venue me chercher... Je tourne brusquement la tête en arrière, sans cesser ma course folle insensée, juste le temps de voir le petit sentier se faire dévorer par les grands arbres noirs avant de sentir le choc remonter le long de ma colonne vertébrale, comme une douloureuse vague qui me traverse. J'ai juste le temps de comprendre que je suis propulsée en avant. Je sens une douleurs aigue me transpercer le crâne. La douleurs est insupportable mais je ne peux rien faire, je suis là, sur le sol, comme un pantin désarticulé, impuissante. Je sens rouler d'épaisses gouttes sur mon front, lentement elles descendent jusqu'à s'emmêler dans mes sourcils et puis une à une elles tombent sur le sol en petites taches rouges qui se mêlent à la terre. Il en a une, puis deux, puis trois, elles tombent sur le sol de plus en plus vite jusqu'à faire une large tache qui commence à glisser avec une lenteur presque mal saine laissant derrière elle une trainée brune. J'ai mal. Et cette sensation du sang qui tombe goutte à goutte me donne une nausée horrible. La tête ma tourne. Il faut que j'essaie de me relever sinon je vais perdre trop de sang... Je tente de prendre appui sur mes mains pour me relever mais un cri de douleur m'arrache. Mes mains sont traversées d'une longue brûlure et à chaque mouvement ma tête résonne et ma blessure me fait atrocement mal. Je me débats pour me relever. Je m'épuise. Et je laisse retomber à terre lourdement. Un silence oppressant règne de nouveau. Il m'écrase chaque minute un peu plus. Je retiens mon souffle comme pour tenter d'entendre la peur siffler dans mes tympan. Je sens de nouveau cette ombre invisible, cette étrange sensation comme un regard obscène poser sur vous. Cette fois je suis sûr que c'est elle, c'est la mort, elle vient me prendre, elle vient m'emmener. Et tout à coup je me dis que mourir serait si simple. Juste se laisser partir. Que je pourrais le faire. Que plus rien ne me retient encore à la vie. Et que je n'ai plus rien à faire sur cette terre. Que je ne mérite pas de vivre. Qu'après tout si ma famille est morte c'est à cause de moi, ils sont morts pour moi. Qu'est qui me donne encore le droit de me réveiller le matin? Ils auraient dût vivre. Et tout à coup mon inutilité cuisante me transperce, m'écrase. Comme si ma simple existence sur cette terre représentait une tache sur le tableau de l'humanité. Comme si j'étais la personne de trop, celle que l'on montre du doigt. Je n'en peux plus. Vivre est insupportable. Je ferme les yeux. J'oublie. Je ne pense plus. Je ne pleure plus. Je n'ai plus mal. Je meurs doucement. Le sang coule jusqu'à mes main. Lentement mes membre m'abandonne. Mon esprit délire. Mes larmes sèchent comme le sang sur mon front. Et la nuit tombe. Je crois, même si ce n'est peut être que mon esprit qui à l'aube de sa fin divague, que sur le visage de mon corps inerte un discret sourire incertain s'esquisse. C'est le contentement de la mort, de plus avoir à se débattre vainement. Mon souffle ralentie. Je ne sens plus rien. Me revoilà en face d'elle. Elle qui, il y a à peine quatre mois, a pris ma famille. Je me laisse happer... J'expire une dernière fois...
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Un fauteuil pour cercueil
General FictionElle est là devant une fenêtre, assise dans son fauteuil le visage encore humide. Elle n'a plus rien à par une photo et son violon. Mais elle venu ici, à Tchernobyl pour mourir ou peut-être réapprendre à vivre...