Partie 1

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La jeune fille se tenait debout sur le bord de la falaise, face à l'horizon déchaîné. Le vent glacial lui lacérait la peau, et faisait danser avec furie ses longs cheveux noirs de jais devant ses yeux. Les lourds nuages sombres menaçaient de déverser leur rage sur la surface agitée de l'océan, tandis que les vagues se fracassaient violemment sur les rochers acérés en contrebas.

Des voix indistinctes retentissaient derrière elle. Souriant, elle prenait une longue inspiration et bondissait légèrement en avant, tombant vers l'inconnu.

Elle avait l'impression de voler. Portée par les flots comme par un millier de bras, elle se laissait guider, dépourvue de sens et de repères. Lorsqu'elle refaisait finalement surface, l'île était loin derrière elle, si loin qu'elle ne la voyait plus. La mer se calmait, et elle se laissait voguer, jusqu'à finalement être repêchée par l'équipage d'un bateau qui l'emmenait au port le plus proche, où elle finissait par s'échapper, libre de fouler le monde de ses pieds.

*

Elle ouvrit les yeux brusquement, un sourire se dessinant sur son visage fin.

Elle courait. Elle courait si vite que tous ses poursuivants la perdaient de vue les uns après les autres. Le sol froid et terne des couloirs gris qu'elle dévalait se déroulait sous ses pieds nus qui y bondissaient avec une légèreté déconcertante. Sa blouse blanche mal agrafée flottait autour d'elle, lui conférant une apparence fantomatique. Quelque part sur sa droite, un chien aboya férocement. Elle bifurqua dans la direction opposée et se jeta sur une lourde porte qu'elle poussa de tout son maigre poids.

Une bourrasque lui frappa le visage et la porte s'ouvrit d'un coup sec. Elle se trouvait dehors, face à une plaine touffue surplombée par de lourds nuages sombres. Elle reprit sa course, les hautes herbes caressant ses chevilles nues à chacun de ses pas. Tout autour d'elle, les hautes tours grisâtres ouvraient leurs yeux uniques et balayaient la surface de l'île de leur lumière aveuglante. Lorsque l'un des faisceaux repéra la jeune fugitive, des voix résonnèrent, des chiens hurlèrent, et plusieurs alarmes dissonantes s'activèrent. Mais elle ne s'arrêta pas, se laissant guider par les rafales de vent salé qui venaient la frapper à intervalles de plus en plus rapprochés. Elle contourna l'une des tours, toujours poursuivie par ces ombres menaçantes qui semblaient gagner du terrain. Cependant, elle n'était pas inquiète, et elle ne modifia pas sa course, cherchant à s'éloigner le plus possible des bâtiments austères.

Alors, elle vit l'océan. Une centaine de mètres devant elle, les flots déchaînés provoquaient le ciel qui répondait en grondant furieusement. Lorsqu'elle ne fut plus qu'à quelques mètres du bord de la falaise, elle ralentit, jeta un coup d'œil en contrebas, et esquissa un sourire.

Elle reconnut les rochers balayés par les vagues. Elle les avait déjà vus. Elle était au bon endroit. Soudain, une voix grave retentit derrière elle, en partie couverte par le vacarme environnant.

« Numéro 21 ! Numéro 21, je sais que tu m'entends, je sais que tu me comprends ! Alors ne fais pas de bêtise, retourne-toi et reviens calmement ! »

Elle ne se retourna pas. Des rayons lumineux allaient et venaient autour d'elle, et les cris et aboiements se faisaient de plus en plus insistants. Mais elle n'y prêta pas attention, dos à sa prison de pierre et d'acier, face à l'immensité du monde.

La jeune fille se tint debout sur le bord de la falaise, face à l'horizon déchaîné. Le vent glacial lui lacérait la peau, et faisait danser avec furie ses longs cheveux noirs de jais devant ses yeux. Les lourds nuages sombres menaçaient de déverser leur rage sur la surface agitée de l'océan, tandis que les vagues se fracassaient violemment sur les rochers acérés en contrebas.

Les yeux fermésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant