Tortures & Supplices

3# - Princesse soumise

Je n'aurais jamais pensé que ça allait se terminer ainsi.

~

Le blizzard malmenait ma chevelure blanche et me faisait tituber. Je ne voyais plus rien, avec tout ce vent, et toute cette neige. Je n'avais plus la force d'avancer, je me disais que j'allais mourir gelée...

Car le givre qui partait de mon cœur recouvrait à présent mes doigts et mes joues, créant des spirales bleutées sur ma peau tendre et la brûlant douloureusement. Il fallait que je le retrouve, il pouvait me sauver ! Je savais pertinemment que je ne pouvais pas le rattraper. Mais je pouvais au moins essayer. Qui ne tente rien n'a rien !

Un murmure passionné s'échappa de mes lèvres givrées sans que je puisse le retenir :

- Kristoff...

C'est stupide ! Comme s'il pouvait m'entendre... Mais tout à coup...

- ANNA !

Il... Il est là ! Je reconnaîtrais sa voix entre mille ! Il est revenu me chercher... Un regain d'énergie m'aurait fait courir si mon corps avait eu la capacité de suivre.

Je voulais sourire mais le froid maintenait mes lèvres dans leur position figée.

Je voulais avancer, mais une rafale me percuta de plein fouet et me fit perdre l'équilibre.

Ma cape magenta se couvrit de spirales de givre bleu et ma jupe aussi. Elles entravaient mes mouvements et ne me tenaient plus chaud. Le froid se glissa entre les interstices de tissu et taillada ma peau de sa morsure affreusement douloureuse.

- KRISTOFF !!

Il me répondit en écho. Soudain, le brouillard se dissipa et je le vit. Il était à plusieurs dizaines de mètres de moi, mais c'était bien sa silhouette, qui m'étais si familière à présent...

Je rassemblai toutes mes forces et parvint à faire quelques pas vers lui, mon souffle rauque formant un panache blanc qui se perdit dans le blizzard. Il courait, il courait jusqu'à moi, il allait me sauver...

Un bruit métallique me fit me retourner. Je plissai les yeux. À quelques mètres de moi, celui que j'avais cru aimer avait dégainé son épée et s'approchait d'une tache bleue immobile sur le sol de glace opaque.

- Elsa ?

Oserait-il la tuer ? Pour l'amour du ciel, non...

Je m'éloignai de Kristoff, le cœur déchiré. Allait-il comprendre que je ne le fuyais pas, mais qu'il fallait à tout prix empêcher cet imbécile de commettre un acte irréparable ?

Je ne sus comment, mais je parvins à avancer de quelques pas.

Il me tournait le dos, son arme à la main.

Elle était agenouillée par terre, comme résignée... Elle accepte la mort... Est-ce qu'elle m'aurait oubliée ? Et si elle est revenue à Arendelle pour moi, pourquoi se laisserait-elle tuer ? En tout cas, je ne pouvais pas la laisser s'abandonner à la mort !

Le fourbe leva son épée tandis que je faisais un autre pas, et, au prix d'un terrible effort, parvenais à dégeler mes lèvres pour ouvrir la bouche, m'apprêtant à hurler je ne sais quoi...

Mais il était déjà trop tard.

La lame s'enfonça de biais dans la nuque de ma sœur. Mais la tête ne se détacha pas comme je l'avais imaginé... L'arme était bloquée, sans doute par l'os, et restait fichée dans la peau. Le traître tenta de dégager son épée, frustré qu'elle n'ait pas accompli en une fois sa funeste mission. Mais le métal refusa de se détacher de la peau de ma sœur. Quant à moi, je fus pétrifiée d'horreur et un haut-le-cœur me secoua. L'arme se dégagea soudain avec un bruit sec, cédant à la pression qu'exerçait dessus son propriétaire en la tiraillant et en la secouant comme un forcené. L'ouverture cracha une quantité phénoménale de sang... bleu. Un bleu limpide et frais. Il coulait sur sa robe de givre et de lumière et ruisselait sur ses cheveux tressés. J'essayai d'avancer, mais je ne pus pas, j'étais trop faible, trop gelée...