Chapitre 3 : Évidences
Les jours qui ont suivis ce baisé, je me souviens parfaitement avoir cessé de répondre à ses messages et ses appels ainsi qu'aller à nos rendez-vous et le chercher à la fin de sa journée. Tout ce que nous avions l'habitude de faire ensemble, j'ai fait en sorte de tout arrêter, du jour au lendemain.
Il m'avait surpris et j'avais pris peur. Je sais, c'est stupide. Traites moi d'idiot si tu veux, j'en suis un. Un idiot peureux qui plus est. Alors la seule et unique chose que j'avais trouvé c'était l'ignorer.
L'ignorer pour l'éloigner de moi parce qu'il m'avait embrouillé et que j'étais désormais totalement perdu. Ce n'était pas le fait qu'il m'ait embrassé moi, un garçon qui me perturbait. Non. Ce qui me déconcertait c'était que j'avais aimé ça. Pourquoi?
Tout à l'heure quand je te disais que son geste m'avait empêché de dormir, c'était faux. C'était faux dans le sens où il ne m'a pas obnubilé toute la soirée mais chaque heure de chaque journée.
Même si je faisais tout pour ne jamais le rencontrer par inadvertance et toujours faire en sorte qu'il ne soit jamais dans mon esprit en me focalisant uniquement sur ma deuxième semaine d'examens. J'avais la désagréable impression que mon cerveau s'était ligué contre moi puisqu'il ne s'est pas écoulé un jour - quand je tentais vainement de ne pas avoir mes pensées rivées en permanence sur lui - sans que cette scène ne revienne pas, inlassablement, devant mes rétines.
Je me rappelle de son visage sur moi, ses paupières recouvrant ses grands yeux noisette et une de ses mèches rebelle chatouillant ma joue droite tandis que ses lèvres exerçaient une légère pression sur les miennes et que sa main retenait à la fois fermement et doucement la mienne.
Tous les jours, j'ai repassé cette scène en boucle, ou plutôt cette scène me déconcentrait mais j'étais persuadé que quelque chose clochait mais sans jamais réussir à mettre le doigt sur ce quelque chose.
Ce n'est qu'après avoir essayé de l'ignorer en vain pendant deux mois que j'ai finalement trouvé le détail qui me chiffonnais. Après m'être torturé le cerveau un nombre incalculable de fois, j'avais enfin trouvé ce qui me gênait.
Lorsqu'il m'avait attrapé le poignet alors que je sortais de chez lui puis retourné pour m'embrasser, les battements de mon cœur n'avaient pas cessé d'accélérer.
Je ne m'en suis pas rendu compte le soir même - ni les jours suivants d'ailleurs - pour la simple et bonne raison qu'après l'avoir planté devant chez lui, j'avais couru et donc pensé qu'ils étaient dus à ma course effrénée. Mais j'avais tort.
C'est à ce moment-là, lorsque j'ai eu ce déclic, que je me suis demandé si je n'avais pas fait une erreur. Si je n'avais pas réagi trop précipitamment en coupant tout contact avec lui ainsi.
Toute la première quinzaine de septembre, je me suis posé beaucoup de questions - trop de questions - du même genre parce que je prenais peu à peu conscience de ce que j'avais refusé de voir durant l'évolution de relation "amicale".
Inconsciemment, je m'étais convaincu qu'une rencontre comme celle-ci, par l'intermédiaire de blogs, était tellement invraisemblable qu'elle ne pouvait pas aboutir à une quelconque relation amoureuse. Je trouvais ça trop beau. Rencontrer une personne avec laquelle on s'entend aussi bien d'une façon aussi abracadabrante, cela me paraissait irréel. Un conte de fée que l'on raconte aux enfants rêveurs et pleins d'espoirs.
Mais non, c'était bien arrivé. Et mon cœur, à défaut de mon cerveau et de ma raison, l'avait compris depuis déjà plusieurs mois au vu des souvenirs de sensations de chaleur au niveau des joues et de mes battements de mon muscle vital lorsque je me trouvais à ses côtés.
J'avais passé plus de deux mois à l'ignorer royalement et je me rendais compte qu'au final je l'appréciais plus qu'un simple ami? J'avais vraiment été con sur ce coup, je te l'accorde. Alors une fois sûr de ce que je ressentais vis à vis de mon dongsaeng, j'avais pris mon courage à deux mains et décidé de lui faire une surprise.
Par un concours de circonstances, il se trouvait que ce jour où j'avais résolument décidé de me reprendre, nous étions le 17 septembre. Jour de son anniversaire.
Je me souviens avoir regardé l'heure, poussé une exclamation de surprise et de panique. Être sorti précipitamment de l'immeuble délabré où se trouvait le audio que je louais. Me diriger vers la station de métro, non sans avoir acheté un ballon d'hélium avec un gros "HAPPY BIRTHDAY" à un marchand qui se trouvait dans les souterrains et que je béni encore puis sauter dans le premier métro.
Certes, nous étions samedi mais je m'étais souvenu que YoungJae avait parlé d'une série d'examens durant la semaine du 12 au 17 septembre et dont le dernier était précisément aujourd'hui. Je ne sais toujours pas comment je me rappelais de ces dates mais j'étais plus qu'heureux qu'elles aient refais surface au bon moment. J'avais espéré tout le long du trajet qu'il n'avait pas fini avant 11h12, heure à laquelle je suis sorti du métro, pour m'élancer vers les escalators menant à la sortie.
Il n'avait pas fini à 11h mais à 13h. Je l'avais attendu une heure et quart, regardant toutes les cinq minutes ma montre et me convainquant à chaque fois que dans le pire des cas il me snoberait ou aurait fini avant que j'arrive.
Heureusement pour moi, le flot d'élèves qui avait commencé à affluer avait confirmé qu'il venait de finir. Restait à connaître sa réaction et je crois que je n'avais jamais autant redouté un moment de tout ma vie. Oui, oui, plus que pour n'importe quel examen que j'avais déjà passé dans ma courte de vie et je peux t'assurer que ce n'est pas le nombre qui manque.
Moi qui détestais attirer l'attention parce que plutôt réservé, j'avais gagné le gros lot en me ramenant avec ce truc flottant à une vingtaine de centimètres au-dessus de ma tête. Tous les regards convergeaient dans ma direction. La première chose qu'il a sûrement vue, comme tous les autres, est le ballon rose pétant à l'écriture argentée relié à ma main par un cordon violet.
Lorsqu'il m'a vu moi, toutes les émotions que j'ai lu sur son visage sont restées ancrées dans ma mémoire et mes yeux à moi ne l'ont pas quitté un seul instant. Il y a d'abord eu de la surprise, de l'étonnement, un moment de vide où il s'est arrêté de marcher, puis un mélange de joie et de bonheur lorsque son cerveau a pleinement pris conscience de ce que ses yeux voyaient. Par contre après je ne peux pas te d'écrire le reste de la scène puisque qu'une masse de 59kg m'a sauté au cou...
~ * ~
Le jeune homme pose son stylo Bic à côté du carnet, se redresse, s'étire et pousse un soupir de satisfaction.
"Bummie! Viens on mange!" Appelle une voix masculine.
"J'arrive!" Répond- t- il en se levant de sa chaise.
Il se dirige vers la porte de la chambre en évitant le lit double à sa droite et les quelques affaires sales jonchant le sol avant de se raviser et de faire demi-tour.
De nouveau à la hauteur du meuble en bois, il s'empare de son bleu et trace une dernière phrase sur le papier quadrillé avant de rejoindre l'unique sortie de la pièce.
On l'entend dévaler les escaliers puis des chaises raclant un sol en carrelage ainsi qu'un début de conversation animé, entrecoupée pas des bruits de couverts entrant en contact avec les assiettes.
Dans la chambre, la petite lampe du bureau qu'il oublié d'éteindre éclaire la dernière annotation de l'étudiant en médecine:
"Il y a deux façons de voir la vie, l'une comme si rien n'était un miracle, l'autre comme si tout était miraculeux" A. Einstein
By G-Wolf ~
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Journal Éphémère
Fanfiction《Lorsqu'il m'a vu moi, toutes les émotions que j'ai lu sur son visage sont restées ancrées dans ma mémoire et mes yeux à moi ne l'ont pas quitté un seul instant. 》 Une rencontre improbable...Une amitié peu probable et pourtant... ° octobre 2016