Chapitre 1: Hyacinthe

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Chapitre 1:

- ... Ainsi les chutes d'Icares se font de plus en plus fréquentes, si l'un de vos proches venait à disparaître, le numéro suivant est mit à votre dispo...

Clic.

Hyacinthe éteignit la radio et ferma la porte de la librairie.

- C'est vraiment une catastrophe. Toutes ces personnes qui disparaissent puis s'écrasent au sol... C'est carrément flippant.

Hyacinthe sourit.

- Mais la presse se régale...

Il entra dans le petit dépôt situé derrière les caisses -qui leur servaient aussi de penderie- où il rejoint le détenteur de la voix qui reprenait son discours engagé.

- Ils devraient avoir honte ! Tout le monde peut devenir un Icare... -Hyacinthe soupira et prit son manteau. Mais malheureusement, l'autre n'avait pas fini- ...et tous les disparus étaient déjà morts quand on les a trouvés...

- Arthur, s'écria Hyacinthe exaspéré, sérieusement t'as pas un sujet plus joyeux ?!

- Mais c'est super important ! On sait même pas comment...

- Je m'en vais à lundi !

- Hé ! Entendit-il son ami protester alors qu'il s'échappait furtivement par l'issue de derrière.

La porte se referma et Hyacinthe cacha ses mains dans les poches de son manteau. Il n'habitait pas loin et était donc venu, comme tous les jours, à pied.

Mais la proximité de son domicile n'empêchant pas ses mains de geler en hiver, il se mit en marche d'un pas décidé... Et trébucha, se rattrapant de justesse dans une gracieuse danse des bras, destinée au dieu de l'équilibre.

Il ferma les yeux. Il commençait à y voir trouble malgré ses lunettes. Enfin, encore plus que d'habitude.

Hyacinthe soupira et leva la tête vers le ciel qui s'assombrissait peu à peu.

Il était temps de rentrer.

***

La clé tourna enfin et Hyacinthe put pénétrer chez lui, pantelant.

Car forcément, son appartement était au dernier étage et les vieux immeubles (qu'il soupçonnait d'être des êtres perfides par nature) n'étaient jamais équipés d'ascenseur.

Il eu un mal fou à trouver la serrure et jura pendant une dizaine de minutes avant d'enfin pouvoir y introduire sa clé.

Puis il mit encore 5 minutes pour sortir de sa boîte aux lettres (qui se trouvait sur sa porte et obligeait donc le facteur à monter les 5 étages qui le séparait de sa destination ... Preuve s'il fallait encore le démontrer de la perversité des vieux immeubles) son courrier, ce qui le ferait passer pour un fou auprès de son voisin de palier.

Mais il n'avait pas de voisin de palier.

Il posa ses lunettes sur la panetière qui lui servait de table et alla allumer une grande lampe où s'enroulait un long escalier. L'ampoule, protégée par un petit couvercle, diffusait une douce lumière.

Il se frotta les yeux et s'affala sur une chaise face à la table pour consulter ses lettres.

Il déchira l'enveloppe de la première qui se presentait à lui et tenta de la déchiffrer.

Les lignes dansaient devant ses yeux tels des insectes agités, attirés par une quelconque lumière. Illisibles.

Il jura une énième fois et jeta son courrier au loin. Toujours sans prendre la peine de quitter son manteau, il se dirigea d'un pas assuré vers le vieux lecteur cassettes se trouvant dans un coin sur un petit meuble en bois usé par l'âge.

There is a light that never goes outWhere stories live. Discover now