Doppelganger

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Marseille, Quai n° 15 :

Marco en avait l'habitude, tous les samedis, un navire de croisière, pour l'Algérie, partait du port avec des feux d'artifice, et lui, restait aux abords, dans son bistrot habituel, à regarder le bateau avec envie.

Mais ce jour là, Marco avait besoin de décompresser. Cette semaine, il ne lui est arrivé que des merdes, une vraie dégringolade. Il a été viré de son job de caissier, il ne touchait plus son chômage ni son RSA, sa femme le trompait et l'a quitté du jour au lendemain, son appartement a été saisi pour payer ses dettes, sa voiture aussi. En une semaine, sa vie était au trou. Tu me diras, il doit bien avoir de la famille, mais celle si l'avait reniée depuis qu'il ne voulait plus vivre à la riche, comme son merveilleux grand frère qui étudiait à Science.Po.. Lui avait décidé de vivre comme tout le monde. Malheureusement « tout le monde » n'est pas d'accord avec ça, y compris son ex-femme.

Depuis ses jobs étaient devenus de moins en moins « honorables » comme disait son glorieux père, passant de chef-d'entreprise à employé de fonction, jusqu'à caissier au supermarché, même pas à plein temps ni en CDI. Et aujourd'hui, il était au bout du rouleau, deux-cent euros qui traînaient au fond de sa poche, une valise de vêtements pour bagages, et un ticket pour l'Algérie.

Il avait une connaissance là-bas, qui bossait dans une maroquinerie. Il lui avait promis un emploi, alors Marco se décida enfin à monter dans le grand navire de croisière, pas trop bien famé mais au pire c'est pour deux jours, pour recommencer sa vie.

Il posa ses affaires dans sa chambre réservée, à l'étage, et alla à la fête. C'était une boîte américaine qui tenait le navire, qui d'ailleurs ressemblait à un Las Vegas flottant plus qu'à un parc à thème. Il vît une pancarte 18+ à l'entrée du rez-de-chaussée. Il y fît son petit tour, deux pintes au bar, avec un monsieur shaker pas très net, les fumées planant au plafond, les strip-teaseuses au milieu, le casino autour. Les temps avaient bien changé...mais non je rigole il en a bien profité vous croyez quoi? Il est tout seul tranquille y va poireauter sur sa chaise lol!

Il joua au poker, mais y avait pas à dire : le niveau était différent de celui du bistrot avec le pastis olive à la main. Il prit une jolie raclée. Son argent presque entièrement claqué, son porte-monnaie vide comme un ballon de foot, il alla au fight-club. Oh ! hé c'est moi qui fait le script laissez moi tranquille si ça vous paraît chelou !

Ah... Pareil. Il prit trois fois sa raclée. Sonné, il se retira dans les gradins. Mais il avait besoin d'argent, une dent en moins n'était pas grave, il se promit d'y retourner. Une ado arriva, au milieu des autres bœufs. Elle entra dans le ring, avec autant d'entrain que si on lui demandait de prendre une aspirine. Une espèce d'asperge s'avança, en guise de combattant. Il tenta un droite-gauche, mais la fille apparût littéralement derrière l'homme et lui fît un german-souplex. Tout le monde arrêta de parler et regarda le prochain combat. Le suivant était le huitième du classement, pratiquant de boxe thaï. La petite se baissa juste à temps pour esquiver le coup de pied, et fît un croisement entre une roulade et un ATR. Le combattant se pris les deux talons dans les pommettes et tomba net. Les mises s'envolaient devant des combats aussi inégaux et impressionnants.

Le premier du classement s'avança alors, sauta par-dessus la troisième corde, et brailla de toute sa force des menaces à la fille. Qui se mit à chercher quelque chose dans sa poche. Le taureau s'approcha, grondant, et elle lui sortit un joli doigt d'honneur bien senti de sa poche.

L'animal se jeta sur la biche, qui disparût dans l'instant, et réapparût derrière la garde de l'homme complètement devancé, elle lui fît un uppercut de la paume, le faucha dans les airs et le gros tas de muscles aux protéines tomba de toute sa hauteur sur le dos, le souffle coupé. C'était plus de la gym c'était du Matrix là... La "gamine"remporta les mises. Et repartit, personne ne voulant la combattre après ça. A y voir de plus près c'était plutôt une jeune fille, aux abords des 16 ans.

Mais cela ne changeait rien pour Marco. Il était ruiné à présent, et en sale état. Il avait du avoir un moment d'absence, car à présent il était étendu sur le sol devant le fight-club. Ensuite il ne sût plus vraiment ce qu'il faisait, pris de haine pour monde. Des gens comme la fille pouvait avoir beaucoup d'argent et ne faiblissaient pas, tandis que lui était écroulé, en ruines, et n'avait jamais réussi à résoudre le moindre de ses problèmes tout seul. Il se demanda comment était la mort. Si il y avait un paradis, un enfer, rien, si on se réincarnait..

Si il allait en Algérie, il serait quand même payé une misère. Si il revenait en France, il n'aurait plus aucune place, à part un sac de couchage dans les quais de Marseille. Il alla au troisième étage, ressassant sa vie. A quoi ça sert la vie ? C'est vrai, a présent, il n'avait ni foyer ni amis digne de ce nom, qui l'avaient sûrement oublié, même pas sûr que l'autre maroquinier se souvienne de lui...  Au pire ça gênera personne si il part maintenant hein ? Se dit-il. Alors il traversa les pièces du troisième, se pencha au garde-fou, et sauta.

Mais il ne mourut pas. Ça n'avait pas été suffisant. Il en été ressorti sans même une égratignure. Le pont pourtant avait été un peu brisé, le plancher enfoncé. Il se releva quand même avec peine. Même la mort ne voulait pas de lui, ou avait pitié de lui. Un peu perdu par le fait qu'il n'était pas blessé ni rien, il se dit que manger un morceau lui remonterait peut-être le moral. Alors il s'assît au resto du deuxième étage et attendit le serveur, en comptant combien il lui restait d'argent.

Il vît soudain les vitres des cuisines exploser, et une ombre de plus de deux mètres de haut en sortir, tenant le couteau du traiteur, sa tête aussi visiblement.

Sa réaction ne se fît pas attendre, quand bien même qu'il était surpris, il courra dans tout les sens, comme tout le monde. Il fuya la chose. Un vieux tira sur la chose, drôle de bateau où les armes sont autorisées, les balles traversèrent l'ombre comme dans du vent. La chose se pencha vers le vieil homme. La chose a une forme humaine, bien que trop grande pour être réaliste. Elle étripe le vieux de toute sa force, repeignant les murs au passage. Il ne restait plus que Marco sur le pont.

 La chose éclata de son rire de gamin et se dirigea vers Marco. Le coup partit comme une bourrasque, et en un instant, Marco traversa les cuisines et perdit connaissance, après que la chose le pointait du doigt en chantant. Une chose bien étrange n'est ce pas ? Deux mètres soixante, la peau noire et pourrie, entre la fumée et l'eau, un masque de bois sur la tête.

Marco se réveilla dans la salle des caméras. Toutes ne marchait pas. Il sortit, complètement perdu. Il était au troisième étage. Il se pencha vers le pont pour voir la chose, mais il n'en n'eut pas besoin, il entendait les cris des gens de l'autre coté du bateau. Mais il n'y avait ni sang ni de plancher enfoncé sur le pont, comme neuf. Marco en eut mal au crâne. Comment c'était possible ? Avant qu'il soit tombé inconscient il y avait du sang, partout sur le pont, qu'il avait un peu cassé quand il avait sauté, et maintenant il n'y avait rien de tout cela. Il tomba nez à nez avec la chose l'instant d'après, avec son grand sourire jusqu'aux oreilles, le masque ne couvrant pas sa bouche qui puait le cadavre. La chose jeta le suicidaire par-dessus bord.

Mais notre homme n'en avait pas terminé. Il se réveilla sur le pont du navire. Il faisait l'aube à présent. La chose était assise à coté de lui. Elle ne parla pas. Le navire était en très mauvais état, il semblait avoir été abandonné. Ils arrivèrent à une plage, et le navire s'échoua. Marco, effrayé, descendit du navire, laissant la chose là.

Soudain, une voiture apparût, en plein désert, il fût percuté, et perdit une nouvelle fois connaissance. Il se réveilla dans un hôpital, à Alger. La fille du fight-club était assise, endormie sur une chaise à coté du lit. Marco avait mal partout. Il la réveilla. Il était onze heures.

Il lui demanda des explications. Marco était complètement sonné et avait du mal à tout comprendre de ce qui c'était passé, et raconta ce dont il se souvenait. Elle répondit qu'elle l'avait surveillé et amené à l'hôpital après qu'il est été battu trois fois au fight-club du navire. Il avait tout rêvé ?? Oui, répondit l'ado, un peu surprise de l'histoire que lui chantait le jeune homme. Puis elle repartit dans un au-revoir, prise par un rendez-vous.Marco continua de se poser des questions sur la jeune fille imbattable et son rêve, pourtant si réaliste.

TES-ER-ACT : Univers Numéro QuatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant