Toi.

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Il ferme les yeux si longtemps que lorsqu'il les ouvre à nouveau, Louis n'est plus devant la fenêtre et la lumière a baissé, est devenu plus orangée. Les tasses ne sont plus sur la table non plus.

Harry se redresse difficilement. Il a un peu mal au cou. Il frotte sa nuque et puis il se lève. Il traverse l'appartement. Il regarde dans la cuisine, personne.

Alors il va dans le bureau de Louis.

Louis est là. Il est assis sur sa chaise de bureau, une boîte sur les genoux. Harry s'approche et se penche par dessus son épaule. Ce sont des photos dans la boîte. Des photos d'eux.

Harry se souvient qu'ils en prenaient des tas avec le polaroïd de Louis.

-Regarde.

Louis lui tend une photo. Ils sont tous les deux, souriants face à la mer. Harry caresse du bout des doigts la surface froide du papier glacée.

-C'était pour mon anniversaire. Tu m'avais emmené en week-end.

-Hm. Et elle ?

Là il n'y a que Harry, qui se cache le visage entre ses mains, les épaules nues.

-C'est la première photo que tu as prise de moi. Je ne voulais pas d'ailleurs.

-Tu disais que tu étais trop moche.

Louis se met à rire et lui en tend une autre, sarcastique.

-Ironique quand on sait que après tu te laissais même photographier à poil.

Harry sourit. Il regarde la photo, lui au milieu des draps de Louis, le corps étendu comme celui d'un chat se réveillant au petit matin, un sourire énorme lui mangeant la moitié du visage. Il repose le polaroïd dans la boîte et se redresse.

-Pourquoi est-ce que tu regardes ça ?

-Je sais pas...

Louis referme doucement la boîte et puis il ajoute :

-Pour le souvenir.

Il se relève, laisse la boîte sur la chaise et puis il regarde Harry qui ne sait pas quoi dire, qui a l'air juste perdu, triste, immensément triste. Alors comme ça, sans trop savoir pourquoi, Louis tend sa main vers sa joue et attire son visage contre le sien. Il l'embrasse. Les lèvres de Harry sont plus fermes qu'avant, mais toujours aussi douces, aussi tièdes.

Harry le repousse doucement, mais ne s'éloigne pas. Ses lèvres glissent juste contre son cou et il inspire longuement.

Louis sent ses cils caresser sa peau.

-J'avais toujours le souvenir... Ce souvenir de ton visage. De ta voix. Je me souvenais de ça. De ta façon de marcher, de rire. De m'embrasser. De me toucher... Mais ton odeur, ça, j'ai fini par oublier.

Harry le respire encore. Longtemps. Et puis il l'embrasse, presque tendrement, sous l'oreille. Louis frissonne mais il ne dit rien. Il le laisse faire, la tête qui se renverse lentement vers l'arrière.

Jusqu'à ce que Harry siffle contre son oreille :

-Je t'aime toujours. Je te déteste. Je te déteste pour me faire t'aimer toujours.

-Je suis désolé...

-Non.

Harry se recule un peu. Il a sa main contre le poignet de Louis et il serre fort.

-Tu ne l'es pas. Tu es triste d'avoir tout gâché mais tu n'es pas désolé parce qu'au fond de toi, tu sais que c'était sûrement mieux comme ça.

Ses ongles s'enfoncent dans sa peau.

-On va recommencer, n'est-ce pas ? Ce soir, je vais rester ici. Tu vas me prêter un short de foot, un t-shirt trop grand, peut-être même un qui m'appartenait quand je laissais mes fringues chez toi, avant de rentrer au Centre. Je suis sûr que tu en as gardé. Je vais dormir ici. Contre toi. On va finir par faire l'amour parce que ce n'est pas possible autrement. On va pleurer ensuite. On va se dire des mots d'amour. On va se promettre la lune. On va refaire l'amour. Et demain matin tu me diras de rester toujours, et que si je ne veux pas rester alors c'est toi qui me suivra jusqu'au bout du monde. Tu diras ça les yeux dans les miens et je te croirais parce que j'ai besoin d'y croire et je suis certain que ce sera vrai, que tu me suivras partout où j'irais. Mais tu ne peux pas être désolé parce qu'on ne peut pas effacer ce qu'il s'est passé il y a cinq ans. On ne peut pas. C'était ton choix et tu y avais réfléchi. Je ne t'en veux plus au point de te haïr mais je sais que je ne te pardonnerais pas de m'avoir lâché à la dernière minute. Ca ne partira pas comme ça. C'est encré. C'est en moi.

Il lâche son poignet. Louis tremble quand Harry enlève son pull. Ses épaules sont toujours aussi rondes, d'une rondeur adolescente. Mais ses bras sont musclés, et décorés de tatouages. Beaucoup de tatouages. Jusqu'au milieu de son ventre, et sur ses reins.

Et puis il enlève son pantalon et son caleçon. Il est nu au milieu de la pièce, la peau blanche, caressé par la lumière du soir qui tombe.

Il semble à Louis retrouver dans ce corps nu, toute la fragilité du Harry d'il y a cinq ans. Il l'a retrouve partout. Mais surtout sur ses hanches, où des deux côtés, s'alignent des cicatrices. Des cicatrices blanches et propres, mais qui resteront là toujours, toute sa vie, que Louis touchera quand ils feront l'amour, qu'il aura sous les yeux en se réveillant le matin. Des cicatrices comme une ombre au dessus de leur vie.

Des cicatrices qui forment des mots, et des mots qui s'impriment dans l'estomac de Louis, qui le retourne, qui lui donne envie de vomir de pleurer. Des cicatrices qu'il touche du bout de ses doigts tremblant de peur et de colère.

Louis.

Menteur.

-Louis, on ne pourra rien réparer. Mais maintenant on peut au moins essayer d'arranger les choses.






*

« Tu crois en quelque chose toi ? »

« Quelque fois, quand je te regarde, je me dis que la seule chose en laquelle je crois,

c'est en l'amour. »

*

Ancora - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant