Automne

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     Les premières feuilles craquelaient sous ses pieds, l'automne était arrivé et je me réveillai alors dans un bois que je ne connaissais pas, ses rires faisaient écho tandis que je voyais sa silhouette disparaître au fin fond de la forêt. Sans même réfléchir, je me relevai et me lançai à la poursuite de la belle, les multiples volets de sa robe couleur ivoire faisaient virevolter les feuilles au sol et sa couronne de camélias créait un véritable contraste avec le décor orangé. Je l'entendais rire de vive voix, comme si elle ne s'était pas amusée de la sorte depuis sa plus tendre enfance, je la voyais courir par-ci, par-là, elle cherchait des cachettes et essayait de frapper dans les pommes de pins.
     Elle m'emmena dans une clairière où elle s'arrêta, m'attrapa par la main et me regarda intensément dans les yeux, elle était aussi belle qu'au premier jour, lorsque je n'était encore qu'un petit enfant, ses cheveux bruns étaient tout ébouriffés et ses yeux d'un marron profond reflétaient l'amour sincère que l'on partageait. Je ne pus résister à la tentation de la serrer dans mes bras, elle se mit à rire une dernière fois avant de courir à nouveau.
     Ce jeu dura plusieurs heures, notre course ressemblait à une valse rythmée par les nombreux éclats de rire de cette femme que j'avais aimée si tendrement. Nous nous arrêtions parfois pour nous regarder, elle m'observait avec amusement lorsque je m'essoufflais après un long parcours et je la rattrapais parfois afin d'attraper sa main un léger instant avant de la relâcher et de continuer ma course. Elle faisait danser sa robe comme elle faisait vibrer mon coeur, elle serrait mon âme avec tendresse sans même me toucher et caressait mes souvenirs du bout de ses fines mains.
       Mon pouls ralentissait en même temps que notre danse alors que ma bien aimée se mit à marcher plutôt que courir, je m'approchai d'elle, inquiet, et m'assurai qu'elle allait bien. Elle me répondit d'un sourire sincère et s'arrêta de marcher afin de s'allonger sur ce tapis de feuilles mortes.

"Merci." Murmura-t-elle tandis que je me mettais à côté d'elle.

     Les dernières feuilles frétillaient sous mes larmes, l'automne était parti et je me réveillai dans un lieu que je ne connaissais que trop bien, près de moi se trouvait la photo de la première femme de ma vie, vêtue de sa plus belle robe et d'une couronne de fleurs que je lui avais confectionnée. La pierre froide de sa tombe emplissait mon corps d'une chaleur intense alors que je me relevais. J'embrassai une dernière fois la sépulture et rentrai enfin chez moi.

"Merci, Maman."

Le ciel est grisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant