Je ne suis pas seule. J'ai mon carnet fleuri. Je l'ai trouvé à Hossegor, ce petit trésor, couverture en tissu liberty, pages blanches d'un papier nostalgique et luxueux. J'écris des poèmes, des petits poèmes avec des tirets - c'est l'influence Emily Dickinson. Tous les jours je remplis ces pages de mes petites mélodies. Depuis que la magie de l'inspiration a commencé au cœur de la nuit, ces mots comme des notes dans ma tête qui s'invitaient comme d'enchanteurs et réconfortants tourbillons, me permettant de chasser mes fantômes et de croire au pressentiment d'un univers plus magique, d'une vie plus pleine de grâce, plus émerveillée, plus près des anges. La poésie est devenue mon aventure, interne et troublante, elle est à la fois mon fil de promesses et de sagesses-rêveuses, mon exutoire et ma bougie, le témoin de mes lubies d'artiste, mon appel, mon recours au ciel. Je crois que c'est elle qui m'a sortie de l'abîme. Oui elle est comme un fil, conducteur, comme une petite rivière qui me rassure et me guide, et qui m'abreuve tous les jours. Je viens y laver mon cœur, enchanter mon esprit. En écrivant et aussi enlisant ces poètes qui ont su me toucher, me rendre admirative et enchantée, souvent m'épauler. Emily Brontë, Emily Dickinson, John Keats, William Blake, pour ne citer qu'eux; leur influence présente,les rythmes, les sensations, les images de leur vers anglo-saxons pleine de musicalité, de mysticisme et de vérité...
Poésie. Ma lumière.La vie comme un long poème. Ne pas perdre le fil - de la beauté.
Malgré cette fatigue qui demeure, cette étrange fatigue à vagues qui m'empêche de raccrocher vraiment avec le monde, avec les études, cette convalescence mystérieuse dont je goûte les paix et les bienfaits pour mon âme, pour son élévation, son intime révélation. Malgré cette angoisse parfois déchirante de n'être jamais délivrée vraiment, autrement que par la mort, de la maladie, de mes voiles, je vis à travers ces sentiments d'éternité et de beauté , ces expressions, et ces recherches de mon âme ou de mon esprit, comme je n'ai jamais vécu auparavant, regrettant seulement la solitude de ce paradis de parenthèse tendrement administré par le ciel, cette longue haletante aube d'une nouvelle vie, cette renaissance poétique.
Il y a pourtant à Toulouse une personne qui m'est chère, dont la présence est pour moi un véritable miracle et un secours sûr à quelques rues seulement. C'est ma grand-mère de cœur. Elle s'appelle Gilli, de son prénom, et c'est véritablement mon ange gardien sur cette terre. C'est une fée, une guérisseuse, elle pose ses mains sur moi en me parlant avec tout l'amour du monde entre les poupées, les orchidées et les roses de la chambre, et mon corps et mon esprit semblent retrouver leur lumière et leur énergie originelles; car quand je suis et sors de chez elle, il me semble toujours être dans un écrin de paradis qui semble pouvoir se propager à toute la ville. Comme si ce trottoir sur lequel je marchais était tout comme un nuage, où je suis continuellement assurée de l'amour et de la protection du ciel. Quelles que soient mes angoisses, mes égarements, je sais qu'après une visite à Gilli je retrouverai ce sentiment de paradis que je tente ensuite de poursuivre et d'entretenir dans mon bel appartement, univers peuplé de poésies, d'espoirs et de rêves.
La première fois que j'ai rencontré Gilli, c'était l'été dernier. Ma mère m'avait emmenée chez cette guérisseuse dont une amie lui avait parlé. Nous y allions car nous n'avions rien à perdre, mais une aide dans ma voie de guérison à gagner. J'ai été saisie par les yeux de saphir si tendres et si impressionnants, par la lumière qui irradiait de son être en flots continuels. J'avais découvert la magie d'un monde spirituel dans la solitude de ma longue convalescence, et voilà qu'à la sortie de ce tunnel de mes épreuves les plus éprouvantes, je voyais la lumière incroyable de cet être, je rencontrais une vraie personne magique, un esprit qui me tirait vers le Haut, vers le Ciel.Ses mains sur mon front et sur mon corps semblaient faire sauter toutes mes chaînes, mes entraves, mes misères, et mon corps se sentir passer du stade de la feuille recroquevillée à celui du pétale ouvert et soulagé, radieux, qui goûte avec délice la rosée matinale et toutes les promesses du Soleil. Cette rencontre a été un coup de cœur mutuel. À chaque fois que je rends visite à Gilli je ne manque pas de lui donner mes derniers poèmes recopiés;recopiés avec une grande joie de l'avoir pour lectrice. Elle sait toujours les apprécier avec le sourire infini de ses yeux qui commencent à les lire devant moi, comme si elle mettait tout son amour à la lecture, tout comme elle sait lire en moi et me révéler ce qu'elle sent intuitivement de mon être.
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Renaissance
NonfiksiPartie 1 - Conte d'une nuit étoilée Partie 2 - Ciel de lune Vie réelle, tome II