Prologue

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16h32, au détour d'une avenue, le soleil brille.

Je m'appelle Harleen, et je viens de finir ma journée d'études. Faculté d'économie ; j'aime le métier de la banque. Alors, même si c'est dur, parfois, je bosse. Enfin, je travaille. Papa me dit tout le temps de surveiller mon vocabulaire, si un jour, je veux lancer ma propre affaire. Pour lui, il y a deux choses primordiales dans la vie : la politesse, et sa fille. Moi. C'est amusant, tout le monde dit qu'on se ressemblent, comme deux gouttes d'eau. À cette pensée, j'arbore un demi sourire. Mais, dans la rue, je le ravale aussitôt. Sourire seule, quelle idée. Les gens risqueraient de me prendre pour une folle. Rapidement, mes doigts se glissent dans mes cheveux blonds cendrés, pour les attacher en une masse floue, sur le sommet de ma tête. Je glisse une mèche échappée derrière mon oreille, puis rajuste mon écouteur. Le son de la voix d'Hedia, avec son tube "Your Mind" flotte dans mes synapses. C'est tellement basique, comme musique. Mais j'aime. Après tout, pourquoi sans cesses chercher à se démarquer des autres ? Je risquerais de trop me mettre à l'écart. Comme si je ne l'étais pas déjà assez.

Une des seules choses qui puisse me démarquer du reste de ma faculté, c'est peut-être que je fais du parkour. Non, je n'ai pas fait de fautes, du "parkour". C'est une sorte de sport, qui consiste à courir et à escalader des obstacles, en milieu urbain. Un petit peu comme on voit dans les films, les héros, agiles. Papa dit que...Bon sang, il faut que je m'en détache. Je pense que ça peut me permettre de prendre un petit peu plus confiance en moi. Parce qu'à vrai dire, j'ai du mal avec le lâcher prise. Par le lâcher prise, j'entends que...que je suis réservée. J'aime tout ce qui est rationnel, les mathématiques, la logique. Ma bonne logique ne me quittera jamais. J'aime être sûre de ce que je fais, autant que 2 et 2 font 4. Alors sauter d'un mur à un autre, vous comprendrez que...que c'est parfois compliqué. Mais je souffle. Et je me dit "Allez, Harleen, tu n'es pas une nullarde."
Et mon cœur tape beaucoup trop fort pour sauter, quand c'est trop haut.

Oh, et puis, pourquoi je parle encore de ça ? Il faut que j'aille de l'avant. Mettre ses peurs de côtés, pour affronter le présent, déjà assez difficile. Alors j'écris un journal intime..Dans ma tête. Comme ça, au moins, je suis sûre que personne ne pourra lire à l'intérieur. Fermé, à double tour, et la clé dans le caniveau. Pour commencer ce petit"journal", j'ai décidé de dresser la liste de ce qui me fait un petit peu peur, dans ma vie. Histoire d'extérioriser. Il paraît que...ça aide.

Moi, Harleen, j'ai peur :

-Du vide
-Des araignées
-Du regard des autres
-Des chiens
-De parler en publique
-De perdre ceux que j'aime
-De perdre des objets, tout court
-...



Je suis bien partie, moi avec toutes ces contraintes. Alors, à moins d'un miracle, je vais louper ma vie.

God Bless HarleyWhere stories live. Discover now