Le secret // En Pause //

Chapitre II

Le soir, le calme était revenu dans la maison. On décidait donc de passer à table. Le sujet de la guerre était totalement ignoré. Mais dans ma tête, ce que mère m'avait répété sur cette prophétie... Cette prophétie me trottait dans la tête.
Lorsque j'étais plus jeune, maman me racontait souvent cette histoire pour m'endormir. Je n'y croyais pas moi à ce genre de conte inventé, bien qu'elle tenait ça de sa mère qui elle même la connaissait de sa mère.

Quand les récoltes seront bonnes. Quand les villageois seront heureux. Quand ils pensaient que la paix était installée pour toujours, une guerre horrible éclatera.
Les quatre îles désunies, ravagées par un héritage malheureux, se feront front. Des alliances naîtront, des trahisons se feront. Le Nord envahira les terres. Sur son passage tout sera détruit, certains villages disparaîtront, des villageois mourront. La guerre durera longtemps sans doutes. Mais dans cette effroyable guerre, un homme pourra tout faire basculer.
Lorsque que cet homme prendra conscience que sa place n'est pas dans sa famille mais au combat, lorsqu'il saura que c'est lui, cet homme arrêtera la guerre. Certes il lui faudra du temps, un guide, du courage. Mais cet héros vaincra et la paix reviendra, tout rentrera dans l'ordre.

Je n'y croyais vraiment pas à cette histoire. Comment un seul homme pouvait combattre une orde de soldats plus dangereux les uns que les autres. Je pensais que mère avait besoin de se rattacher à cette espoir. Cet espoir de victoire. Pour moi il était totalement infime.
"Impossible de gagner cette guerre" criais-je en plein milieu du repas
- Enfin Dan, tu ne peux pas être pessimiste. Ton père et les autres hommes feront de leur mieux pour écraser...

Mère n'a pas pu finir sa phrase que Père cria en colère :

- Non mais ça suffit Dan, tu deviens fou? Tu penses que c'est un état d'esprit d'homme de penser comme cela? Tu crois que c'est avec ce genre de comportement que tu deviendras un homme. Et dire que c'est toi qui doit veiller sur ta mère. Va-t-en je ne veux plus te voir.

Je quittais la table aussi vite. Je ne l'avais jamais vu autant en colère. La pression du départ soudain peut être, je ne sais pas. Mais j'avais raison. Le Nord compte une armée quatre fois plus grande que la notre j'ai entendu un vieillard le dire au marché. On sera vaincu avant même de commencer.
J'allais donc au lit, sans avoir fini de manger, en espérant que demain sera meilleur que cette journée riche en émotion.