Chapitre 8

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Je partis à grande enjambées à travers les arbres. Arrivée à la lisière de la forêt, je m’efforçai de contenir mes larmes, je ne voulais pas attirer l’attention des passants. Je sortis furtivement du lycée, essuyant les larmes qui avaient perlées sur mes joues. Mes pas s’agrandir au fur et à mesure que j’approchais de chez moi. Je ne pouvais plus contenir mes larmes. Je savais que c’était stupide de pleurer pour si peu mais le regard de Tym me revenait toujours en mémoire. Ce regard qui m’avait hanté tout au long de ma vie. Je ne pouvais pourtant garder aucun souvenir mais je ne pouvais pas expliquer comment, en mon fort intérieur, je savais que de nombreuses personnes m’avaient regardées ainsi et que cela m’avais fait souffrir. 

J’arrivai devant la porte de chez moi. Je ne voulais pas inquiéter ma mère ainsi je montai directement dans ma chambre, fermant la porte à clés. Je jetai mon sac négligemment sur le sol et sautai dans mon lit. Les larmes coulèrent alors à flot. J’enfouis ma tête dans l’oreiller et restais là jusqu’au petit matin.

Le réveil sonna 7h00. Je n’avais pas dormis de la nuit. Je devais encore affronter une nouvelle journée, mais je devais surtout affronter Tym, parce qu’il savait. Il était au courant. Personne ne devait l’être, je me l’étais promis il y a maintenant longtemps. Mais je ne l’avais pas tenue, cette promesse si importante à mes yeux. Je ne voulais pas me lever, je ne voulais pas le voir. Qu’est-ce qui m’y obligeait ? Mais si je suivais cette logique, je ne retournerais plus jamais au lycée ; Je passerais ma vie dans cette chambre, allongée sur ce lit, l’esprit ailleurs déjà partit vers l’au-delà. Mais malgré toutes mes convictions je voulais vivre. 

Alors je me suis levée, je me suis préparée et j’ai pris la direction du lycée.

Mais il n’attendait. Je me figeai. Que faire ? Je ne pouvais l’affronter, pas encore. J’avançai pas après pas, me rapprochant inexorablement de lui, de mes soucis. Je traversai le portail, ignorant ses paroles, ignorant le bras qu’il tendait pour me retenir, ignorant sa présence. Pourtant je le sentais, je sentais ses yeux me fixer. Je pouvais deviner son expression. Mais je marchais me concentrant sur mes pas. Un pas, Deux pas, Trois pas… Me voilà assise sur ma chaise, devant mon bureau et le professeur entrant dans la pièce. Je poussai un soupir de soulagement. J’étais passée sans avoir à l’affronter. Mais je ne pourrais m’éviter éternellement à mon grand désarroi. Les heures défilèrent et la fin de journée arriva plus vite que prévu. Je rangeai mes affaires dans mon sac quand je le vis s’approcher. Pas encore, je n’étais pas prête.

« Cassandre. M’appela-t-il

Je me tournai pour ne plus le voir.

-Ecoute-moi, s’il-te-plait.

Je fermai les yeux comme si je ne pourrais plus sentir sa présence mes sa voie retentit à nouveau.

-J’aimerai vraiment te parler.

Plusieurs minutes s’écoulèrent.

-Regarde-moi s’il-te-plait. Me dit-il en posant sa main sur mon épaule.

Je frémis à son contact, il me relâcha mais resta derrière moi. Je décidai finalement de me retourner.

-Ecoute. Je n’ai pas de compte à te rendre alors laisse-moi tranquille.

-Je voudrais que l’on devienne ami.

Sa demande m’étonna. Mais je me ressaisis. Il avait seulement pitié, rien d’autre.

-Tu te lasserais vite. Dis-je la gorge nouée.

-Non. Dit-il d’un ton confiant.

Je relevai la tête et le regardai dans les yeux. Il y avait une telle détermination dans ces derniers que je m‘exclamai :

-Pourquoi ?

-Parce que j’ai envie.

Un rire nerveux m’échappa.

-Ce n’est pas une réponse.

-Pourtant tu devras tant contenter.

-Je t’oublierais.

Il cilla quelques instants avant de se reprendre.

-Je sais.

-Mais tu n’es pas prêt.

Il cilla encore.

-Si.

-Non tu ne veux pas souffrir, aucun humain ne veut souffrir.

-Je ne veux pas souffrir. Avoua-t-il. Mais tout le monde souffre dans la vie. Et je sais que la souffrance peut apporter des moments de bonheur alors je suis prêt à l’accepter. 

-Je ne comprends pas pourquoi tu fais tout ça.

-Moi non plus. 

Sa franchise me surprit. Je restais devant lui. Il n’esquissa aucun mouvement. Il ne parla pas. 

-Je ne veux faire souffrir personne. Dis-je avant de partir.

Sa détermination m’avais vraiment surprise mais j’avais recouvert mes esprits. Je ne pouvais m’attacher à personne, je me l’étais promis.

Le lendemain je l’avais évité mais le jour suivant alors que je pensais m’être échappée. Il me coinça dans une ruelle. En d’autre circonstance, il aurait pu paraitre louche mais je savais ce qu’il voulait alors avant qu’il n’est pu prononcer une seule parole, je me suis exclamée : « Arrête. Je ne veux pas voir encore d’autre personne souffrir à cause de mes pertes de mes mémoires. Tu veux juste avoir bonne conscience en m’aidant mais tu vas t’apercevoir que tout ce que tu pourras obtenir c’est de la souffrance rien d’autre et tu partiras. C’est comme ça que ça se passe toujours alors je ne vois pas pourquoi tu ferais exception.

Il réfléchit avant de lâcher :

-Tu es lâche. 

-Quoi ? Fis-je étonnée.

-Tu fuis. Ce n’est pas moi qui ai peur, c’est toi.

-Comm… Il me coupa la parole

-Tu as peur de souffrir alors tu fuis quand quelqu’un commence à s’attacher à toi. Tu n’affrontes pas, tu évites. Tu m’as toujours évité. Il a fallu que je te cours après pour te parler. Tu n’as pas tellement peur que les gens souffrent mais plus que tu puisses souffrir à travers leur tristesse. Tu te caches et t’éloignes de tout le monde pour ne pas souffrir. Si l’on considère cela alors je peux te qualifier de lâche. 

Je restai ébahi devant ses paroles. Je ne fuyais pas, je n’ai juste pas la force. Je voulus répliquer mes mots restèrent coincés dans ma gorge. Je le regardais confusément, réfléchissant à ses paroles. Est-ce que j’avais peur de souffrir ? Oui. Est-ce que je l’avais évité ? Oui. Est-ce que je mets de la distance entre moi et les gens ? Oui. Mais pour autant est-ce que je me cache ? Est-ce que je suis lâche ? Je… Je n’arrivais plus à réfléchir. Ce fût le moment où Tym décida de me quitter. Il traversa la ruelle. Mais il se retourna et dit : « Je veux devenir ton ami, Cassandre. » 

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