Les yeux du prédateur

Chapitre 3

« Encore un verre, s'il-vous-plait. »

« Monsieur, c'est le quatrième que vous prenez. »

« Tant que je paye la note, qu'est-ce que ça peut vous faire ? »

Le barman poussa un soupir et versa de nouveau du whisky dans le verre de Peter qui était attablé à un comptoir. Dans le bar se trouvait encore quelques personnes, mais l'envie de sommeil l'avait emporté sur le désir de se rendre ivre. Au comptoir, il n'y avait que Peter, penché sur son verre et une femme aux longs cheveux brun un peu plus loin. Elle buvait un simple verre de vin et semblait intéressée par le match que disputait l'équipe de Liverpool contre celle de Chelsea. Elle jetait parfois des regards en coin au policier, mais ce dernier ne les remarquait pas, trop absorbé par le liquide brun sous ses yeux.

Peter était arrivé dans ce bar aux alentours de 0h00, après avoir tourné dans son appartement durant plusieurs heures. Il était rentré chez lui après avoir planté Judith au commissariat, une fois que Sean lui ai confié que ce médecin légiste qu'il avait rencontré, ne lui ai raconté que des mensonges. Stupidement, Peter avait cru aux dires de ce James. Après tout, il était médecin et lui avait tenu un discours des plus logiques. Mais à bien y réfléchir, ses affirmations sur des personnes qui se droguaient en côtoyant la mort, lui paraissaient maintenant beaucoup trop surréalistes pour qu'il puisse croire cet homme. C'était Sean qui lui disait la vérité. Ce James était un fêlé et il avait pris un malin plaisir à se foutre de lui, à le voir bêtement espérer pour rien. Son père s'était fait tirer dessus par un camé, et c'était tout. Maintenant, il s'agissait d'enquêter pour foutre le drogué derrière les barreaux. Il n'y aurait pas d'autre investigation. Il devrait faire son deuil et apprendre à vivre avec seulement le souvenir de son père.

Peter poussa un soupir et but son whisky d'une traite. Il posa ensuite son verre d'un geste sec et se leva après avoir déposé de l'argent sur le comptoir. Il attrapa son manteau et l'enfila difficilement, tout en chancelant.

« Vous rentrez chez vous ? » - demanda le barman en se tournant vers lui.

« Ouais. » - marmonna Peter.

« Vous avez quelqu'un pour vous ramener ? »

« Pas b'soin, je sais conduire. »

« Peut-être, mais vous n'êtes pas en état. Donnez-moi vos clés, je vous appelle un taxi. » - ajouta le barman en tendant la main en sa direction.

« J'suis flic, bien sûr que je peux conduire. Vous n'aurez pas mes clés ! » - rétorqua Peter en se dirigeant vers la porte tout en titubant.

« Monsieur ! Si vous êtes flic, vous devez savoir que je ne peux pas vous laisser conduire dans cet état ! » - s'exclama le tenancier du bar en t'attrapant par l'épaule.

« Ne m'touchez pas ! » - cria Peter en se tournant vers lui tout en levant le poing.

Soudain, quelqu'un attrapa le bras du policier afin de l'empêcher de s'en prendre au barman. Les deux hommes froncèrent les sourcils et se tournèrent vers la brune qui était assise au comptoir. Elle avait observé tout le manège de Peter et avait finalement décidé d'intervenir. Elle portait un rouge à lèvre de couleur sombre et ses yeux étaient perçants. Elle avait cette beauté froide digne des femmes scandinaves. Elle était superbe. Surtout aux yeux d'un Peter complètement ivre qui pourrait même dire oui à Vanessa dans cet état.

« Je m'occupe de le ramener, monsieur. » - dit la femme en se tournant vers le barman. On pouvait entendre dans sa voix un fort accent russe qui ne gâchait pourtant en rien à sa beauté. Elle tenait toujours le bras du policier qui était un peu désarçonné.