Je m'installe maladroitement sur un siège reculé. Finalement ! C'est le premier procès auquel j'assiste ! Je ne tiens pas en place et sautille sur mon siège comme une droguée.
- Restes un peu tranquille tu veux !
Ahurie, je m'arrête un instant et regarde le protagoniste qui m'a enlevé toute mon excitation. A première vue il est petit et... chinois. Lui a les yeux rivés sur mon pantalon et il relève finalement la tête.
- Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai quelque chose sur le visage ?
Ce chinois commence à me taper sur les nerfs avec son ton ! Non mais pour qui il se prend ?
- Oui, tu as un truc collé au visage... qu'est-ce que c'est déjà ? Ah oui le nom me revient ! La connerie.
Fière de moi, je me retourne vers la salle d'audience où j'aperçois mon frère entrer. Je ne peux pas m'empêcher de le regarder avec admiration. Qu'est-ce que j'aimerais être à sa place ! A côté de moi, j'entends un rire étouffé.
- Il va se faire démonter !
Attends là ! C'est de mon frère qu'il parle comme ça ? LE GRAND LEE SOO HYUK ! Meilleur avocat de la ville ! Du pays même !
- Pff, tu plaisantes ! C'est le procureur qui va se faire éclater oui ! Regarde ce sac d'os ! On dirait qu'il va s'effondrer à tout moment ce vieux croûton ! Il est né en quelle année, en 1718 ? (je lâche un rire.) Et avec sa calvitie et ses oreilles de lutin, y'en a pas un pour rattraper l'autre à ce vieux bout de viande avarié !
Le chinois me regarde avec des yeux ronds comme des S.Coups (soucoupes, pardon).
- Quoi ? J'ai quelque chose sur le visage ?
Je le regarde avec un sourire en coin. Il prend une grande inspiration.
- C'est mon père.
Je m'étouffe avec ma salive. Un rire nerveux m'échappe.
- Bah tu sais c'est pas si...
Je ne prends pas le temps de finir ma phrase que je me précipite vers la sortie. En passant la porte, je me déboite l'épaule sur le bois de chêne et fait un bruit monstre. Plusieurs paires d'yeux se posent sur moi, y compris le juge. Je me mords la lèvre et me retourne, toute dents dehors.
- Veuillez m'excuser mon honorable Honneur.
J'éxecute une courbette et ne demande pas mon reste.
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Ca fait un moment que je marche sans destination, la tête dans les nuages. J'aperçois un petit magasin et décide d'aller y acheter du chocolat. Quoi de mieux quand tu es stressé ! Arrivée devant la caisse, je pousse un soupir qui fendrait la Terre en deux.
- Alors qu'est-ce qui ne va pas ma jolie ?
Je regarde le caissier d'une quarantaine d'années et lui sourit faiblement.
- Je suis une grosse nulle, voilà tout !
Je sors l'argent de mon sac.
- Je peux arranger ça...
Je le regarde et plisse les yeux. Il m'adresse un sourire suivi d'un haussement de sourcils aguicheur.
Je pose ma tablette de chocolat lentement.
- Mais espèce de pervers ! Vous n'avez pas honte ? Et puis franchement vous pensez vraiment qu'une fille acceptera de coucher avec un vieux pervers comme vous ?! Vous êtes dégoûtant monsieur !
Je lui donne un coup de sac à main.
- Mais ça va pas ou quoi !
Il contourne le comptoir et se poste en face de moi, me barrant la route jusqu'à la sortie. Je fais toute de suite moins la maligne quand je le vois me dépasser d'une bonne tête et son regard tueur me transperçant comme des lames.
- Répètes un peu pour voir.
Il m'attrape le poignet et le serre si fort que j'ai l'impression qu'il va garder ma main dans la sienne.
- Lâchez-moi vieux fou !
Il rit à gorge déployée.
- Lâche-la.