L'idée.

L'école baclée

  Cela faisait maintenant 12 ans qu'Yves Letronc et Georges Buchers étaient mes deux meilleurs amis, nous étions tous les trois inséparables et dans la même classe chaque années. Nous étions les pires cancres de la classe (et je me permet de vous dire que je ne suis pas qu'un peu fier de ceci). Mais les meilleurs en matière de mauvaises blagues. On les avait vraiment toutes faites, les coins des salles de classe où j'avais été puni, étaient pour moi ma deuxième maison (j'y passait tellement de temps !).

  En CP, nous avions jeté le sac de notre professeur dans un puit.
  En CE1 ou CE2, je ne sais plus, nous avions mis de l'huile dans les escaliers de l'école pour que Mme Cachard, notre professeure, tombe et se casse quelque chose (elle n'était ensuite pas là pendant 2 semaines).
  Nous avions volé les clés de la voiture de M.Pequebourg qui habitait à 50 kilomètres de l'école, puis, nous les avions jetés dans les égouts.

  Vous diriez bien sûr que c'est une honte de faire cela à des pauvres professeurs et j'aimerais beaucoup vous rassurer en disant que tout cela est faux or ce n'est pas le cas. C'est pour moi une satisfaction, une fierté, et même, un divertissement. Oui, moi Pierre Hoguelaud, je trouvais cela marrant de faire cela, de torturer ce qui nous torture. Pour tout vous dire, ce n'était même pas le quart de nos bêtises exécutées. Il est vrai que mes parents m'avaient fortement grondé pour chaque mots sur mon comportement déplorable mais je n'ai jamais été privé de quoi que ce soit et franchement je ne le méritais pas.

  Bon, d'accord, je l'avoue, une fois nous sommes allés trop loin :
  C'était en février 1959, j'étais en quatrième, en cours de maths avec Mme Delachaud. Georges , Yves et moi avions bavardé un peu trop bruyamment, je pense. Suite à cela, en nous voyant nous bidonné, Mme Delachaud a crié :
"PIERRE, GEORGES,YVES !!! VOUS VOULEZ QUE JE VOUS AIDES ???!!!!"
Yves a rétorqué : "non merci, sans façon par contre, personnellement j'ai un peu soif alors s'il vous plaît, puis-je avoir un verre de jus d'orange ???"
Toute la classe a pouffé de rire.
J'ai rajouté une couche en disant que je désirais du whisky. Et Georges a dit qu'il aimerais avoir 12 chopes de bière et que si elle était gentille, elle (Mme Delachaud) pouvait en prendre un peu.
  Ah mon avis, c'était trop. Alors, notre professeure est devenu rouge et a hurlé : "JE VOUS DONNE A TOUS LES TROIS CINQ HEURES DE COLLE SAMEDI PROCHAIN A HUIT HEURE !!!"
Puis il y a eu un blanc, un silence où l'on pourrait entendre une mouche voler. Et c'est à ce moment précis que, à voix basse, Georges dit à Yves et à moi :
"A mon avis, elle devrait avoir ses règles pour parler de cette manière".
La classe a encore rigolé puis, Mme Delachaud l'a pris par le col et, l'a fait sortir de force de la classe. En fait, elle l'a poussé en dehors de la salle et Georges s'est cogné sur le mur du couloir où était la classe. Il n'a pas bronché, ni répondu, ni rien.
La fin des cours a sonné puis nous nous sommes retrouver au grillage du collège avec un mot dans le carnet de correspondance (pour ma part, le plus long de toute ma vie). Pour se venger, nous avions eu cette idée là :

  Le père d'Yves était jardinier. Yves devait prendre une cisailles à haie (plutôt grande), puis le lendemain soir nous couperions les freins de voiture de Mme Delachaud. Simple, mais efficace.

Le lendemain soir, quand nous nous étions assuré que Mme Delachaud n'était pas encore partie, le plan s'est mis en marche. Suite au coup que s'est pris Georges contre le mur quand elle l'a poussé en dehors de la salle, il avait un énorme bleu sur toute la partie droite du visage. Alors on lui a donné l'honneur de couper ces freins. Georges est allé en dessous de la voiture, on lui a donné les cisaille puis il a fendu les freins.
  Le lundi matin, le directeur est venu dans notre classe et a déclaré :
"Mes chers élèves, j'ai l'immense regret de vous annoncer le décès de votre professeure de Mathematiques, Mme Delachaud. Elle a perdu la vie suite à un tragique accident de voiture vendredi soir. Vous assisterez donc à son enterrement le 14 mars à 10 heures 30. Paix à son âme"
Yves, à la récréation nous a dit :
"Nous sommes allés trop loin. Je veux que nous n'en parlions à personne."
Georges a rétorqué :
"Oui, tu as raison. Mais regarde le bon côté des choses on a plus nos cinq heures de colles". Et pour ne rien vous cacher, Georges et moi ne regrettions pas d'avoir tué Mme Delachaud : personne ne l'aimais, elle était froide et sévère.