II - Liberté

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            Rin resta longtemps à contempler les cieux, colorés d'une aurore boréale. Immense toile noire accompagné d'un tissu vert, parsemé de milliers d'étoiles, points scintillants qui attirent notre esprit jusqu'à nous emmener dans un autre endroit, ailleurs, loin. Loin d'ici.

Loin de la réalité, loin de tout.

Le temps passa, s'écoula puis ses paupières décidèrent de se fermer. Alors, lentement, doucement, elle recula inconsciemment pour se retrouver sur son lit tandis que dehors le monde s'en allait, disparaissait et sa chambre reprenait son allure normale.

Le lendemain elle rouvrit les yeux pour se découvrir allongée par-dessus la grosse couette rosie qui bordait son lit. Elle ne bougea pas tout de suite. Ses yeux marrons reflétant de manière magique quelques morceaux de lumière vagabonds se dévoilèrent. Alors elle retourna à ses occupations, reprenant la tablette en s'allongeant sur le ventre. Elle esquissa. Tout ce qui lui venait à l'esprit se retrouvait réalité et pourtant, depuis quand connaissait-elle tout cela ? Pourquoi son esprit imaginait de telles choses ? Ces immenses paysages resplendissants dans leurs couleurs. De la verdure au roc ; de la glace scintillante aux brumes et cieux assombrissant ; des arbres majestueux aux arbres inertes de bois mort et joli.

Puis elle sortait de son banal cube et sautillait sur ces immenses tours rocheuses, faire des galipettes et courir sur cette douce herbe légèrement grasse, s'agitant au gré d'une brise on ne peut plus agréable. Elle se sentait libre, incroyablement libre. Comme vous. Vous, si, au matin, dans un souffle léger et un ciel orangé, tandis que vous vous éveillez gracieusement, de nouveaux muscles étaient à vous, vos yeux rivés sur les ailes qui vous auraient poussé dans le dos. Et alors, vous vous élèveriez, doucement, gaiement, lentement mais sûrement vers le ciel immense pour contempler l'infini lointain, les paysages dignes de tableaux sublimes aux coups de pinceaux qui caressent l'œil tellement leur vision est agréable. Puis vous voltigeriez. Alors, au pus profond de vous, un sentiment. Une sensation des plus agréables s'accaparerait de vous, une légèreté inégalable et vous le sauriez, vous le chuchoteriez : « Je suis libre. » Libre et léger. Libre et égayé ! Libre et amoureux ! Libre et seul... Seul sans l'être réellement puisqu'au fond de vous, un cœur. Cœur battant, résonnant. Et dans votre solitude vous en feriez aussi la remarque :

- Je ne me sens pas seule.

La solitude, dérisoire, s'évaporerait avec vous en s'envolant ailleurs et vous pourriez à nouveau profiter pleinement de cette liberté. Sans vous en lasser, vous finiriez tout de même par atterir, au moins pour un court temps...

Elle tomba dans l'herbe en galipette et allongée sur le dos, sourit. Se redressant elle vit un peu plus loin un arbre gracieux duquel s'échappait une branche d'un doux bois. A celle-ci étaient accrochées deux lianes verdâtres qui retenaient une planche de bois bien taillée, bien travaillée. Elle se leva pour s'en approcher. Un air interrogateur et nostalgique à la fois s'afficha sur son visage.

Rin tendit la main pour attraper l'une des lianes. Un instant.

Rapide.

Et elle la lâcha.

Un instant où elle vit. Vit et ressentit. Qu'avait-elle vu ? Elle ne le savait pas vraiment. Mais c'était une fillette. Une fillette si petite, si mignonne, innocente, assise sur quelque chose de similaire à ces deux lianes et cette planche. Une balançoire, c'est ainsi que cela s'appelait. Mais elle ne le savait plus.

Une main virile et masculine ; une main adulte avait poussé cette balançoire et la fillette avait souri à celui qui agissait ainsi. Rin avait aperçu le point de vue de la fillette et un visage d'homme était apparu bien que flou. Tout ce flash, rapide et dans des images tremblantes l'avait fait reculer. Puis la simulation avait commencé à s'effacer sans pour autant qu'elle ne retourne dans le fameux cube...

Shelter : Alone in Virtual WorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant