PARTIE 2 : Yanis

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Dès l'instant où mes yeux se posèrent sur elle, je sus automatiquement que cette fille serait mienne.

Elle était assise sur un banc du collège, l'air un peu agitée, à environ 5 m de moi – javais le dos appuyé contre un poteau avec un groupe de filles autour de moi. À ses pieds se trouvait un sac à dos violet et une veste noire à moitié chiffonnée sur ses genoux. Tous ses traits étaient tendus et elle se balançait légèrement davant en arrière, comme si elle avait envie de fuir ce banc le plus loin possible – ou me fuir, moi.

Elle était grande, très grande pour son âge – elle devait mesurer dans les 1, 70 m, voire plus. Elle avait de longs cheveux blonds ondulés qui lui arrivaient dans le dos et retombaient gracieusement en vagues lisses sur ses épaules, des yeux en amande – exactement comme les miens ! – dun magnifique vert foncé, comme de la jade, et un nez légèrement retroussé qui lui donnait lair à la fois mignonne et fragile – mais surtout mignonne –, ce qui était assez touchant.

Cette fille était seule, ce qui marrangeait vraiment car javais lintention daller lui parler. Je la connaissais, évidemment : cétait Casey Baker, la petite 5ème qui était amoureuse de moi. Tout le monde ne parlait que de ça au collège : la fille de 5ème qui rêvait de sortir avec un 3ème et connaissait absolument toute sa vie, de son adresse jusqu'à son emploi du temps en passant par sa date de naissance et toute sa famille. Bien sûr, cette histoire les faisait tous marrer, y compris mes amis, les filles et – jimagine – les copines de Casey. Tous sauf moi. Je me fichais éperdument de lavis des autres, comme quoi cétait absurde de vouloir sortir avec un 3ème alors quelle nétait quen 5ème et quelle ferait mieux de laisser tomber, ce genre de choses Mais lorsque jai appris quelle me trouvait très beau, ça mavait fait super plaisir car, même si je faisais partie des élèves populaires du collège, on me le disait rarement et jétais bien décidé à aller lui parler afin de lui avouer tout ce que je ressentais et aussi pour lui demander quelque chose qui me trottait dans la tête depuis longtemps – plus exactement, depuis plusieurs mois – et que je navais pas osé faire pour linstant.

Voilà pourquoi je lobservais. Javais lintention de laborder discrètement et de lui adresser la parole, en espérant quelle ne senfuirait pas – ce quelle faisait tout le temps quand je mapprochais ou que jétais à proximité.

Malheureusement, cela ne se passa pas vraiment comme prévu. Casey leva les yeux et saperçut que je la regardais. Elle sursauta légèrement et baissa immédiatement les yeux. Elle sagita de plus en plus et tapota le bord du banc avec le bout des doigts. Son regard avait pris un air implorant.

Comme par réflexe, un léger sourire sétira sur mes lèvres et je continuai à lobserver. Sans la quitter des yeux un seul instant, je me retournai et adressai quelques mots à lune des filles située à ma droite – une grande brune assez corpulente qui sappelle Yasmine – tout en montrant du doigt la petite qui, surprenant mon geste, paniqua aussitôt et se leva dun coup. Elle marchait dun pas hésitant, comme si elle ne savait pas vraiment où elle voulait – ou devait – aller.

Tout à coup, elle se mit à courir à toute vitesse, bousculant les gens qui se trouvaient sur son passage. Une des filles cria « Cest la petite qui court ! » et je me lançai immédiatement à sa poursuite. Après 5 min de course exténuante, elle se dirigea vers le bâtiment principal et sy réfugia aussitôt.

Jarrivai près de la porte-fenêtre et attendis dehors en espérant quelle se calme et quelle sorte afin que je puisse lui parler. Mais au bout de dix minutes, voyant quelle ne revenait toujours pas et commençant à minquiéter, je décidai dentrer pour voir ce quelle faisait.

Laissant derrière la porte entrouverte les filles qui mavaient évidemment suivi, je franchis le seuil. Le couloir étant plongé dans le noir, jeus du mal à me repérer au début. Puis japerçus, près du mur, un corps recroquevillé par terre et reconnus Casey. Une légère flaque deau sétait formée tout près delle, signe quelle avait dû pleurer.

Embuscade & AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant