Prête moi ta plume

Paysage

Il file, file, file
S'étire
Continue de courir
De défiler

S'allongeant
Passant si rapidement
Comme un courant d'air
Il s'échappe en un éclair

Notre vue ne peut le distinguer seulement quelques instants
Bombant ou s'affaissant
De terre ou de sable
De vallée, de dunes, de montagnes

Chape noire qui lèche la terre
La ligne sombre infinie
Continue sa vie
Loin des frontières
Près des rivières

Sol de goudron
Lisse, plat, long
Mille routes
Milles destinations
Milles ambitions

Traces blanches
Seules limites
De leur puissance

Artère de la société
Apportant civils
Au cœur de leur ville
Rien ne leur est limité

Tout est si grand
Un voyage
Des bagages
Des silhouettes glissant

Sur cette autoroute
Ce moyen si précaire
Mais tant révolutionnaire

Panneaux
Signaux

Quatre roues
Floues
Avec la vitesse
Elles disparaissent
Petites étoiles
Se cachant sous leurs brumeux voiles

Imperfections
Du béton
Secousses
Bosses

Rien n'est bon
Pour arrêter le mouvement
Toujours elles rouleront
Jamais ne cesseront

Petites granules
Qu'est le bitume

Paysage
Sage
Défilant
En un instant

Sous nos yeux, immeubles, maison, bâtiments
Laissant
Place aux arbres, aux champs
Doucement, lentement

L'urbain disparaît
Le rural apparaît
La campagne
Les douces ballades

Grand globe solaire
Parant de tous ses rayons
Chaque plante s'épanouissant
Dans sa belle lumière

Le temps
Façonnant
Son allure
Ses airs durs

Sous cette pierre calcaire
Métaux et pierres
Attendent sagement
Bousculer par le temps

Recommençant infiniment

L'eau rencontrera les côtes
Les arbres perdront leurs feuilles
Les bourgeons naisseront
Le sable sera balayé par le vent
Tornades, siphons frapperont
Pluies et sécheresses se succéderont
Pourtant ce paysage ne bougera pas

Jusqu'à ce moment

Celui où l'humain arrivera
Et tout il colonisera

Après son passage
Ces plantes, dans ce paysage
Reprendront leurs droits
Et bâtiront l'empire qu'elles ont imaginé plus d'une fois.

Un combat entre nature et humain
Quelque chose de complètement anodin
Mais seulement en apparence
Car rien n'est mieux qu'une apparence

Un paysage...