30. Attaquée !

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Appelé par des serviteurs, Minos me laisse devant l'immense porte du temple de la Pythie.

Au centre même du Palais, une cour intérieure qui a des airs d'immense  jardin, entouré de couloirs à colonnes blanches, offre au temple un siège exceptionnel.
Le temple est immaculé et en haut des marches, deux statues en hommage à Apollon et au soleil nous accueillent.

Je monte avec angoisse les escaliers mais je me demande si c'est une bonne idée. Ne devrais-je pas attendre les autres ? Est-ce que je dois me présenter seule ? Mes habits de voyages ne sont pas très propres avec le sable et la chaleur. Il n'est peut-être pas approprié de pénétrer un lieu de prières comme ça.

Une main se pose sur mon épaule et je sursaute.
- Que faites-vous ici ?

C'est un serviteur.

- Je voudrais voir la Pythie.
- Certainement pas ! Les rendez-vous de ce soir sont annulés. Veuillez quitter les lieux !
- Annulés ?
- L'alerte a été décrétée il y a quelques minutes. Des intrus sont dans l'enceinte. Regagnez vos appartements, c'est un ordre de la sécurité.

Il me rabroue et je descends les escaliers. Je n'ose pas lui dire que je ne sais pas où aller, sinon il va penser que je fais partie des intrus.

Les jardins sont d'un vert luxuriant et je longe les haies d'arbustes. Plus je m'enfonce dans le jardin, plus je constate qu'il est immense. J'ai l'impression de m'y perdre. Cela est très étrange car, vu des couloirs ou du haut du temple, le jardin n'avait pas l'air si dense.
Plus je marche et plus je me sens mal à l'aise. Quelques chose cloche. Est-ce que je tourne en rond dans la nuit, seulement éclairée par les torches  ?

Soudain, une aura ! Je la sens très distinctement dans mon dos. Elle est fugace. Je me retourne mais trop tard pour esquiver un poing qui s'écrase contre ma joue.
Mon corps est projeté sur le sol et mes yeux ne voient plus rien. Le noir absolu. La terre que je sens sous mes paumes est fine. J'en prends une pleine poignée et lance le tout vers l'aura que je sens s'avancer vers moi. Pouvoir détecter une personne sans même la voir réellement est un don dans ces conditions.

Un cri de femme ! Je viens d'aveugler une fille. Son aura se précise et ma vue revient légèrement. Une méduse !

Des cheveux noirs et un regard vert, une robe de courtisane et une haine gigantesque me font face.
Je me redresse, poings en avant.
Elle n'est pas là pour me faire visiter les lieux. Elle est là pour m'abattre.
Mon poing s'écrase sur son ventre, la pliant en deux. L'espace d'un instant, je pense pourvoir prendre le dessus mais la fille attrape mon poignet de ses deux mains. Elle me le tord et d'un coup de pied dans ma jambe, elle me force à poser le genoux à terre tout en tordant mon bras dans mon dos.

Je gémis pour ne pas hurler de dépit et de douleur. Elle va me casser le bras !

- Meurs, traîtresse ! rage la méduse. On ne veut pas de ta paix, ici ! Les loups et les chasseurs ne seront jamais à ton service. Ta carrière de Mère GRAND se termine au pied de ce temple !

Une aiguille se profile le long de ma joue. Cette folle va me l'enfoncer dans le cou. L'odeur qui s'en dégage est acide. L'aiguille est sûrement empoisonnée.

Soudain, un mouvement violent. La fille hurle. Je suis relevée et poussée sur le côté.
- Diane, recule !
- Shawn ?

Le mouton fait craquer l'épaule de la méduse et elle s'écroule. Il lui a cassé l'épaule avec facilité. Le regard de Shawn est effrayant. Il attrape l'aiguille et s'apprête à l'enfoncer dans le coeur de la fille.
Je l'arrête in extremis.

- Non ! Arrête Shawn. Je ne veux pas qu'on tue !
- Tuer ou être tuer, c'est la règle!
- Pas question ! je lui crie.

La méduse profite de la seconde d'inattention de Shawn, qui me dévisage, pour s'emparer de l'aiguille que le chasseur tient fermement et s'empale l'épaule dessus. Elle tombe, inanimée, sur la terre sableuse du jardin.

Code RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant