3. L'hymne du village (Texte gagnant)

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Que je chante?

Je ne laisse plus aucune émotion filtrer sur mes traits. Ils m'observent... Ils m'évaluent...

Un silence coule une demi seconde, une boule d'épines se coince dans ma gorge, mon stress cherche à me paralyser, mais déjà je sens les mots remonter de mon ventre et dissoudre ce nœud désagréable.

Entonner l'hymne est devenu plus naturel que de respirer. L'hymne du village, ce n'est pas un chant, mais des mots mille fois martelés sur nos esprits plus ou moins malléables. De leur répétition sans fin, ils brisent les éventuelles déviances des habitants. Chaque matin, l'hymne est part du rituel du Réveil au village. Tous assemblés, collés les uns aux autres, contraints à cette proximité et à ce faux partage étouffant, nous faisons vibrer l'espace de ces stances aux mécanismes bien huilés. Elles existent pour faire de nous des citoyens modèles, endoctrinés, des centaines de marionnettes tirées en avant par un seul idéal, un seul fil.

Un fil de Voix.

Le jury attend, de marbre autour de leurs tables de glaise. Enfin ma poitrine se gonfle et se tend. J'exècre cet hymne, je me débats depuis des années contre son sens. Dans la foule rassemblée sur la place, je peux facilement dissimuler mon aversion. Mais ici, scrutée... calculée et décortiquée, je n'ai pas le droit à l'erreur.

Je dois me mentir à moi-même, faire preuve d'un engouement infaillible, de la ferveur d'une fanatique. Ma voix ne doit pas ciller, je dois me tenir droite et sage, le menton haut. Je dois faire état d'une conviction qui dans mon âme n'est que mensonge.

Déterminée comme jamais, j'enterre mes élans de liberté, j'enfouis mes idées, ma personnalité, mes envies, pour me muer en un parfait petit soldat à la solde du Code.

Sans attendre un nouveau signal de la part des masques figés, je débute le premier couplet, les bras le long du corps.

"Les doyens ont la Voix,

Suivons-les, gardons la foi,

Le Code est res-pec-té!

Les limites, observées!

... Dé-vlo-ppons

Nos-ver-tus :

... Respect et obéissance...

Le groupe vaut plus que le soi,

L'individu n'a pas de droits.

Les anciens nous ont tracés

Le chemin vers l'humilité!

... A-ssi-dus,

Nous scan-dons :

... Unité et clairvoyance...

Réprimons les différences,

Renforçons notre alliance,

Si le monde doit avancer,

Seule la Voix peut nous guider.

Tous li-és

Nous souhai-tons :

...Bonheur et pérennité...

Sur la flèche d'airain nous le jurons

Pour le Village nous sacrifierons

Nous sommes preux, des guerriers!

Nous sommes forts, vos piliers!

Dé-vou-és

Nous ser-vons...

La Chasse, La Cause...

L'Honneur...

...La Voix des Mères-Grands.''

Les derniers échos sont étouffés par le couvert de la forêt. Je reprends mon souffle, et soudain je me sens ridicule face à ces parodies d'esprits totems. Ridicule car mon récital a sonné faux. Bien sûr que je le connais par cœur depuis les années, personne ne peut faire d'impairs de ce côté là. Mon problème est que malgré tous les efforts que je viens de fournir, ces couplets n'ont pas leur place dans ma bouche.

Mais je ne peux pas échouer, pas maintenant. Je commence à peine à entrouvrir la porte de l'espoir, de mon avenir. Je ne peux pas laisser échapper la poignée à mes doigts et la voir claquer violemment, d'une brutalité définitive.

Pour soulager mon malaise, ou l'accentuer je ne saurais dire, la chouette s'anime de nouveau et reprend la parole.

- L'hymne est énoncé. Diane Fox, respectes-tu sa Voix?

C'est une question à réponse préconçue. Elle me demande la formule qui conclut l'hymne, cette formule qui sert de menace, pour s'assurer de notre servilité. Elle rappelle à notre mauvais souvenir le sort subi par ceux qui osèrent désobéir.

La formule me vient, si simple, si facile, si évidente, qu'un frisson de dégoût me parcourt l'échine...

- Lorsque le Croc de Lune parjura,

Du prix du sang il le paya.

Rien ne fait vaciller un vrai dévouement.

Que la Voix et la Lame me renient si je mens.

La tête du rapace a un léger mouvement d'approbation, si flou que je doute de sa véracité.

- Bien, le préambule est terminé. Commençons !



SUITE AU DÉFI DU CHAPITRE 2: j'avais demandé de faire l'hymne du Village sur l'air de "promenons-nous dans les bois".

Notre grande gagnante est homonculusnoir qui, en plus d'avoir créé un hymne super sympa, a même décrit toute l'ambiance autour avec les sentiments de notre héroïne ! Elle a posté son texte dans son livre de fanfiction Code Rouge (Vous pouvez retrouver toutes les fanfictions de Code rouge dans notre bibliothèque - ce texte lui appartient).
J'ai trouvé ça tellement bien que je lui ai demandé son texte pour devenir intégralement le chapitre 3. Elle a été ravie et moi encore plus ! Je voudrais vraiment faire de Code rouge un lieu pour les membres des New Fairies et faire en sorte que ça devienne votre histoire (de la même manière que Le New Mag est votre mag puisque tout le monde peut y proposer des articles).

J'ai demandé à homonculusnoir ce qu'elle voulait comme cadeau et elle m'a dit "rien ! Je suis fan de Ne m'appelez-pas Blanche-Neige , ça me suffit que tu me lises ! " alors pour elle qui est talentueuse et si gentille, je vais lui envoyer une couverture dédicacée de ma fiction publiée en e-book Les Démons de Cendrillon !
( Oui je ferai des petits cadeaux de temps en temps aux joueurs/lecteurs, comme je l'ai dit dans le chapitre 1).

On se retrouve dans quelques jours pour la suite avec d'autres surprises et défis !

J'attends aussi vos dessins pour illustrer ce chapitre et les autres, via les réseaux sociaux, et si vous en faites plein, n'hésitez pas à créer un livre "fanart CODE ROUGE" que je mettrai aussi dans notre bibliothèque.

Je lis actuellement vos fanfictions et je vais m'arranger pour citer vos personnages . j'espère que l'histoire vous plaira !

N'hésitez pas à aller lire homonculusnoir sur ses autres textes et à laisser des commentaire ici pour dire si ça vous a plu !

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