La fin d'un cauchemar

Chapitre 1: La fête

Nous étions le 29 août 2014, nous sortions ce soir là. Mon père ainsi que sa soeur, ma tante Rébecca, avaient prévu un anniversaire surprise pour leur frère aîné qui fêtait son cinquantième anniversaire. Mon oncle Franck est génial, je m'entends très bien avec ses deux enfants. 

Ma cousine Géraldine est un peu plus âgée que moi, elle a dix neuf ans. Tous les garçons de la fac sont fous d'elle. Il faut dire qu'avec ses longs cheveux châtain et ses yeux bleus, elle ne pouvait laisser personne de glace. Pourtant, je trouve qu'elle reste très simple. Gégé, comme je l'appelle, préfère rester célibataire et se consacrer entièrement à ses études d'archéologie.  

Mon cousin, Jérôme, est plus jeune, il a quinze ans. Ses yeux bleus lui donnent un air plus sévère mais il est tellement drôle que lorsqu'on le connaît, on l'adopte tout de suite. Lui, a déjà une petite amie, depuis presque un an. C'est l'amour fou entre eux, c'est trop mignon à voir. Mégane est une très jolie fille. Elle paraît plus âgée que quinze ans, seulement en apparence. Elle est aussi un peu fofolle comme Jérôme, ils vont bien ensemble. 

La femme de Franck, Eleanor,  est décédée d'un cancer du sein il y a dix ans. Le pauvre était anéanti, je pense qu'il ne fêterait pas ses cinquante ans si ses enfants n'avaient pas été là. Ils se sont tous les trois serrés les coudes et ont remonté la pente. Jérôme n'a pas beaucoup de souvenirs de sa maman. Il allait seulement avoir cinq ans lorsqu'elle a disparu. Gégé, par contre, a eu beaucoup plus de mal. Très régulièrement, elle venait dormir avec son frère à la maison. Tous les soirs, je l'entendais prier Dieu de ne pas lui prendre sa maman. Elle pleurait durant de longues minutes en étouffant ses pleurs dans son oreiller. Eleanor faisait très souvent des séjours à l'hôpital. Mon oncle voulait l'accompagner partout, il ne la quittait que très rarement. 

Dans mes souvenirs, c'était une femme joyeuse et très optimiste. Elle disait souvent à maman que si l'on prend la vie avec le sourire, on attire les bonnes choses. Et pourtant, ...

"Retour dix ans en arrière"

Un matin, le téléphone sonna à la maison. 

-Bonjour Suzy, c'est Franck. 

- Ah Franck, comment vas-tu? Et ma chère belle soeur? Comment s'est passé son premier cours d'art floral? 

- Je vous appelle de l'hôpital. Ce matin, Eleanor ne se sentait pas très bien. Elle a été malade toute la nuit. En se réveillant, elle est allée prendre une douche et a senti des boules au niveau de ses aisselles.

 Il allait continuer lorsque ma mère le coupa brusquement sentant qu'une terrible nouvelle allait tomber.

- Abrège Franck s'il te plaît, s'agaça maman.

- Elle vient de passer une mammographie et, ... il déglutit avant de terminer sa phrase, retenant un sanglot. Eleanor a un cancer du sein. 

 Ma mère se mit à pleurer, elle s'entendait très bien avec Eleanor. Mon père arriva dans la cuisine et demanda à ma mère ce qu'il se passait. Lorsqu'elle lui dit, les couleurs du visage de papa disparurent en l'espace de quelques secondes. Il prit le combiné du téléphone et parla à son frère. 

- Oh mon frère, je suis tellement désolé. Que disent les médecins? Quels sont ses chances de guérison? 

- Nous n'en savons pas plus pour l'instant. Le médecin vient juste de nous dire pour le cancer. Ils doivent faire des examens plus approfondis. 

-Veux-tu que j'aille chercher Jérôme à l'école? 

- Oui, ça me permettrait de rester à l'hôpital avec "Elé". Je vous tiens au courant dés que nous aurons plus d'informations. A tout à l'heure et merci.

Mon père raccrocha et prit maman dans ses bras. Plus tard dans la journée, mon oncle rappela et annonça alors le terrible verdict. Des métastases s'étaient déjà développées au niveau des poumons. Son pronostic vital était de 6 mois à 1 an. 

Huit mois plus tard, ma tante est décédée. Laissant derrière elle, une famille dans le désarroi total. Franck, très entouré par sa famille, s'en est remis avec beaucoup de difficultés. Il allait voir un psychologue chaque semaine. Plus d'un an après la mort de sa femme, il reprenait petit à petit goût à la vie. 

Mais aujourd'hui, c'était un jour de fête. Ses quarante ans s'annonçaient très festifs. Mon père et ma tante Rébecca, avaient loué une salle au centre de d'Avignon. Toute la famille devait se retrouver à 18h30, pas plus tard au risque de gâcher la surprise. Papa devait aller chercher mon oncle en prétextant qu'il devait aller récupérer une voiture de collection et que sans son aide pour la tracter, il n'y arriverait pas. Franck toujours disponible pour donner un coup de main, n'hésita pas et suivit mon père. 

Lorsqu'ils arrivèrent dans la cour qui donnait devant la salle des fêtes, papa demanda à mon oncle de rentrer dans le bâtiment pour voir si le gars qui lui vendait la voiture était à l'intérieur.

- Tu sais aller voir si il y a quelqu'un à l'intérieur? Je vais installer le matériel pour le remorquage pendant ce temps là. 

- Bien chef, répondit-il avec un petit clin d'oeil vers mon père. 

Il entra dans la salle, elle était désertique. S'avançant près du bar, il manqua de tomber à la renverse, lorsqu'en coeur tout le monde sauta et cria : "SURPRISEEE". 

Franck très ému, versa quelques larmes. Papa le prit par les épaules et lui dit:

- Voilà pourquoi j'avais autant besoin de toi aujourd'hui. Tu te fais vieux dis moi!

- Tu ne perds rien pour attendre je t'aurais, dit Franck en mettant un petit coup de poing sur l'épaule de son frère.

- Eh, je n'ai pas fait ça tout seul! Tout le monde ici, était de mèche, surtout Rébecca. C'était son idée à la base. 

Rébecca intervint dans la conversation et dit alors: 

- Comment crois tu que cette salle ce soit décorée? Par le Saint-Esprit? 

- La décoration est magnifique, ce n'est pas pour rien que tu es une architecte hors-pair! dit-il avec ironie.

La fête battit son plein jusque deux heures du matin. Nous nous sommes amusés comme des fous. Cette joie était tellement belle à voir. 

Pourtant, un événement tragique va bouleverser cette famille si soudée. Plus rien ne sera jamais comme avant.