Amour, sexe & rififi

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Des jours passent et par une belle matinée ensoleillée qui avait bien commencée, un homme à la chevelure grisonnante vient porter plainte. Il a découvert ce matin une lettre anonyme accrochée à l'essuie-glace de sa bagnole dont les pneus ont tous été crevés. L'homme suspecte un de ses copains, enfin un de ses ex-copains, car tous deux se sont pris la tête pour s'être épris de la même donzelle...

Les quatre pneus ! Il m'a crevé les quatre pneus ce salaud ! Il faut que vous alliez l'arrêter. Ce n'est plus vivable ! L'autre fois, j'étais déjà venu porter une énième plainte contre X pour des rayures sur ma carrosserie, sans suite de votre part évidemment... Et maintenant, les quatre pneus, plus cette lettre d'insultes ! Cette fois aucun doute possible. C'est lui, je vous dis ! Depuis le début, c'est lui !!! dit l'homme la face rougie par la colère en agitant devant lui ce qui semble être le billet anonyme en question.

Permettez, monsieur, que je lise cette lettre, lui répond le planton avec flegme.

L'homme tend le bout de papier dactylographié au gendarme qui le lit à voix haute.

— J'espère que le goret nain que tu es, s'amuse bien entre la rivière des seins opulents de cette putain. D'autant plus qu'elle en connait une sacrée tranche en positions du Kâma-Sûtra. Et que j'ai la certitude que cette garce vicieuse ne reculera devant aucune obscénité pour réussir à faire bander l'appendice flasque et adipeux qui te sert de bite. Quand elle t'aura bien sucé la queue afin que tu l'aies bien raide. Tu pourras lui fourrer droit dans les miches et la sodomiser brutalement comme cette salope aime tant. En attendant, ce soir et à quatre reprises, c'est moi qui t'encule à sec, sale petit goret.

Ayant fini la lecture, le gendarme de garde pose la lettre sur son pupitre avant de poursuivre impassible.

Écoutez monsieur Martin. Je vais prendre votre plainte et l'ajouter au dossier avec cette lettre en pièce jointe pour le juge qui suit l'affaire. Le gendarme afféré à votre dossier est absent aujourd'hui, mais je lui en donnerais une copie. Il vous convoquera certainement dans les jours qui suivent.

C'est tout !?!? C'est tout ce que vous allez faire ?! Mais ça va durer encore combien de temps cette histoire alors !? Ça va mal finir ! Ça va VRAIMENT mal finir, hein ! C'est moi qui vous le dis !!! rétorque le plaignant hors de lui.

Écoutez monsieur Martin. S'énerver ici ne servira à rien. Le juge fait son travail et je fais le mien, répond imperturbable le planton en insérant deux formulaires de dépôts de plainte, intercalés avec du papier carbone, dans sa vieille machine à écrire avant de poursuivre.

Je vous écoute. Quand, où et comment avez-vous découvert la lettre et que vos quatre pneus ont été crevés ?

L'homme arrivé à cran, garde tant bien que mal son calme pendant que le gendarme tape la plainte au fur et à mesure de son récit. À nouveau seuls et la porte d'entrée se refermant derrière le plaignant, parti quelque peu remonté, je demande à mon collègue.

Waouh ! C'est quoi cette histoire ?

Une sombre histoire de cul merdique où sept mâles en rut se disputent la même gonzesse. Même JR de la série Dallas fait pâle figure devant cette affaire qui dure depuis des années. Du coup, à force de recevoir plainte sur plainte et des tonnes d'accusations sans preuves tangibles, le juge en a marre. Il nous a ordonné de faire des écoutes téléphoniques afin de démêler le vrai du faux de cette histoire sans fin, assaisonnée de pneus crevés, menaces de mort, insultes, coups bas, lettres anonymes, bagarres, réconciliations, diffamations, etc.

Autopsie d'une saison en GendarmerieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant