ICEBERG. ::taekook

> chapitre 2 <

« - C'est quoi ton nom ?

- Jungkook.

- Enchanté, Jungkook. »

L'homme se fond en un sourire libidineux.

Je savais que je n'aurais jamais dû y aller. Je savais ce que je risquai, d'autant plus que Taehyung ne me surveillait plus, il ne me retenait plus, il ne me rattraperait plus si je chutais dans les ténèbres d'un monde que je ne veux pas voir. Je n'éprouve pas un sentiment de liberté. Je ne ressens que l'angoisse et la peur.

Mais lorsque Jimin m'avait appelé, m'informant que la proie me cherchait, me voulait, me désirait moi et que sous mes doigts, je sentais les futurs billets puant la malsanité, je n'avais pas hésité.

C'était le rêve de Taehyung. Il voulait cet argent. Il le convoitait depuis des jours, des mois. J'avais conscience que j'étais son dernier recours, il ne me l'avait pas dit clairement, mais je ressentais sa voix chargée de frustration et de désir face à tous les échecs des autres danseurs.

Il ne voulait pas que ça soit moi. Parce que j'étais trop jeune, parce que j'étais sa dernière recrue, parce que je lui rapportai déjà beaucoup avec mes shows et qu'il ne voulait pas mettre en danger sa demi-pute la plus rentable. En fait, je n'en avais aucune idée. Mais je voulais lui prouver que j'étais plus que ça. Que je pouvais faire plus que danser. Je voulais le rendre fier de moi. Chose que je n'avais su faire avec mes géniteurs, avec ma famille, avec mes amis. Mais lui, je voulais qu'il fasse gonfler mon ego piétiné. Alors je l'avais convaincu et il avait cédé. Depuis, la lueur de frustration dans ses orbes ténébreux s'accompagnait d'une flamme protectrice. Et dieu, ce que j'aimais la voir.

« - Tu veux boire quelque chose ?

- Non merci, ça va. »

Je suis l'homme du regard alors que dans une démarche puant son snobisme, il ouvre une étagère remplie de bouteilles d'alcool. Des baffles coûteux crachotent un vieux morceau de jazz, et je m'imagine Taehyung fermer les yeux pour en profiter. Il a toujours aimé inonder le bar vide de ces vieilles musiques du vingtième siècle.

L'homme sort un verre de cristal et y verse un liquide ambré.

« - Tu as quel âge ? »

Sans se retourner vers moi, il laisse glisser l'alcool le long de sa gorge.

« - J'ai dix-neuf ans. »

Il ne réagit pas et se ressert un verre.

« - T'es vierge ? »

Cette fois-ci, il me détaille du coin de l'oeil.

« - Oui. »

Il sourit et ça me dégoûte.

Lentement, il se tourne et avance vers moi. Il s'assoit sur le canapé à mes côtés et son bras se faufile autour de mes épaules. Il finit encore une fois son verre dans une longue goulée avant de le poser sur la table luxueuse devant lui.

« - Alors t'es l'une des petites recrues de Kim ? »

J'hoche la tête.

« - Réponds quand je te parle. »

Je sens sa voix devenir glaciale alors que sa prise autour de mes épaules est toujours aussi détendue.

« - Oui. »

Ses doigts commencent à jouer avec le tissu de mon vêtement et j'essaye de me pas m'arracher à ses griffes que je sens se refermer autour de moi.