Jours De Pluie

35 5 6
                                    

"I miss the old, happy me." ~ Unknown

Il pleut dehors.
Ça fait des jours que l'eau tombe des cieux en trombe et tape sur les carreaux de ma fenêtre, jour et nuit. Le ciel est gris et triste, les rues sont vides. Quand il pleut le temps s'arrête, ou plutôt, il passe horriblement lentement, si lentement que si l'on tend l'oreille, on peut entendre les secondes mourir tandis que la pluie s'abat sur le béton glacé d'un mois d'octobre triste et morne.
Assise sur mon lit à contempler le monde faner comme à chaque automne, mes yeux tentent de s'accrocher aux gouttes de pluie pour qu'ils bougent et que je vive. Mais tandis que le ciel pleure, je garde les yeux rivés sur le bitume, vide de toute émotion. Je sens mes mains se refermer un peu plus sur le coussin que j'enlace alors que mes genoux se replient et que ma mâchoire se contracte et se détend inconsciemment. Finalement, mes traits s'allongent et j'ouvre la bouche, il en sort un soupir rauque, signe que je n'ai pas parlé depuis bien longtemps. Je n'ai pas quitté cette chambre depuis plusieurs jours. Je n'ai pas besoin de manger ni de boire. Tant qu'il y a assez d'oxygène ici pour qu'il arrive jusqu'à mes poumons, ça ira.
Ça ira.
Je me répète cette phrase depuis ce moment, je la fais résonner dans ma tête et je me force à la chuchoter du bout de mes lèvres sèches de temps en temps. J'essaye de me dire qu'au bout d'un certain temps à la répéter dans ma tête, ça finira par être vrai, je finirai par sortir de ma coquille et je referai ma vie. Qu'une fois que ce sera fait, je serai plus heureuse. J'aurai une famille, des amis, un travail, un bel endroit où vivre, et quelqu'un qui compte pour moi. Encore faudrait-il que ma thérapie improvisée fonctionne... Et pour le moment, ce n'est pas encore le cas, et j'ai peur que ça ne le soit jamais. Il continue de pleuvoir.
J'adorais la pluie avant, elle me rappelait tant de belles choses, de bons souvenirs... j'ai passé de merveilleux moments sous ce ciel gris, même noir. Et maintenant, il pleut alors que j'essaye d'effacer le passé. Il pleut alors que j'essaye d'oublier la personne avec qui j'ai construit ces moments, alors que je veux avancer. Mais les souvenirs sont tellement précieux... Est-ce vraiment ce dont j'ai envie ?
 
Un jour, j'étais sortie tard, je me promenais, je respirais à fond l'air humide et frais, pour décompresser. Je m'étais encore fait harceler au téléphone par mon ancien amour, et il m'avait retrouvée dans la rue. Je sens encore la pression de son poing dans mes cheveux quand j'ai voulu partir. Mais il est arrivé, et il m'a aidée. Il m'a sortie de cette merde.
«Ne t'inquiète pas, ce ne sont que des égratignures. Je serai là pour les faire guérir et elles ne reviendront plus jamais.
Souviens-toi... Les armes les plus violentes, ce sont les mots, alors utilise-les avec soin...»
 
Aouch... Si tu savais que maintenant, ce sont ces paroles qui me blessent... Si tu savais à quel point ça fait mal au cœur à chaque fois que je me rappelle tes paroles ! Surtout, surtout tes «je t'aime». Ça, ça fait vraiment très mal, tu sais... Non, tu ne sais pas. Avant tu aurais su. Avant tu aurais su tellement de choses, tu aurais même pu me dire comment aller mieux. Mais maintenant il n'y a plus personne pour me tirer de là. Plus personne pour enlever la main dans mes cheveux. Je dois me débrouiller toute seule, mais tu aurais aussi sûrement su que j'ai besoin d'être entourée quand ça ne va pas, parce que je suis trop sensible pour faire face seule.
Construire de nouveaux souvenirs... c'est probablement ce que je devrais faire, mais seule c'est si dur. Seule, je ne peux que me rappeler des bons souvenirs d'avant, ceux qui me blessent aujourd'hui.
Mes yeux se détachent du béton et se ferment.
Un visage se dessine.
C'est un garçon. Plus précisément, c'est un jeune homme.
Il sourit, c'est agréable, ses yeux se plissent doucement alors qu'il rigole. Deux yeux bridés d'un noir intense, pétillants. Il m'appelle.
Tiens, la pluie tombe dans ma chambre. Une goutte a traversé les murs de l'immeuble et s'est échouée au bord de mon œil, comme si elle en jaillissait. Je la sens rouler le long de ma joue et s'arrêter à la base de mon menton, pour s'écraser sur l'oreiller.
Quand je rouvre les yeux, plus personne ne sourit et le visage s'évanouit dans mes pensées. Il n'y a plus qu'une jeune fille perdue aux yeux rougis qui balance son oreiller sur le miroir pour ne plus se regarder.
Je reporte mon attention dehors. La pluie tombe et tombe en trombes, et elle ne s'arrêtera pas de sitôt...
Mon téléphone vibre. Tiens, il avait donc encore de la batterie ? De là où je suis, je distingue à peine le nom du contact... M quelque chose.
M ?
... M !
... Melody...
Je fronce les sourcils en baissant la tête. Trop bête ! Je suis trop bête ! Il ne m'appellera plus jamais maintenant.
Devrais-je répondre ? Mauvaise idée... Melody s'inquiète, mais c'est une fille trop fragile pour qu'elle supporte mes problèmes.
Un deuxième soupir s'échappe d'entre mes lèvres, qui murmurent des choses que je n'ai pas le droit de dire. Plus le droit de dire.
-Où es-tu ? Est-ce qu'au moins tu penses à moi, est-ce que je te manques autant que tu me manques ? Est-ce que je suis la seule à souffrir, dans ce monde ? Mais où est-ce que t'es, alors que j'ai tant besoin de toi bon sang, Minseok ?!
Oups... Me voilà comme une idiote à sangloter sur mon lit. Qu'est-ce que je suis égoïste !
Nous étions tellement parfaits...
Nous étions tellement heureux...
Puis il est parti comme ça !
J'aurais dû le retenir, je savais que quelque chose n'allait pas pendant notre dernier rendez-vous. Nous nous étions promenés toute la journée, et je sentais son regard me parcourir comme pour me mémoriser. Le soir venu, il a posé une dernière fois ses lèvres sur les miennes, et il a murmuré un simple
«pardon...»
Ses derniers mots résonnent encore très fort dans ma tête... C'est atroce.
Disparu. Est-ce que ça veut dire que tout est fini ?
 
-Eh !
Le claquement de la porte qui s'ouvre me fait sursauter. Ça fait pourtant plusieurs jours que je suis là, et personne ne s'en est soucié, alors pourquoi maintenant, quand je suis dans cet état ?
Les pas se rapprochent de ma chambre. Une main puissante tourne la poignée et ma porte s'ouvre très grand.
-Luhan ?
C'est bien lui. Des cheveux blonds qui tombent devant des yeux bridés tirés vers le bas, des poches sous les yeux, des pommettes très marquées, un nez court et plat et une bouche de chat. Mon ancien meilleur ami se tient devant moi après deux semaines de silence-radio.
Malgré moi, j'ouvre la bouche d'étonnement et mes membres retombent totalement sur le matelas.
Luhan semble énervé, mais il est bien plus inquiet qu'en colère, je lis en lui comme dans un livre. Il s'approche de moi doucement, s'accroupit devant le lit et prend ma main.
-T'es gelée...
Je cligne des yeux doucement.
-T'as rien mangé depuis longtemps, ça se voit. Je te jure, pourquoi est-ce que c'est si difficile pour toi d'avoir des réflexes vitaux ! Quand tu as faim, tu manges !
Tout en se plaignant, il sort une bouteille d'eau et une barre énergisante. C'est lui tout craché ça, toujours aussi prévenant.
-Bon, mange.
Je ne fais rien, alors il me fait prendre la bouteille décapuchonnée dans la main et la porte à ma bouche. Je finis par boire et je grignote un peu la barre.
Ma vue se brouille, la pluie continue de tomber au-dessus de ma tête. Ça ne devrait pas être son rôle, ça... Il ne devrait même pas s'occuper encore de moi. Il n'est pas obligé d'être mon ami. Je sens la main de Luhan caresser ma joue et il me dit doucement :
-Qu'est-ce que tu chuchotes encore comme bêtises ? C'est pas juste parce que tu es avec Minseok que je suis ton ami, bon sang ! Quand est-ce que tu comprendras que tout ne tourne pas autour de mon ami...
Je détourne le regard.
-C'est facile à dire pour toi... Et je ne suis... pas avec Minseok.
-Mais bien sûr. Il faudra le lui annoncer en personne, alors.
-Il est parti, idiot ! Il a planté tout le monde, moi, ses amis, sa famille, il s'est juste cassé ! Maintenant je n'ai plus d'amis parce que les seuls que j'avais étaient les siens, et ma sœur ne fait que de m'appeler parce qu'elle n'a pas de nouvelles de moi. En même temps, si je lui décrivais comment je vis, elle tomberait en dépression ! Tu comprends rien !
Je me tais en sentant les bras forts de Luhan m'entourer, et je laisse mes yeux pleurer. Je porte une main tremblante à la sienne, ferme et définitivement agrippée à mon sweat trop large. Je me sens vraiment nulle, là...
-Excuse-moi, Lulu, je... C'est juste que je l'aime vraiment, et... J'aurais pas du crier, je murmure dans un sanglot.
-Écoute, je comprends, d'accord ? Je veux juste que tu ailles bien, ma belle... Et toute la bande est toujours derrière toi, avec... ou sans Minseok. Penses-y.
J'inspire à fond et Luhan se détache de moi, tandis que j'acquiesce doucement. Lulu me lance un sourire magnifique et pour m'encourager me lance avec entrain qu'il va faire du pop-corn et mettre un film.
J'ai une de ces chances de l'avoir, de tous les avoir... Il faut définitivement que je réapprenne à avoir confiance en moi... et en les autres.
 
Il doit être plus de minuit lorsque le film se termine, et il continue de pleuvoir. Après tout, pourquoi ça changerait ?
Je sens mes paupières s'alourdir. C'est vrai que je n'avais pas ressenti la fatigue de façon positive depuis longtemps. Luhan est lui aussi fatigué.
-Bon, ça va mieux maintenant, hein ?
Je resserre ma prise sur lui pour lui faire signe que oui malgré la douleur toujours présente. Il n'ajoute rien, opine en silence.
Un téléphone vibre, pas le mien. Celui de Luhan ?
Un flash de lumière bleue sort de sa poche de jean et il fait glisser son pouce sur l'écran pour décrocher. Il se redresse sur le canapé, les coudes sur les genoux.
-Jongdae ? ... Oui je suis bien chez elle... Oui oui... Ah ? Bon, d'accord. Allô, Sehun ?...
Un long silence s'ensuit.
Un très long silence.
La pluie tape fort sur les vitres.
-J'arrive tout de suite.
J'ai rarement vu ce genre d'expression sur le visage de mon meilleur ami. Il a l'air totalement absorbé par quelque chose...
-Lulu ?
-Prépare-toi. On y va dans dix minutes si on veut avoir le bus.
Une légère angoisse s'empare de moi. Ça fait très longtemps que je ne suis pas sortie... Je décide de ne pas embêter Luhan pour ça et me contente de filer dans ma chambre enfiler quelque chose de décent.
J'ai un petit choc en ouvrant mon placard. C'est vrai que j'avais coutume de prendre soin de moi. J'enfile un pull blanc et un jean noir déchiré, je chausse des baskets pour la première fois depuis des jours. Je brosse mes cheveux, ça prend un peu de temps, et j'ouvre ma trousse de toilette. Avec hésitation, je mets du mascara, du baume à lèvres et un peu de poudre. Il faut dire que sans maquillage en ce moment, je fais un peu peur à voir...
J'ouvre lentement la porte de ma chambre et j'avance vite vers Luhan, qui prend sa veste et me donne mon manteau, une longue cape blanche en coton. Je range mon cellulaire et mes clés dans ma poche et je prends une longue inspiration tout en me dirigeant, lentement mais sûrement, vers cette imposante porte d'entrée qu'est la mienne. Mes doigts effleurent puis prennent plus sûrement appui sur la poignée et je la tourne d'un coup. La porte s'ouvre sur le couloir de mon immeuble. La vue seule du couloir me ramène dans le monde que j'avais quitté en m'enfermant chez moi. L'odeur du produit nettoyant, la musique de chez les voisins, le bruit de l'ascenseur qui s'active à la pression du pouce de Luhan sur le bouton, tout ça me met mal-à-l'aise...
La porte en acier s'ouvre automatiquement et j'entre avec mon meilleur ami, bien décidée à affronter mes peurs. La lumière de la cabine est aveuglante, je n'en avais pas vu une aussi brillante depuis plusieurs jours. Je cligne des yeux plusieurs fois, et l'ascenseur démarre enfin. Quatre étages passent jusqu'au rez-de-chaussée, et les portes coulissantes se rouvrent, cette fois sur le hall. Au bout, une porte d'entrée vitrée. Il pleut toujours, et la pluie semble frapper aussi violemment qu'elle le peut le sol goudronneux. Il n'y a presque personne dehors, mais on peut voir quelques personnes passer devant l'immeuble avec un parapluie ou une capuche. Une voiture vient de temps en temps éclater les flaques d'eau sur le trottoir.
-Alors, tu sors de la cabine ?
Luhan me fixe avec un regard rassurant, l'air préoccupé. Je me racle la gorge pour me donner une contenance et j'acquiesce en esquissant un sourire maussade. Mes pieds franchissent le seuil de la cabine et me voilà dans le hall. Des jambes tremblantes me portent doucement, inconsciemment vers la porte que je me m'apprête à pousser.
Et je la pousse.
La pluie semble redoubler et le tonnerre gronde de plus belle. Il y a beaucoup trop de gens, de choses, de routes, de vie, je reste clouée sur place, mon instinct me souffle de courir jusqu'à ma porte et de m'enfermer à double tour chez moi, où personne ne pourra me juger, me considérer ou me faire de mal.
Une main me tapote le dos.
-Allez...
-Non non je peux pas, là c'est trop. Luhan, m'oblige pas... Je veux rentrer, fis-je en lâchant une larme.
Deux mains puissantes me prennent par les épaules et je sens Luhan se coller à moi.
-À trois, d'accord ? Je compte.
 
Un
 
Deux
 
 
Trois.
Je pose un pied tremblant sur le bitume et je sens déjà l'eau se déverser dans mes chaussures. Un parapluie bleu se déplie au-dessus de ma tête et Luhan sourit.
-Bon, l'arrêt de bus n'est pas loin.
Ça y est. Je marche dans la rue, et les gens me regardent, j'affronte le monde après tant de temps. Et je me sens forte, plus forte que je ne me suis sentie après cette période atroce passée à broyer du noir.
Je me souviens maintenant, que lui, il avait un parapluie blanc. Je porte un regard, à Luhan, au parapluie, et une larme s'échappe doucement de mon œil gauche. Luhan ne dit rien. Et rapidement, on arrive au bus de minuit et demi.
Il n'y a pas trop de monde à l'intérieur, je supporte. Et selon Lulu, nous y restons seulement cinq minutes, pour aller à leur studio.
Alors, je vais tous les revoir... Ça me fait plaisir, mais peur en même temps. Je n'étais reliée à eux que par Minseok, et maintenant qu'il est parti, je n'ai plus personne et je ne sais même pas s'ils veulent encore me parler. Et le studio... Ce studio ou leur groupe enregistre leurs musiques, il me rappellent tant de belles choses douloureuses...
-Eh, pas de pression, d'accord ? me fait Luhan en me regardant pâlir au fur et à mesure que l'on se rapproche.
Je hoche la tête, un peu tendue. Les portes s'ouvrent, c'est là qu'on descend.
Luhan pousse la porte de l'immeuble et on monte par les escaliers au premier étage. Il tourne la clé dans la serrure et ouvre doucement la porte pour moi.
Rien n'a changé, et je me sens pourtant tellement différente ici... Les lumières douces et chaleureuses, le salon de l'énorme colocation et ses trois canapés, les chambres et les salles de bain dans le couloir d'à côté, et bien sûr, au fond, les salles d'enregistrement et de danse, je peux tout replacer.
-Attends-moi ici, s'il-te-plaît, fit doucement Luhan, je vais à la salle de danse.
Je le regarde s'éloigner, je n'ai pas envie de m'asseoir, je veux redécouvrir cette colocation, je veux la voir à nouveau. Je me dirige vers le couloir, pousse la porte de la première chambre, la deuxième et ainsi de suite, et je passe à l'autre côté, jusqu'à la dernière porte... Et je sursaute.
Ses affaires y sont toujours. Ses vêtements, ses posters, ses meubles, ses draps, son odeur. Tout m'envahit et je sens mes genoux s'entrechoquer.
-Ça fait un choc, hein... murmure une voix tremblante derrière moi. Je... Je n'ai pas le courage de les enlever. Après tout, c'est mon meilleur ami, et s'il revenait un jour je... Tant pis si je ne dors pas bien à cause des souvenirs, je ne veux pas tout jeter.
Je me tourne vers Jongdae. Le pauvre, je n'ai pas dû être la seule à souffrir, c'était son meilleur ami et ils partageaient la même chambre. Je m'approche de lui et il baisse les yeux, je lui fait un câlin.
-Tu es vraiment le meilleur ami dont n'importe qui puisse rêver, Jongdae.
En réponse, ses bras se tendent un peu.
J'entends les voix de Luhan et Kris, un autre des membres du groupe.
-Tu ne lui en a pas encore parlé j'espère, Luhan ?
-Non Kris, elle est assez traumatisée comme ça, alors si ce n'est pas sûr je préfère ne rien dire. Jongdae non plus ?
-Non, il est assez malheureux comme ça. Si c'est une fausse alerte, je ne peux pas prédire comment il réagira. Mieux vaut attendre une heure, comme il est dit dans le message que Suho a reçu.
Jongdae ne semble pas avoir entendu : il est d'ailleurs retourné enregistrer leur chanson. Je ne poserais pas de questions à Luhan. S'il juge préférable d'attendre, j'attendrai.
Je pousse un soupir et me dirige doucement vers la salle de danse.
Ils sont tous là, mais je n'ose pas entrer. Enfin, ils sont presque tous là. Jongdae est dans l'autre salle, et un membre manque à l'appel. L'éternel Minseok, qui tourne et retourne dans ma tête depuis tant de temps que j'en ai perdu la notion. Dix membres sur douze, donc. Le groupe de musique EXO, que je n'avais pas revu depuis la disparition soudaine de l'un des leurs, akka mon petit-ami, est maintenant devant moi.
Tao est le premier à me remarquer et arbore une expression désolée, heureuse et surprise à la fois. Il se dirige vers moi et me prend dans ses bras.
-Tu m'as tellement manquée ! Surtout tes pancakes !
-Tu m'étouffes, estomac sur pattes ! Je gémis en rigolant.
-Eho, tout le monde ! La Queen des Pancakes est revenue !
Neuf visages souriants se tournent vers moi, et je souris à mon tour. Ils m'ont tous tellement manqué. Sehun, Luhan, Kris, Tao, Baekhyun, Chanyeol, Suho, Lay, Kyungsoo, Jongin...
On m'assaille de questions, je réponds gentiment, je souris sincèrement après longtemps.
J'aurais souri encore plus fort si Minseok était là.
Luhan a compris, il m'adresse un sourire désolé, et je lui lance un regard doux pour lui dire que ce n'est pas de sa faute. Il s'approche de moi et murmure :
-Attends encore cinq minutes, et peut-être... Peut-être que tout sera réglé.
J'écarquille les yeux. Cinq minutes ! Qu'est-ce qu'il entend par là ?
Le temps se remet à passer lentement, comme sous la pluie.
Je demande à mes amis si je peux me reposer un moment, la pièce commence à tourner un peu... On me conduit dans le seul lit disponible, celui de Minseok.
Seule dans la chambre emplie de son odeur. Je porte un bras tremblant à mon front et me le cogne doucement pour reprendre mes esprits, mais l'odeur de Minseok me consume, tout comme les souvenirs reviennent.
Sa bouche qui s'étirait doucement quand il me souriait, ses yeux qui s'ouvraient grand, très grand à chaque fois qu'il me voyait, sa main puissante et aimante sur ma taille quand on marchait, ses doigts qui caressaient mes épaules, sa respiration constante et chaude, son torse brûlant, ses paroles, ses actes, ses pensées, ses inspirations, ses goûts, ses désirs, les miens... Tout défile dans ma tête et je laisse la pluie rentrer dans sa chambre.
J'entends soudain un silence de mort dans tout l'appartement.
Puis un vacarme du tonnerre.
Ça hurle de bonheur et de colère, ça pleure, ça rigole, ça se tait.
Les actions passent, les secondes s'en vont, je demeure.
Qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'entends tout le monde sortir. Ne me laissez pas là...
Il reste une personne, qui s'approche lentement de la chambre.
La porte s'ouvre et déverse un flot de lumière.
-Les autres m'ont dit que tu étais là...
Voilà ce que voulait dire Luhan, alors...
Minseok est de retour.
J'aimerais parler, mais ma gorge semble être plus étroite que d'habitude.
-Écoute, t'as le droit de me détester si tu veux, je comprendrais...
Mais c'est même pas ça le problème, le problème c'est que j'arrive pas à te détester, j'arrive pas à oublier.
-Tu sais tout ça... Je l'ai jamais souhaité... Mais il y a quelques temps, j'ai reçu un appel... C'était un coup de fil depuis ma famille, en Chine. Il se trouve que des fans avaient découvert où ma famille vivait, et ma mère, mon père, mes frères et sœurs se faisaient harceler. Ma sœur s'est même fait agresser parce qu'elle a refusé de donner mon adresse. J'ai dû y aller en urgence, sans dire quoi que ce soit... Qu'est-ce que les membres auraient pensé de moi, s'ils me savaient incapables de protéger ma propre famille ? Et comment aurais-je pu te garder, toi, mon seul et unique amour à mes côtés si j'étais incapable de te protéger ? Je voulais tant que tu m'oublies... Et que moi aussi. Jongdae m'envoyait des messages tout le temps, je n'y répondais pas, mais il me disait qu'il s'inquiétait, que tu ne sortais plus... Ma famille va mieux maintenant. Et me voilà. Je ne te demande rien. Je voulais simplement que tu saches tout.
Il est maintenant tourné vers le couloir quand il s'arrête.
-Idiot.
-... Quoi ?
Je me lève, la vue un peu brouillée par les larmes que j'ai retenu avec effort et je me jette sur lui, je retrouve la vie que l'on a bâtie ensemble.
-J'ai jamais cessé de t'aimer, idiot !
Je sens la main de Minseok caresser mes cheveux jusqu'à ma nuque et son menton se poser sur ma tête.
C'est fini.
 
Ou plutôt, ça recommence.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Nov 13, 2016 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Jours de pluie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant