L'annonce

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REIMS, 10 mais 1787.

Hèlène prit une grande bouffée d'air pur , elle souleva la tête un peu plus vers le ciel adossée à un arbre . Assise à même la mousse verdâtre les jambes lasses, sa robe mauve relevée laissait apparaître ses bottes de cuir que sa mère avait refusé de lui acheter Pour la dissuader de chevaucher. Pour cause, Hélène était réfractaire à la chevauchée en Amazone ,elle trouvait cette position inconfortable et ridicule . Toutes ces manières l'empêchaient de profiter pleinement de son passe temps favori car le galop était difficile à tenir dans cette posture princière . « Encore un homme derrière tout cela" se disait-elle . Ces hommes soit disant êtres supérieurs toujours à régir le comportement féminin tout en omettant de corriger le leur. Hélène haïssait les hommes . Le mot paraissait exagéré dans la bouche d'une si jolie jeune fille de bonne famille , mais représentait un pléonasme face à l'aversion qu'elle ressentait pour le sexe opposé .

En effet, La cavalière dotée d'une beauté rafraîchissante avec ses long cheveux bouclées tombant en cascade , sa fossette au menton lui configurant un air enfantin , ses yeux marrons foncés plus malicieux que jamais . Elle était grande et élancée d'une allure svelte , il n'y avait pas à dire elle était bien faite .
Physiquement elle avait tout pour plaire comme lui répétait sans cesse sa mère mais son comportement désinvolte ne correspondait pas aux normalités bourgeoises de l'époque . Elle avait reçu l'art de l'éducation pour parfaire les jeunes filles à leur rôle futile d'épouse . Hélène refusait ces contraintes imposées par la société . Les bals , les thés mondains , la confection de napperons et Tout ces genres de minauderies la répugnait. Elle préférait les longues balades à pied en se perdant au travers de la campagne rouennaise , aider François , leur valet , aux travaux plus terre à terre : couper du bois , réparations de menuiseries ... mais de loin son passe-temps préféré était l'équitation . Elle ne se lassait pas de ses promenades interminables à dos de sa belle jument au pelage immaculé . Son père lui avait offert à son quinzième anniversaire et depuis elle ne la quittait plus . Le cheval était destiné à l'abattage car trop sauvage pour le dressage et avait été vendu pour une bouchée de pain . Elle se souvenait encore de ce que son père lui dit ce jour là " tu vois cette jument elle est comme toi pure et sauvage à la fois :majestueusement indomptable " . Pendant deux ans elle persévéra des heures durant chaque jour sans relâche afin de la dresser jusqu'à ce que la jument et elle ne fussent plus qu'une. Elle était d'ailleurs la seule à pouvoir la monter . Hélène passait des heures à prendre soin de son cheval c'était de cette façon qu'elle réussît l'exploit de l'apprivoiser , n'hésitant pas à nettoyer l'écurie Avec ardeur en compagnie de Vauban un jeune écuyer ,autre que le neveu de son valet . Tout deux riaient souvent ensemble faisant fi des classes sociales , au grand dam de sa mère lui répétant quotidiennement de ne pas se mélanger aux classes sociales inférieures évoquant la différence d'éducation alors que la jeune femme savait pertinemment qu'elle redoutait par dessus tout le « Quand dira-t-on ».

Ces fameux ragots dont raffolaient les vautours de la bourgeoisie , chuchotant les uns sur les autres tout en se côtoyant courtoisement . Cette hypocrisie environnante la dégoûtait , d'autant plus qu'elle connaissait très bien toutes les rumeurs les plus folles qui courraient à son sujet . À chaque fois sa mère se mettait dans tout ses états des plus hystériques aux plus mélancoliques , se plaignant au bon Dieu d'avoir une fille si peu reconnaissante de ses efforts pour la placer dans le monde .
De plus ,les domestiques venaient l'informer de ce qui se disait sur elle et par qui . Elle apprît que les plus souriantes étaient les plus langues de vipères . Ce qui faisait évidemment le plus jaser autre que ces manières peu communes était son célibat . 23 ans et toujours pas mariée alors que la plupart se casait à seize ans Avec des hommes de vingts voire trente ans leurs aînés .On lui prêtait bon nombre de liaisons , Tantôt Avec le Boucher , tantôt Avec le boulanger , Avec Vauban certaines mêmes allaient jusqu'à l'accuser d'entretenir une relation extra-conjugale avec leurs maris. Elle s'en fichait à vrai dire elle ne comptait pas se marier . À quoi bon elle serait une mauvaise épouse . Et.Pensait-elle . Peu obéissante et aucunes convenances. Et surtout, aucun homme ne trouvait grâce à ses yeux pour cette place de choix à ses côtés: le mariage serait sans aucun doute un fiasco .

Un mariage d'honneurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant