La maison galante

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Henry marchait nonchalamment à quelques rues juxtaposant la taverne dans laquelle il avait pour habitude de rencontrer son vieil ami. Il faisait arrêter  toujours plus loin sa calèche pour finir à pied la route menant à l'établissement dans les quartiers et la rue Saint-Denis  moins prestigieux qu'il pouvait fréquenter. Cependant en ce lieu moins noble il se sentait plus libéré de la pression sociale de son rang. Afin de ne pas se faire remarquer , il portait une veste sombre  dans un tissu de coton mélangé bon marché lui arrivant mi-cuisse , en dessous une chemise blanche de brocard à la couleur passée avec une culotte bleue nuit tout comme les bas . Quand à ses chaussures usées rachetées  à Paul l'un de ses valets qui fut bien décontenancé par cette proposition. Il avait agrémenté le tout d'un chapeau des plus simples de sa collection. Ce costume qui lui donnait  l'air moins notable n'arrivait pas à le faire passer pour un petit paysan mais il se faisait plus discret. Il arborait cette accoutrement pour sa propre sauvegarde car il ne donnait pas cher de sa peau s'il tombait sur des brigands voulant couper une tête riche à défaut de s'occuper de celle du souverain.

Il poussa la porte lourde de bois de pin de la taverne des Ducanciers  . Bondée de monde en cette fin d'après-midi un peu fraîche , les gens cherchait le réconfort dans la beuverie, tout comme lui . L'alcool coulait en abondance dans une atmosphère chaleureuse dénotant avec la misère environnante. Les ivrognes déjà bien cuvés par leur vin tenaient a peine debout pendant que d'autres chantaient tout en titubant .

Il balaya la salle du regard et reconnut rapidement Luc De Cygne assit dans un coin reculé de la taverne ayant déjà commandé deux verres  de vin . Henry se jeta sur le siège de vieux bois.

_ On commence sans moi l'ami ?

_ Non j'attendais le jeune marié.

_ Aaarg . Quel horreur rien que d'y penser . Dit-il sa mâchoire se crispant .

_ Il y a pire comme punition je trouve . Ria son compagnon .

Ce dernier plus âgé que lui d'une bonne dizaine d'année aimait beaucoup se moquer d'Henry mais toujours avec bienveillance, le considérant comme un  petit frère. D'une famille riche  de commerçants et très puissante il était un libertin un peu trop  décomplexé , pour les nobles traditionnels comme son père qui ne le rejetait pas du à sa proximité avec Versailles mais ne l'acceptait pas dans leurs rang fermé et puritain. Quand bien même beaucoup d'entre- eux s'adonnaient aux plaisirs de la chair mais dans aucunement assumé à l'opposé de Luc qui revendiquait haut et fort son libertinage.

Ils s'étaient connut il y a plusieurs années autour d'une table de jeu Henry ayant bien été dépouillé ce jour Luc lui vint en aide et tout naturellement ils se lièrent d'amitié . Le jeune homme avait un profond respect pour son aîné. Il admirait son caractère confiant et optimiste . Bien qu'étant un proche du Roi ,  il craignait parfois  aussi  pour sa vie car ses mœurs bien libertines pour l'époque ne plaisaient guère à tout le monde . Surtout que le roi pouvait adoré une personne un jour et le lendemain celle-ci pouvait se retrouver dans un cachot au moindre changement d'humeur . Être un favori du Souverain n'était pas gage de longévité é bien au contraire cette exposition donnait lieu à toutes les jalousies.

_ Ne te fais pas prier. Raconte moi tout. Dit il en buvant une gorgé du vin âcre.

_ Il y a peu a dire , je suis marié désormais. Bougonna t-il.

_ Plus de précisons seraient trop demander? Comment est-elle ? Ses yeux brillaient de curiosité avide d'entendre tout les détails alors qu'Henry était venu les oublier jusqu'au dernier .

_ Elle est fine,grande et ... banale . Elle a tout d'une bourgeoise étriquée des conventions c'est à peine si elle ose me regarder , nous nous sommes parlés à peine pour échanger nos vœux et voilà tout. En somme ce qui ne me séduit absolument pas
chez une femme se retrouve dans celle que j'ai été forcé d'épouser. Il but une gorgée comme pour tenter de digérer la situation. La liqueur bon marché vint chauffer sa gorge lui laissant un arrière-goût amer.Ce mariage va être d'un ennui mortel. Se plaint-Il.

Un mariage d'honneurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant