Sakura & Sasuke
Drame, Tragédie
Quand je te regarde bien, quand je remarque enfin, je ne vois qu'une chose : Le noir te va bien.
De ta main libre tu pousses quelques mèches encombrantes hors de ta figure. Tes yeux se détournent de leur fixation pour se poser enfin sur moi. Tu me fais signe d'approcher, et je m'exécute. Oui, car je m'exécute toujours. J'ouvre la portière arrière de ta voiture pour y déposer un sac plein d'affaires. De tes affaires. Celles que tu as oubliées dans ma maison quand tu squattes. Je t'adresse un bonjour amicale et tu me réponds par un grognement presqu'inaudible. Un soupir s'échappe de mes lèvres et tes yeux retombes de nouveau dans les miens. Le noir te va si bien. Tes yeux onyx pénètrent mes entrailles d'un seul coup. Je suis obligé de détourner le regard. Je n'ai aucune emprise sur toi. Et pourtant toi, tu diriges pratiquement ma vie du bout des doigts. Je ne peux décidément rien y faire...
Tu t'en vas, laissant un vide dans mon espace. Tu ne te rends pas compte combien je sombre dans le désespoir avec toi. Combien je sombre dans ton désespoir. Au bout du compte, tu gagnes toujours. Et moi, je perds toujours.
Les ténèbres montent et montent dans mes yeux. Je ne vois plus rien que toi. Tu m'enveloppes d'un nuage sombre et décadent à chaque fois que tu poses le regard sur moi. A chacun de tes mouvements envers moi.
A chaque fois que je te vois, je me dis : le noir te va bien.
Aujourd'hui encore je me suis dit, je t'échapperais cette fois. Le noir de ton regard ne se posera plus sur moi pour m'envouter à ton immondice. Cette fois, je ne laisserais pas ton odeur enivrante pénétrer mes draps encore.
Tu remontes les escaliers menant à mon appartement. Tes cheveux ébène reflètent les terreurs de mes entrailles. Et pourtant ils me font frissonner. L'air est glacial ce soir. Plus sombre que d'habitude, plus sombre que tes yeux. Plus sombre que ton être. Plus noir que la haine elle-même. Cette haine qui me ronge chaque jour, celle que tu as mis en moi. Qui se bas avec l'amour que j'ai pour toi.
Tu rentres dans mon appartement et t'installes sur le canapé. D'un regard tu me dis de m'assoir et encore j'obéis. Penché sur ton téléphone, tu n'ouvres la bouche. Je t'observe longtemps.
Et encore cette fois je me dis : Putain le noir te va si bien. Dix minutes passent, quarante, puis tu lâches ton téléphone dans un juron. C'est maintenant, le moment où tout le noir qui est en toi ce lâche d'un coup. Tu attrapes mes coussins et tu les balances dans le mur. Je t'observe encore. Et toujours. Je sais comment ça va se finir. Je l'ai déjà préparé. Tu cris des paroles que je ne comprends pas, tu arraches tes cheveux. Cette part de toi qui te rend si beau, si resplendissant...
Toute ta haine qui se propage dans tes veines. Ce soir je vais en finir, pour toi, pour moi. Pour nous. Tu t'arrêtes d'un coup, devant mes yeux habitués. Je détourne le regard ne pouvant voir cette colère dans tes yeux.
Un grand soupir envahit la pièce, et tu m'observes. Tu me fais des excuses en balbutiant et tu ramasses mes coussins. Je te souris, car je vais te sauver. Tu n'auras plus cette haine noire qui envahit ton cœur, ni mon cœur.
Comme a chaque fois, tu t'approches et caresses ma cuisse, je te laisse faire. Tout ensuite je ne riposte pas. J'ai longtemps lutté et aujourd'hui j'en ai marre. Aujourd'hui c'est la dernière fois que cela arrive. Je ne te laisserais plus faire entrer cette haine en moi.
De tes longs doigts tu arraches mes vêtements d'un geste dédaigneux. Voilà cette haine qui ressurgit. Je ne crie plus maintenant tu as vu ? Je ne crains plus tes gestes.
Tu m'attrapes de tes mains dures et fortes et me retournes avec violence. Je sens la pression sur mes hanches chauffer et d'un coup tu pénètres en moi toute la haine du monde. Tout ce noir immonde. Toutes ces horribles choses que tu penses. Je me sens déchirer encore et encore mais je ne crie pas. Je ne crierais plus jamais. Tu veux m'entendre crier mais je résiste. C'est fini je t'ai dit. C'est fini.
Tu as tout lâché, et tu te laisses tomber dans le sofa. Me lâchant lentement. Ma transpiration montre ma force, collant mes cheveux rose sur mon front et ma nuque. J'ai résistée, tu as vu ?
Je me lève lentement, j'avance lentement vers le meuble à proximité pour me soutenir.
Dans le tiroir il y a notre paix à tous les deux.
Je l'ouvre, et en sors l'arme à feu. Elle brille à la lumière de la lune à travers la fenêtre. Notre ticket pour nous débarrasser de cette haine noir et sombre au fond de chacun de nous. D'une main je vise ton crane.
Tu ne m'as pas vue, tu t'es assoupi. Comme à chaque fois.
Je t'observe un bon moment, les mains tremblantes. Mais je n'hésite pas, c'est juste la fatigue. Mon doigt sur la détente glisse lentement et un bruit sourd ce fait entendre. Puis un second.
Les deux balles se logent dans ton crane et le sang gicle sur le canapé.
A nouveau je pointe l'arme sur ma tempe. Je soupire. Oui, de soulagement. C'est enfin terminé.
« Le noir te va si bien... mais j'ai toujours préférée le rouge Sasuke. »
Je ferme les yeux, puis appuie sur la détente. Nous sommes libres enfin.