trans soul.

Before.

Cette après-midi là, la jeune fille avait rendez-vous avec quelques-unes de ses amie. Elle avait enfin accepté cette journée "shopping" tant convoitée par les autres filles.

Pas qu'elle détestait ça, non. Cela restait une banale après-midi dans les magasins. Mais le regard des autres, ça, elle appréhendait.

Passant de boutiques en boutiques, la jeune fille restait en retrait.

Elle préférait.

Pendant que deux de ses amies découvraient, avec bonheur et sourire, un petit haut violet, elle préféra se retirer doucement. Et c'est alors qu'elle découvrit ce rayon.

Lentement, ses doigts parcoururent le tissu fin de ce large t-shirt. Elle sourit en le regardant avant de le prendre en main. Devant le miroir, elle regarda son reflet portant ce t-shirt.

Elle l'aimait beaucoup.

- Tu ne compte tout de même pas acheter ça ! S'écria soudainement une de ses amie; la blonde.

- C'est des fringues de mecs, aucune classe, aucun glamour. Renchérit l'autre; la brune.

La jeune fille baissa la tête vers le vêtement en haussant timidement les épaules.
Elle ne voulait pas de cette conversation là.

Bien sûr elle aurait pu juste dire que ça lui était égal. Qu'elle portait ce qu'elle voulait. Mais ça allait au delà de cette simple envie.

Pendant que les deux jeunes adolescentes débattaient sur cette incompréhensible choix, la jeune fille disparaissait.

Lentement, son âme s'effaçait, comme si, petit à petit, elle mourrait.

- Oh mais j'adore ce t-shirt !

Cette voix, sortie de nul part, interrompit les deux commères. Relevant la tête, âme de nouveau là, notre adolescente fixait la petite brunette à bouclettes qui s'était approchée d'elles.

Elle souriait de toutes ses dents en venant caresser à son tour le doux tissu tout en répétant.

- J'adore ce t-shirt. J'achète souvent cette marque, c'est vraiment jolie.

La jeune fille ne savait que dire. Elle regardait cette étrangère comme perdue, fascinée.

La petite brunette à bouclettes était belle. Ses cheveux balayaient sa nuque, frôlant ses épaules. Ses grands yeux noisettes pétillants de joie et son sourire illuminaient son visage. 

Un t-shirt blanc, beaucoup trop grand pour elle, couvrait son corps jusqu'à ses cuisses, et portait un slim noir à trous. De simple basket grise couvraient ses pieds. Elle était belle.

Et sans même prendre attention aux regards de travers que leurs lançaient les deux autres, elle put enfin sourire.

Et c'est ce qu'elle fit, elle lui sourit.

After.

La jeune fille se plaça alors, presque prudemment devant son miroir. Elle se regarda, détailla chaque traits de son visage, fin et si.. féminin.

On ne saurait dire si la colère gagnait la tristesse dans ses yeux, mais un conflit interminable la hantait.

Ses doigts tenaient fébrilement le bout de son large t-shirt. Ils en tremblaient presque.

Comment en était-elle arrivée la.
Est-ce que tout ça en valait réellement la peine.

Comme un souffle d'air frais, le tissu glissa contre sa peau, frissonnante, avant de s'écraser sans bruit sur le carrelage glacé de la salle de bain.

Et, tel l'ombre effrayante de la nuit de notre enfance, l'obscurité couvrit son visage.

Il ne restait rien; rien d'autre que le dégoût et le désespoir de quelqu'un qui ne se reconnaît pas.

Imaginez bien; imaginez que ce que vous voyez dans ce miroir, tout les matins, tout les soirs, ne vous appartienne pas.

Oh oui elle aurait pu hurler, crier à s'en arracher les cordes vocales, cracher toute son âme hors de ce corps, qui semblait être le sien.

Et pourtant, elle ne fit rien.

Elle garda son regard encré dans le sien, se défiant elle-même.

À qui craquera le premier.

Et c'est alors qu'il y eut cette chose. Cette chose à l'intérieur de son corps qui lui murmurait de devenir enfin la personne qu'elle était.

Alors son âme attrapa d'un geste sur le rouleau de bandage qui trainait sur le rebord du lavabo.

Le déroulant comme une mélodie qui glisserait d'entre ses doigts, le long tissu s'enroula autour de cette poitrine.

C'était comme gommer un trait de crayon qui dépassait. Et c'est quand son regarda se rencontra à nouveau dans le reflet de la glace, que pour la première fois, son âme sembla être là.

Et ce fut alors plus rapide.

D'un coup de ciseaux, ses cheveux tombèrent. Et un à un, mèches par mèches. C'était comme se découvrir soit même.

Son cur, celui de son âme, battait.

Il battait comme si il vivait dans sa cage thoracique et c'était enfin vrai. Ses pieds, rapidement couverts, ses jambes, fier de tenir debout, sa tête haute, son regard battant. Son âme gagnante.

Les yeux dans les yeux, admirant son corps, le sien.

Son corps à lui.

Ou tout simplement lui.

Now.

- Et tu es heureux maintenant ?

- Oui,  Je suis heureux.

- On pourrait peut-être dire que tu t'ais enfin retrouvé non ?

- Pas vraiment. Je ne m'étais jamais vraiment vu avant donc c'était.. une découverte.

- Une découverte qui a changée ta vie.

- Qui m'en a offerte une, la bonne cette fois.

- Et cela n'a pas été trop difficile ? Tu sais.. avec tes parents, ton entourage ?

- Un peu.. C'est toujours un peu dur. Ils avaient l'impression que je n'étais plus moi alors que c'était tout le contraire. Je l'étais enfin.

- Mais ils ont fini par l'accepter ?

- la plupart, oui.

- qu'est ce que tu ressens; toi?

- La liberté.

- C'est fantastique. J'ai été ravie de te rencontrer.

- Tout le plaisir est pour moi.

- Oui, pour toi.

*

"Ne pas être né dans le bon corps " n'est pas une expression accepté par tout le monde.

On peut aussi dire que, nous somme ce genre, donc mon corps appartient à ce genre.

Tout un tas de visions peut être découvert. Celle-ci en est une, une parmi tant d'autre.

Il est important de ce sentir Soi-même, être bien et heureux.

Parce que déjà que la vie, c'est de la merde, si on ne peut pas la vivre comme on le souhaite, je ne vois pas l'intérêt.

Que tu sois un garçon, une fille, les deux ou aucun, ça reste et restera toujours toi.