Le lendemain, après plusieurs hésitations, j'appellais Adbi. J'avais encore le papier avec son numéro dans ma pochette. Et nous nous étions donné rendez-vous pour le samedi de la même semaine. Inutile de dire combien je stressais à l'idée de le revoir. Et cette fois-ci en plein jour, et pas dans une chambre d'hôtel. J'avais beaucoup de choses à lui demander . Je voulais lui dire que je n'avais pas arrêté de penser à lui après ce jour là, oui c'était plus fort que moi. Son inaccessibilité, m'avait plus encore attirée. Tant pis s'il me trouverait bizarre. C'était peut-être tôt mais au fond de moi j'attendais de lui plus qu'une nuit...Je voulais essayer!
La terrasse était entièrement occupée par des clients. Ils avaient la vue sur le quai et son canal. La fraîcheur de l'eau du canal mêlée aux rayons de soleil, procuraient un temps doux. De petites péniches étaient à quai. Je portais une combinaison short beige et à motif fleurs à colle bateau, avec des espadrilles noires à talents. Mes cheveux naturels un peu courts bouclés , car la veille j'avais dû les dresser dans des bigoudis. J'entrais dans le restaurant. Il avait ce côté raffiné et marin qui se mariait bien avec la vue de l'extérieur. Mon cœur s'emballa lorsque je l'aperçu assis à une table. J'avais l'impression d'être une ado à son premier rencard. Pendant que j'hésitais entre le rejoindre ou aller prendre l'air, il leva les yeux sur moi. Mon Dieu ce regard! Avec un sourire charmeur il se leva et je le rejoignis en quelques pas. Il portait un haut bleu à manches courtes. Et un jean. Un look simple mais qu'il portait à merveille.
Il me fit une bise. Puis me regarda, une lueur mystérieuse dans ses yeux.-- Je commençais à désespérer. Dit-il d'un ton amusé
--J'ai failli! Rebrousser chemin. Je répondis avec un petit sourire
Il sourit et m'invita à m'assoir.
-- Encore plus belle que dans mes souvenirs. Ils sont bien tes cheveux comme ça.
--Merci. Je répondis embarrassée
Il prenait ma main et avec son pouce, me massa doucement le creux de la main. Ce geste suffit à réveiller des souvenirs, mais je n'étais pas venue pour ça.
-- Ça va ? il me demanda doucement et calmement comme s'il s'adressait à un enfant
-- Je vais bien. Ça a l'air d'aller pour toi.
-- Maintenant que tu es là, oui. J'ai attendu ton appel tout ce temps.
-- Tu es partie sans mot, à part un morceau de papier. Je dis en éloignant ma main
-- Je sais ! J'avais une urgence, alors j'ai dû partir. Et j'ai pris un vol dans l'après midi ce jour là. Il me répondit. Tu veux prendre quelque chose?
Il avait l'air un peu différent de jour. Ou du moins c'était l'impression que j'avais . Car il était encore plus charmant. Et même moins intimidant. Son teint comme bronzé.
Nous commandions deux repas différent et en attendant, prenions des boissons fraîches.
-- Il y a deux ou trois petites choses que j'aimerais savoir. En fait, j'ai tellement de questions!
-- Je t'écoute! Disait-il
-- Que fais tu réellement? Pour partir tout le temps sans rien dire à personne.
Ses mâchoires se cripsèrent un peu et je cru un instant avoir dit une bêtise.
-- Je fais des affaires en agence de voyage. Mais aussi dans l'hôtellerie!
-- Comment ça?
-- Je tiens une agence de voyage et une petite chaîne d'hôtel.
Rien que ça ! Moi je tiens notre salle de bain propre.
Je digèrais la nouvelle. Qui avais-je devant moi?
-- C'est beaucoup de boulot depuis que mon père m'a nommé associé et que je dois maintenant faire la majeure partie du travail. Il va prendre sa retraite bientôt.
-- Je m'y attendais pas. Je disais sincèrement
Il me dit son nom de famille et je manqua de tomber de ma chaise. C'était une famille très connue. Aussi pour les affaires et pour leur fortune importante. Ils possédaient des hôtels dans plusieurs pays et aussi une grande agence de voyage...et Adbiraman de tout son nom était un des héritiers parmi ses deux sœurs.
-- Je viens d'une famille assez différente de la votre. J'ai en partie grandis ici, après l'arrivée de mes parents de Côte d'Ivoire.
Il me sourit.
-- J'aimerai bien y aller un jour.
Nous mangeons et discutions d'autres choses que son immense fortune et de ma famille ordinaire. Il me faisait rire. La conversation entre nous n'était pas ennuyeuse, même lorsqu'il ne s'agissait d'un sujet important.Un peu plus tard, nous quittions le restaurant et marchions à présent le long du quai.
-- Au fait...je commença
Il me regarda
-- Pourquoi tu voulais me revoir? Je croyais que tu n'avais pas d'attache?
Son visage changea un peu. Il s'arrêta et je l'imita. Me prenant la main il dit
-- C'est vrai.
-- Alors pourquoi ? Parce que moi, je m'attache et je ne peux pas imaginer un seul instant que tu disparaisse à nouveau.
Il posa une main sur ma joue et la caresse du pouce. Je redoutais sa réponse.
-- J'ai dis qu'il y avait des exception tu te souviens? Et il ne s'agit pas que d'un endroit. Je peux revenir, parce qu'une personne s'amuse à m'obliger à revenir. À la rechercher pendant des semaines, penser comme un fou à elle et à l'erreur qu'on a commis en partant sans un mot. Et lui faire livrer des fleurs sans être sûr qu'elle répondra. Alors je veux au moins essayer, de revenir pour cette personne.
J'avais les jambes en coton. Un noeud dans le ventre, et des frissons. Ma gorge était tellement nouée que je ne pouvais prononcer un mot.
-- Je n'ai pas arrêté de repenser à toi Maryse. Et ton bavardage ! Alors j'ai demandé auprès de Mélanie et son mari qu'ils me parlent de toi. J'ai pensé à venir a ton boulot mais c'était brusque alors j'ai fais livrer ces fleurs.
Il m'embrassa sur le front. Envoyant des milliers de papillons dans mon corps.
-- Encore des questions madame ?
-- Non. Pour le moment...Il faut que je respire.
Il éclata de rire et me serra contre lui, puis baissa les yeux sur moi
-- Qui sait, tu pourrais peut-être me faire visiter la Côte d'Ivoire. Tu n'a pas pensé à moi?
J'entourais mes bras autour de sa taille.
-- Tu n'as pas idée. Combien de fois je t'ai tué dans mes pensées tellement j'étais en colère contre toi.
--- C'est bon à savoir!Nous marchions mains dans la main. Je flottais sur un petit nuage et comme un enfant sur un manège, je ne voudrais jamais descendre. Les papillons dans le ventre. Et oui même à 24 ans. Et ce n'était que le début...enfin.
Aujourd'hui il est mon mari depuis un an après une année de relation, le père de notre bébé qui ne cesse de grandir en moi. Mes parents ne pouvaient pas être plus heureux pour moi et la famille d' Abdi m'a accueillie les bras ouverts. J'ai su comprendre et je continue à m'adapter à son rythme et lui au mien, à tel point qu'en découvrant ma grossesse Kelly se demandait comment j'avais réussi à tomber enceinte alors que mon mari était entre deux avions cette année. La coquine ! Il trouve toujours du temps pour les autres, pour moi, et il m'arrive à moi aussi de le surprendre là où il va. Je suis sa maison, l'endroit où il revient toujours.
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Le Prince des déserts
ChickLitCertaines personnes ont le don de marquer, de troubler avec rien d'autre qu'un regard. En allant à cette soirée, je n'aurais jamais imaginé que je serais une de ces victimes de ce fameux regard... Droit d'auteur, Tous droits réservés. 🚫 ⛔️🙅🏾pas d...