L'ange de l'abbaye

21 0 0
                                    

J'enfilais mon énorme manteau de velours écarlate, trop épais sur ma peau frêle et ma carrure fragile. J'avais l'air d'une poupée de porcelaine engloutie par ses majestueux habits de princesse.
Au milieu de la nuit je sortais en cachette.
J'avais peur car il n'y avait aucune source de lumière à emporter, la lune était mon seul girofard .
Je ne connaissais aucune direction, je voulais juste marcher dans le seul but d'y perdre l'esprit.
J'arrivai dans un champ. Celui-ci était éclairé par la gigantesque pleine lune dans le ciel, on aurait pu l'effleurer.

Je me laissais aller, profitant de la fraîcheur de la nuit, profitant même de la fraîcheur de la terre humide sous mes pieds car, oui j'avais enlevé mes sabots.
Les centaines de tiges hautes qui me caressaient me donnaient l'impression de me perdre en une multitude de petites parts dans cette nuit claire.
En poursuivant ma ballade, je rejoignis une abbaye en ruine. Je lui trouvais un charme si mystérieux que je ne pu m'empêcher de visiter jusqu'au plus petit caillou qui constituait cette vide bâtisse.

Du bruit se fit entendre. Je crus  apercevoir une ombre se faufiler entre les colonnes de pierre.
J'étais certaine de ne pas être seule, et pour en être certaine, je fis comme si je n'avais rien remarqué et continuai ma visite.
En effet, cette chose si je puis dire, me suivait. Je sentais sa présence, cela se déplaçait.
Quand soudain, par un jeu de lumière, j'aperçus un visage furtivement éclairé par la lumière de la lune. Ses yeux clairs me transperçaient comme une dague. Je n'osai pas bouger. Alors il s'avança vers moi dans ses habits de chevalier. Son visage était fin et charmant. Ses cheveux bouclés et ses yeux veyrons lui donnaient tous les airs d'un homme chaleureux et sage.  Il était grand et mince et son regard était si assuré qu'il me paraissait que rien ne pouvait le déstabiliser.

- Grâce soit rendue au Très-Haut de m'avoir permis de croiser votre chemin, commença-t-il. Permettez moi de me présenter, je suis le chevalier de Saint-Bonheur.
Il me fit la révérence. Cependant je demeurai muette.

- Avez-vous perdu votre langue ? Me demanda-t-il en laissant échapper un petit rire. Comme ses yeux rieurs me mettaient en confiance, je me décidai à parler.

- Je suis confuse... Je me croyais seule.

- C'est assez déconcertant je vous l'accorde ! Il ria de nouveau.
J'éprouvais une sorte d'appréhension vis à vis de son attitude, de sa façon d'être. Il était si détendu, pourtant le cadre de notre rencontre n'inspire que crainte et méfiance.
Mais ce qu'il dégageait m'incitait à me mettre en confiance.

- Que faites vous par ici ? Êtes vous des environs ? lui demandai-je.

- Je demeure à quelques lieues d'ici me confia-t-il. Mais j'aime me balader de nuit dans cette vieille abbaye. Elle est si ancienne que chacun de ses murs semblent conter les histoire d'une époque révolue...

- Oh comme c'est surprenant ! Nous partageons le même sentiment .

- Pourtant vous ne semblez pas d'ici, me fit-il remarquer.

- C'est vrai. Je me suis envolée de chez moi comme je ne le fais jamais.

- Quelques fois l'aspiration à une liberté incomprise nous mène si loin...

Sa façon de regarder si profondément en moi me donnait cette sensation d'être un livre ouvert qu'il pouvait parfaitement décrypter.

- Avez vous pris le temps d'observer la lune ? reprit-il pour couper le silence.

- Oui, elle éclaire le champ comme mille bougies d'argent c'est très beau.

- Quelle jolie métaphore ! Je connais un endroit où vous pourriez libérer cette âme de poète en vous .

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jan 30, 2019 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

L'ange de l'abbayeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant