Boulevard of broken dreams

wake me up when september ends

« Tu me comprends, n'est-ce pas ?

- Oui, maman.

- C'est pas comme si je voulais vraiment le faire, mais il ne m'en a pas laissé le choix.

- Je sais, maman. Je serai toujours là pour toi, je te comprends. »

Était-ce mal de mentir ? Mes sentiments étaient trop incertains, trop mélangés, trop différents. Relevant la tête, mes yeux se plongèrent dans les siens et ce fut à ce moment précis que je sus ce que je devais faire. Ma mère avait besoin de moi à ses côtés, je devais la protéger de tout ce qui pourrait lui faire du mal. Mais étais-je vraiment heureux ? La pensée me frôla mais je décidai rapidement de l'oublier, de la taire. Ce n'était pas le moment d'être égoïste, de vouloir se mettre en avant. Des sanglots commencèrent à se faire entendre, et automatiquement, tel un robot sans âme, je passai mes bras autour de son cou et enfoui son visage dans ma poitrine, la réconfortant tout en lui caressant tendrement les cheveux. Je ne savais pas quoi faire, ni quoi dire. Je me retenais de pleurer, moi aussi. La dure réalité commençait peu à peu à m'atteindre, et j'avais mal, mal, tellement mal...

►◄

« Votre fils est de moins en moins attentif en cours, ses notes chutent et je ne comprends pas pourquoi. Taehyung a toujours été très attentif et assidu en cours, alors...

- Sa mère et moi sommes en plein divorce, donc peut-être que...

- Oh, je vois. Tu aurais dû me le dire, Taehyung, j'aurais compris. »

Mon professeur et mon père continuaient de parler, toutes tensions envolées pour eux mais pas pour moi. La tête baissée, j'avais honte. Je ne voulais pas qu'il sache. Que tout le monde sache. Serrant les poings, je priais pour que les larmes ne coulent pas, un poids soudain dans la poitrine. Ça ne regardait personne, personne à part moi et mes parents. Eux qui semblaient accepter la situation comme s'ils n'avaient attendu que ça, et malgré ma tentative de vivre comme si rien de tout ça n'était vrai, je savais au plus profond de moi que l'amour n'était plus là.

►◄

« Tu vas rester chez ton père quelques temps, pendant qu'on emménage dans la nouvelle maison et qu'on installe tout. Tu vas me manquer.

- Toi aussi, maman.

- Maintenant, c'est juste toi et moi, plus personne ne nous brisera. »

Je me rappelais de cette conversation avec ma mère comme si elle datait de la veille. C'était comme une espèce de souvenir, vague et incohérent, me hantant à chaque moment de silence dans ma vie. Ces quelques mois passés chez mon père avaient été rapides, lui étant absent la journée et moi aussi, nos soirées n'étant que quelques heures passées ensemble devant des télé-réalités poubelles en tout genre. On riait. Mais pas comme avant. Et enfin était venu la jour où je devais partir chez ma mère.

« Je ne sais pas ce qu'elle lui a raconté, mais je crois qu'il me pense coupable de tout ça. Elle a dû lui monter la tête, déjà qu'elle lui pique son argent, alors maintenant que j'suis plus là... Ouais, on fait avec, je n'ai même pas mon mot à dire... après tout, mon fils a toujours préféré sa mère à moi. »

J'avais toujours pris mon père pour un mec sans cœur, qui pouvait passer du rire aux larmes, des sourires aux colères. Je ne pensais pas qu'il était aussi malheureux. Qu'il m'en voulait autant, qu'il pensait que ma propre mère m'utilisait alors que je prenais mes propres décisions. J'avais la rage, j'étais triste, alors j'étais repartis dans ma chambre, arrêtant d'écouter cette conversation téléphonique privée entre deux frères. Cachée dans mes couettes, les larmes coulant le long de mes joues, je ne cessais de me répéter que tout était de ma faute, encore et encore. Ma faute, ma faute, ma faute... Mon père avait frappé à ma porte, me demandant si j'avais faim, je lui avais répondu que non, que j'étais fatiguée, que j'avais la tête qui tournait, et que je voulais dormir. Et pour la première fois, je m'étais surpris à me demander ce que cela ferait si je ne me réveillais pas le lendemain.