Chapitre 1

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Le soleil se lève lentement sur l'Allemagne entraînant doucement l'effervescence de Berlin. Les gens se réveillent, s'activent pour aller à leur travail, déambulent dans les rues, tandis que les voitures circulent de plus en plus sur les routes, provoquant les premiers embouteillages. Au même moment, dans un célèbre et luxueux hôtel de la capitale, l'effervescence a commencé depuis longtemps déjà. Cela a débuté avec les employés qui n'ont pas arrêté de travailler durant la nuit et maintenant ce sont les clients qui pullulent dans les différentes salles et couloirs et qui font vivre l'établissement. Et parmi tous ces clients il y a un homme excentrique, qui se remarque de loin et qui est ce que l'on appelle un androgyne. Sa silhouette longiligne, ses cheveux couleur corbeau, ses yeux chocolat cernés de maquillage noir et sa garde-robe faite autant de vêtements pour femme que pour homme l'élève au rang de modèle pour certains créateurs de mode et d'icône pour les adolescentes. Il est un fantasme vivant qui s'amuse parfois à charmer les demoiselles lors des émissions de télévision ou lors des concerts avec des regards appuyés et langoureux. Qu'on le connaisse ou non, il soulève forcément quelque chose d'unique. Avec son charisme improbable, son physique qui fait fondre les jeunes filles et sa popularité toujours plus grande, il rend tous les autres artistes jaloux. Tout le monde l'envie dans le monde de la musique, et même au-delà. Son nom ? Bill Kaulitz Trümper. Kaulitz de sa mère, Trümper de son beau-père. C'est le chanteur d'un des plus grands groupes du pays, LA star que le monde s'arrache pour chaque show afin d'être sûr d'avoir une bonne audience, donc une bonne recette. La vedette est installée dans l'hôtel depuis la veille pour répondre à une quantité d'interviews impressionnantes, comme depuis qu'elle est connue, c'est-à-dire depuis un peu plus de six ans.

« Bill ! Dépêche-toi ! T'as dix minutes de retard sur l'horaire ! »

Le dénommé Bill termine son gobelet de café d'une traite avant de le jeter d'un geste vif dans la corbeille à ses côtés. Il passe ensuite ses mains dans ses cheveux pour les remettre à peu près correctement. Sa Rolex en or affiche dix heures quarante-deux et alors qu'il devrait être en pleine interview, il est là, à râler contre son emploi du temps trop chargé. Il avance dans le couloir en continuant de maugréer contre cette vie à mille kilomètres par heure qui le bouffe complètement. Il est épuisé par tout cela mais que peut-il dire ? Il l'a voulu, il doit l'assumer.

Il passe la porte, serre sans envie la main du journaliste qui l'attend depuis plus de dix minutes dans ce luxueux salon d'hôtel puis s'assoit lourdement sur l'un des canapés rembourrés rouge écarlate. Un homme installé à la porte se permet d'informer le journaliste qu'il n'a droit qu'à un petit quart d'heure d'entretien, pas plus. La star a d'autres choses de prévues. L'attachée de presse se fait discrète en s'asseyant près de la fenêtre mais en écoutant attentivement tout ce qui va se dire. Pas de sujets sensibles, pas de polémiques, pas d'embrouilles. Si un sujet interdit arrive dans l'interview, elle mettra son veto et demandera au journaliste de partir.

« Bon, on peut commencer, annonce l'homme trentenaire en ouvrant son stylo pour le poser sur son bloc-notes. Alors, vous êtes en ce moment loin des médias pour produire un nouvel album, comment se passe cette vie loin des caméras ? Ce n'est pas trop difficile de se retirer comme ça du devant de la scène ? »

Le jeune Bill inspire grandement en levant les yeux au ciel. Décidément, il a beau faire cela depuis des années, la répétitivité des questions l'embêtera toujours. Il vient juste de quitter une journaliste d'un autre magazine où la question était la même mot pour mot. À croire qu'ils se concertent pour tous demander les mêmes choses inlassablement.

« Ce n'est pas évident, c'est vrai. La scène, le public... tout ça est très intéressant et on vit pour ça mais il faut bien se renouveler. On ne peut pas jouer éternellement les mêmes chansons. C'est nécessaire de se retirer comme ça. Ça nous fait du bien de décrocher un peu pour se reposer et penser à notre vie privée.

Destination : LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant