Le "Devil Land"

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Dans ce monde il y a deux types de personnes : les gens bien, et les gens mauvais. Il n'y a pas un type de personne que l'on qualifie de neutre ou de bonne et mauvaise à la fois. On peut sinon dire qu'il y a les personnes qui mènent une vie plein de surprises et d'événements quelconque (passionnants ou non) et les personne dont la vie n'est faites que d'un rien immense et frustrant j'imagine. Tulyo lui est de la deuxième catégorie de personnes quant à la vie qu'il mène, mais ils est quelqu'un de bien. Il travaille dans une grande entreprise de téléphonie connue sous le nom original de "RedCom". En réalité il est concierge du bâtiment phare de l'entreprise et il est un très bon concierge. Il n'a ni femme ni enfants, aucune attache féminine et aucune attache familiale. Ses parents l'ont complètement oublié disons, ses frères Tommy et Billy ne lui adressent plus la parole depuis que Billy a gagné au loto à côté de son frère. Ils vivent quelque part entre la gloire et le mépris dans un patelin qu'on appelle la richesse. Bref Tulyo est le seul de la famille qui gagne sa vie tout seul comme un grand, il vit dans un appartement trois pièces depuis 15 ans, dans un village du sud de la France. Il rêve de voitures américaines toutes les nuits, il en rêve depuis tout petit mais n'a jamais eu les moyens de réaliser se rêve. Tout les matins il se lève à 9h00 sans exception et se rend sur son lieu de travail (à 1h de voiture de chez lui) aux alentours de 18h jusqu'à environ 22h, heures à laquelle il repart pour s'arrêter dans le même bar qu'à chaque fois, le "Devil Land", il y boit une bière, chaque fois une bonne Guinness pression, puis repart et arrive chez lui vers 23h30 parfois 23h45. Voilà comment s'organise la vie de Tulyo, qui pense être heureux de vivre comme ça. Il écoute les piliers de bar raconter leurs histoires débiles et souvent sans aucun intérêt, il y réfléchit parfois et se dit que ces gens sont bien plus passionnants que lui. Il a raison.
Ce vendredi où il a décidé de prendre une deuxième bière n'était pas comme les autres. Il était différent et ça il le savait depuis son réveil. Effectivement il avait 10 minutes de retard au réveil, chose qui n'était jamais arrivé, puis son patron lui avait adressé la parole pour la première fois depuis 15 ans de service, alors il savait que cette journée était différente. Donc sa deuxième bière lui a offert la possibilité d'écouter plus longuement une discussion tenue par les piliers de bar habituels, une discussion plus intéressante et plus folle que les autres. Un homme, qu'il n'avait jamais vu, racontait sa rencontre avec le Diable en personne. Tout le monde l'écoutait et le croyait visiblement, mais Tulyo se concentrait sur le conteur et trouvait que quelque chose de profondément mauvais émanait de cet homme. Il n'était pourtant qu'un homme alcoolisé racontant une histoire folle, sans queue ni tête, à d'autres fous sous alcool. Il fini sa bière et s'en alla aussi vite que le corps humain le permet, à croire qu'il venait d'être piqué par un frelon. Dans sa voiture il écoutait le même album que ces derniers 3 mois, mais cette fois sans vraiment faire attention à la musique. Il réfléchissait à cet homme et son manque de bon sens. Il pensait à cette précision tout au long du récit de la rencontre d'un homme avec le diable. Il trouvait le personnage mauvais, fascinant et méprisable à la fois. Il arrivait chez lui en songeant à la bêtise inouïe des autres auditeurs de cette chronique morbide et en était anormalement attristé. Il se couchait sur cette pensée, s'endormant presque aussitôt.
Cette journée est importante dans la vie de Tulyo, elle est décisive même. Il n'a fait le lien que très tard entre cette journée et le reste de sa vie, peut-être même trop tard, mais aujourd'hui il est conscient de choses dont il n'aurait jamais pris conscience sans cette deuxième bière.
Le téléphone sonnait dans la pièce qui lui servait de salon.

Le diable est moiWhere stories live. Discover now