La Femme

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Yemma, tu es la deuxième femme de ma vie. Oui, la deuxième. Pardon si je te blesse en te disant ça. Mais tu sais pourquoi je le dis. Et même si tu prétend le contraire, tu sais que cette raison est justifiée. Mais ce n'est pas un concours de celle qui sera à la première place, parce que dans ce cas là yemma c'est toi qui l'occupe et de loin. Yemma, je ne compte plus le nombre de fois où j'ai vu les larmes couler de tes yeux. Ces petits yeux verts fatigués, qui montre la fatigue de ton corps, et de ton cœur.

Yemma toute te vie durant (ou plutôt, toute ma vie durant) tu t'es battue pour que les gens me respecte. Pour qu'ils comprennent que le batârd que je suis est une personne qui n'a pas eu de chance. Que Allah avait décidé pour moi cette vie la longtemps avant ma naissance. Mais tu connais les arabes yemma, langue de vipère, et poison de scorpion. Leurs mots ne sont que haine et jalousie, et leurs gestes ne sont que trahison et fourberie. Mais jamais, non yemma, Dieu t'en est témoin, jamais tu n'as regretté de m'avoir adopté. J'étais le soleil de ta vie, et même si parfois je faisais pleuvoir des orages sur ta tête, tu as toujours agis pour le mieux avec moi, tu t'es dressée contre ceux qui voulaient ma chute.

Yemma durant 23 ans de ta vie, tu as arrêté de t'occuper de toi, pour prendre soin de moi. Mon dieu qu'ils sont rares ces moments où tu te faisais belle pour sortir, mon Dieu qu'ils sont rares tes instants de détente. Entre un fils pour qui tu t'inquiétais, un mari qui parfois te faisais regretter de l'avoir épousé, et la maladie qui te rongeais, tu trouvais pourtant toujours du temps pour moi, pour me soigner quand j'étais malade, pour m'aider quand je n'y arrivais pas, et pour m'apprendre lorsque je ne connaissais pas.

Yemma, qu'ils sont rares nos moments à nous. Ces moments simples où l'ont riais, où l'on ne se souciait pas du futur. Yemma tu n'aurais voulu que je ne grandisse jamais, que les années ne me fassent pas vieillir au point d'un jour devoir te quitter pour vivre ma vie d'homme. Mais c'est ainsi qu'il faut faire, le petit grandi et devient un homme, l'idiot devient sage et le sage devient silencieux. Yemma tu m'as tout appris pour que je sache me débrouiller. De la cuisine au ménage, en passant par l'accueil des invités. Comme si tu savais que tu partirais avant que je ne puisse me marier. Tu m'as appris tout ce que je devais savoir pour être un Homme, oui un Homme, un vrai avec des valeurs et des principes, que j'ai parfois bafoués -idioties, ou erreurs de jeunesse- pour des personnes qui ne le méritaient pas. Mais il y a une chose que tu ne m'as jamais apprise, parce cette chose c'est à chaque personne de l'apprendre seule. Yemma tu ne m'as jamais appris a vivre sans toi.

Lettre à ma mèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant